[26] (3) Ἴδιον δὲ τοῦ Σόλωνος ἡ τῶν χρεῶν ἄνεσις, ᾗ
μάλιστα τὴν ἐλευθερίαν ἐβεβαίωσε τοῖς πολίταις. οὐδὲν
γὰρ ὄφελος νόμων ἰσότητα παρεχόντων, ἣν ἀφαιρεῖται
τὰ χρέα τοὺς πένητας, ἀλλ´ ὅπου μάλιστα χρῆσθαι τῇ
ἐλευθερίᾳ δοκοῦσι, δουλεύουσι μάλιστα τοῖς πλουσίοις,
ἐν τῷ δικάζειν καὶ ἄρχειν καὶ λέγειν ἐπιταττόμενοι καὶ
ὑπηρετοῦντες. τούτου δὲ μεῖζον, ὅτι πάσῃ χρεῶν ἀποκοπῇ
στάσεως ἑπομένης, ἐκείνῃ μόνῃ καθάπερ φαρμάκῳ
παραβόλῳ μέν, ἰσχυρῷ δὲ χρησάμενος, εὐκαίρως καὶ τὴν
οὖσαν στάσιν ἔλυσε, τῇ περὶ αὐτὸν ἀρετῇ καὶ δόξῃ τῆς
τοῦ πράγματος ἀδοξίας καὶ διαβολῆς περιγενόμενος.
Τῆς δ´ ὅλης πολιτείας τῇ μὲν ἀρχῇ λαμπρότερος ὁ
Σόλων· ἡγήσατο γὰρ καὶ οὐκ ἠκολούθησε, καὶ καθ´ αὑτόν,
οὐ μεθ´ ἑτέρων, ἔπραξε τὰ πλεῖστα καὶ μέγιστα
τῶν κοινῶν. τῷ τέλει δ´ ἅτερος εὐτυχὴς καὶ ζηλωτός·
τὴν μὲν γὰρ Σόλωνος πολιτείαν αὐτὸς ἐπεῖδε Σόλων καταλυθεῖσαν,
ἡ δὲ Ποπλικόλα μέχρι τῶν ἐμφυλίων πολέμων
διεφύλαξεν ἐν κόσμῳ τὴν πόλιν. ὁ μὲν γὰρ ἅμα τῷ
θέσθαι τοὺς νόμους ἀπολιπὼν ἐν γράμμασι καὶ ξύλοις
ἐρήμους τοῦ βοηθοῦντος, ᾤχετ´ ἀπιὼν ἐκ τῶν Ἀθηνῶν,
ὁ δὲ μένων καὶ ἄρχων καὶ πολιτευόμενος ἵδρυσε καὶ
κατέστησεν εἰς ἀσφαλὲς τὴν πολιτείαν. ἔτι δ´ ἐκείνῳ μὲν
οὐδὲ μέλλοντα κωλῦσαι προαισθομένῳ Πεισίστρατον
ὑπῆρξεν, ἀλλ´ ἡττήθη συνισταμένης τῆς τυραννίδος·
οὗτος δὲ βασιλείαν ἰσχύουσαν ἐκ πολλῶν ἤδη χρόνων
καὶ κρατοῦσαν ἐξέβαλε καὶ κατέλυσεν, ἀρετὴν μὲν
ἴσην καὶ προαίρεσιν ὁμοίαν παρασχόμενος, τύχῃ
δὲ καὶ δυνάμει τελεσιουργῷ πρὸς τῇ ἀρετῇ χρησάμενος.
| [26] (3) Mais l'oeuvre propre à Solon est la remise des
dettes, la mesure qui contribua le plus à l'affermissement
de la liberté des citoyens. Car il ne servait de rien que les
lois donnassent l'égalité, si les dettes l'ôtaient aux pauvres,
et si, dans les domaines où la liberté s'exerçait davantage,
ils subissaient plus qu'ailleurs la domination des riches,
étant leurs subordonnés et leurs esclaves en ce qui
concernait la justice, la souveraineté et la parole publique.
Un titre de gloire supérieur, c'est que, toute abolition
de dettes entraînant d'ordinaire une révolution, celle-là
seule fut un remède audacieux, mais efficace, dont il se
servit pour mettre fin à la sédition existante. Il triompha
donc, par son mérite et son prestige personnels, du
discrédit et du mauvais renom de la chose. Pour l'ensemble
de la carrière politique, le gouvernement de Solon fut
le plus brillant des deux; car il dirigea au lieu de suivre,
et c'est par lui-même, sans collaborateurs, qu'il accomplit
la plupart de ses réformes, et les plus grandes; mais
quant à la fin, Publicola est heureux et digne d'envie.
Car la constitution de Solon, lui-même la vit abrogée;
mais celle de Publicola maintint l'ordre dans l'État
jusqu'aux guerres civiles. C'est que l'un, en établissant
ses lois, les laissa gravées sur des tablettes de bois, sans
personne pour leur prêter main-forte; et il partit ainsi
d'Athènes. L'autre, restant sur place, à la tête du pouvoir
et des affaires, affermit. son régime et le consolida. De
plus, Solon ne parvint pas même à empêcher l'avènement
de Pisistrate, qu'il pressentait; il eut le dessous, et
la tyrannie s'établit. Publicola, bien que la royauté fût
en vigueur depuis longtemps déjà et dominât absolument,
la supprima et l'anéantit. Il montra donc autant de
mérite et de résolution que Solon; mais; de plus, il mit
sa chance et son énergie efficace au service de sa vertu.
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