| [25] (2) Οὕτω μὲν ὁ Σόλων κεκόσμηκε τὸν Ποπλικόλαν,
 τὸν Σόλωνα δ´ αὖ πάλιν ἐκεῖνος, ἐν τῇ πολιτείᾳ παραδειγμάτων
 κάλλιστον ἀνδρὶ κοσμοῦντι δημοκρατίαν θέμενος·
 τῆς μὲν γὰρ ἀρχῆς τὸν ὄγκον ἀφελών, εὐμενῆ
 πᾶσι καὶ ἄλυπον κατέστησε, νόμοις δὲ πολλοῖς ἐχρήσατο
 τῶν ἐκείνου. καὶ γὰρ ἀρχόντων καταστάσεως κυρίους
 ἐποίησε τοὺς πολλούς, καὶ τοῖς φεύγουσι δίκην
 ἐπικαλεῖσθαι τὸν δῆμον, ὥσπερ ὁ Σόλων τοὺς δικαστάς,
 ἔδωκε, καὶ βουλὴν μὲν ἑτέραν οὐκ ἐποίησεν ὥσπερ ὁ
 Σόλων, τὴν δ´ οὖσαν ηὔξησεν ἀριθμῷ μικροῦ διπλασιάσας,
 ἥ τε τῶν ταμιῶν ἐπὶ τοῖς χρήμασι κατάστασις
 ἐκεῖθεν ἦλθεν, ὅπως ὁ ἄρχων μήτ´, εἰ χρηστός ἐστιν,
 ἀσχολίαν ἔχῃ πρὸς τὰ μείζω, μήτ´ εἰ φαῦλος, ἀφορμὰς
 τοῦ ἀδικεῖν μᾶλλον, καὶ τῶν πράξεων καὶ τῶν χρημάτων
 κύριος γενόμενος.
 Τὸ δὲ μισοτύραννον ἐν τῷ Ποπλικόλᾳ σφοδρότερον.
 εἰ γάρ τις ἐπιχειροίη τυραννεῖν, ὁ μὲν ἁλόντι τὴν δίκην
 ἐπιτίθησιν, ὁ δὲ καὶ πρὸ τῆς κρίσεως ἀνελεῖν δίδωσι.
 σεμνυνομένου δὲ τοῦ Σόλωνος ὀρθῶς καὶ δικαίως, ὅτι
 καὶ τῶν πραγμάτων αὐτῷ διδόντων τυραννεῖν καὶ τῶν
 πολιτῶν οὐκ ἀκουσίως δεχομένων ἀπεῖπεν, οὐχ ἧττον
 ὑπάρχει καλὸν τῷ Ποπλικόλᾳ τὸ λαβόντα τυραννικὴν
 ἀρχὴν ποιῆσαι δημοτικωτέραν, καὶ μηδ´ οἷς ἐξῆν ἔχοντα
 χρήσασθαι. καὶ τοῦτο δ´ ἔοικε συνιδεῖν πρότερος ὁ Σόλων, 
 ὅτι ‘δῆμος
 ὧδ´ ἂν ἄριστα σὺν ἡγεμόνεσσιν ἕποιτο,
 μήτε λίην ἀνεθεὶς μήτε πιεζόμενος’.
 
 | [25] (2) Voilà comment Solon a loué Publicola; mais à 
son tour le grand citoyen a rendu hommage à Solon par 
sa vie politique. Il l'a pris pour modèle incomparable 
dans l'organisation d'une démocratie; car, en ôtant le 
faste de l'autorité, il l'a rendue agréable à tous et incapable 
de peiner personne. Il a aussi appliqué plusieurs 
lois de son devancier. En effet, il a remis à la classe 
nombreuse la nomination des magistrats, et il a permis 
aux accusés de faire appel au peuple, comme Solon de 
faire appel aux juges. Il n'a pas établi un autre Sénat, 
comme Solon, mais il a presque doublé celui qui existait 
déjà. L'institution des questeurs dans l'ordre financier 
avait pour but d'empêcher que le général, s'il était 
consciencieux, ne manquât de temps pour les grandes 
affaires et, s'il était malhonnête, n'eût davantage occasion 
de prévariquer, étant maître à la fois des opérations 
et des fonds. Quant à la haine des tyrans, elle était plus
forte chez Publicola. Car si quelqu'un entreprenait 
d'exercer la tyrannie, Solon fixe son châtiment une fois 
qu'on l'a pris sur le fait; mais l'autre autorise à le tuer 
même sans jugement. Solon se vante avec raison et à 
juste titre, quand les circonstances lui permettaient d'être 
tyran et que les citoyens auraient volontiers accepté sa 
domination, de s'y être refusé. Mais il n'est pas moins 
beau, pour Publicola, quand il avait reçu de son prédécesseur 
un pouvoir tyrannique, de l'avoir rendu populaire, 
et, en l'exerçant, d'être resté en deçà de ses droits. 
Voilà ce que semble avoir le premier pressenti Solon, en 
disant que le peuple « suivrait mieux ses chefs, s'il n'était 
ni trop relâché, ni trop opprimé. »
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