[24] (1) Ἆρ´ οὖν ἴδιόν τι περὶ ταύτην τὴν σύγκρισιν
ὑπάρχει καὶ μὴ πάνυ συμβεβηκὸς ἑτέρᾳ τῶν ἀναγεγραμμένων,
τὸν ἕτερον μιμητὴν γεγονέναι τοῦ ἑτέρου, τὸν
ἕτερον δὲ μάρτυν; ὅρα γάρ, ἣν Σόλων ἐξήνεγκε περὶ
εὐδαιμονίας ἀπόφασιν πρὸς Κροῖσον, ὡς Ποπλικόλᾳ μᾶλλον
ἢ Τέλλῳ προσήκει. Τέλλου μὲν γάρ, ὃν εἶπε γεγονέναι
μακαριώτατον δι´ εὐποτμίαν καὶ ἀρετὴν καὶ εὐτεκνίαν,
οὐδ´ αὐτὸς ἐν τοῖς ποιήμασιν ὡς ἀνδρὸς ἀγαθοῦ
λόγον ἔσχεν, οὐδὲ παῖδες οὐδ´ ἀρχή τις εἰς δόξαν
ἦλθεν· Ποπλικόλας δὲ καὶ ζῶν ἐπρώτευσε δυνάμει καὶ
δόξῃ δι´ ἀρετὴν Ῥωμαίων, καὶ τεθνηκότος ἐν τοῖς ἐπιφανεστάτοις
γένεσι καὶ στέμμασιν ἔτι καὶ καθ´ ἡμᾶς
Ποπλικόλαι καὶ Μεσσάλαι καὶ Οὐαλέριοι δι´ ἐτῶν ἑξακοσίων
τῆς εὐγενείας τὴν δόξαν ἀναφέρουσι. καὶ Τέλλος
μὲν ὑπὸ τῶν πολεμίων ὡς ἀνὴρ ἀγαθὸς ἐν τάξει μένων
καὶ μαχόμενος κατέστρεψε· Ποπλικόλας δὲ τοὺς μὲν πολεμίους
ἀποκτείνας, ὃ τοῦ πεσεῖν εὐτυχέστερόν ἐστι, τὴν
δὲ πατρίδα νικῶσαν ἐπιδὼν δι´ αὑτὸν ἄρχοντα καὶ στρατηγοῦντα,
τιμηθεὶς δὲ καὶ θριαμβεύσας, ἔτυχε τῆς ζηλουμένης
ὑπὸ Σόλωνος καὶ μακαριζομένης τελευτῆς. ἔτι
τοίνυν, οἷς πρὸς Μίμνερμον ἀντειπὼν περὶ χρόνου ζωῆς
ἐπιπεφώνηκε,
μηδέ μοι ἄκλαυστος θάνατος μόλοι, ἀλλὰ φίλοισι
ποιήσαιμι θανὼν ἄλγεα καὶ στοναχάς,
εὐδαίμονα τὸν Ποπλικόλαν ἄνδρα ποιεῖ. τελευτήσας γὰρ
οὐ φίλοις οὐδ´ οἰκείοις μόνον, ἀλλὰ καὶ τῇ πόλει πάσῃ,
μυριάσι πολλαῖς, δάκρυα καὶ πόθον καὶ κατήφειαν ἐφ´
αὑτῷ παρέσχεν· αἱ γὰρ Ῥωμαίων γυναῖκες ἐπένθησαν
αὐτόν, ὥσπερ υἱὸν ἢ ἀδελφὸν ἢ πατέρα κοινὸν ἀποβαλοῦσαι.
‘χρήματα δ´ ἱμείρειν μὲν ἔχειν’ φησὶν ὁ Σόλων,
‘ἀδίκως δὲ πεπᾶσθαι οὐκ ἐθέλειν’, ὡς
δίκης ἐπιούσης· Ποπλικόλᾳ δ´ ὑπῆρχεν οὐ μόνον μὴ
κακῶς πλουτεῖν, ἀλλὰ καὶ καλῶς ἀναλίσκειν εὖ ποιοῦντι
τοὺς δεομένους. ὥστ´ εἰ σοφώτατος ἁπάντων ὁ Σόλων,
εὐδαιμονέστατος ὁ Ποπλικόλας. ἃ γὰρ εὔξατο τῶν ἀγαθῶν
ἐκεῖνος ὡς κάλλιστα καὶ μέγιστα, ταῦτα καὶ κτήσασθαι
Ποπλικόλᾳ καὶ φυλάξαι χρωμένῳ μέχρι τέλους
ὑπῆρξεν.
| [24] PARALLÈLE ENTRE SOLON ET PUBLICOLA.
(1) Ce parallèle n'offre-t-il pas une particularité qui ne
se rencontre absolument dans aucun de ceux que nous
avons composés? L'un des deux personnages a été
l'imitateur de l'autre, qui, à son tour, lui a rendu témoignage.
Il faut le constater, en effet : la réflexion que
Solon fit à Crésus sur le bonheur s'applique à Publicola
plutôt qu'à Tellos. Car ce Tellos qui, d'après lui, était le
plus heureux des hommes par sa chance, son mérite et
les qualités de ses enfants, Solon lui-même, dans ses
poèmes, n'en a pas tenu compte comme d'un brave;
et ni les fils de Tellos, ni une magistrature qu'il aurait
exercée n'ont laissé de souvenirs glorieux. Publicola, au
contraire, a été, de son vivant, le premier des Romains
en puissance et en réputation, grâce à son mérite; et,
depuis sa mort, on compte encore de notre temps parmi
les familles et les lignées les plus en vue les Publicola,
les Messala et les Valérius, qui, au bout de six cents ans,
font encore remonter à lui l'illustration de leur noblesse.
Tellos mourut à l'ennemi, pendant qu'il résistait et
combattait à son poste en soldat courageux; Publicola
tua les ennemis, sort plus heureux que de tomber sous
leurs coups, vit sa patrie victorieuse grâce à son action
personnelle de chef et de général, obtint, entre autres
honneurs, le triomphe, et sa carrière eut la fin que Solon
enviait comme le comble de la félicité. De plus, le voeu
que forme Solon en conclusion de sa réponse à Mimnerme
sur la longueur de la vie : « Puisse ma mort n'être pas
sans provoquer des plaintes! Puissé-je, par ma disparition,
exciter la douleur et les gémissements de mes
amis ! » ce voeu proclame le bonheur de Publicola. Car
sa mort a causé, non seulement à ses amis et à son entourage,
mais à toute la ville, donc à bien des milliers
d'hommes, des larmes, des regrets, de la consternation;
les femmes des Romains l'ont pleuré comme un fils,
un frère ou un père commun. « Je désire avoir de la fortune,
dit encore Solon, mais je ne veux pas l'acquérir injustement »;
car la sanction viendrait. Publicola eut le
bonheur, non seulement de posséder une richesse acquise
sans crime, mais encore d'en faire un noble usage au
profit des nécessiteux. Ainsi donc, si le plus sage de tous
les hommes est Solon, le plus heureux est Publicola.
Car les biens que le premier souhaitait comme les plus
grands et les plus beaux, le second a eu l'avantage de
les acquérir, de les garder et d'en jouir jusqu'à la fin.
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