[21] Τῷ δ´ ἑξῆς ἔτει πάλιν ὑπάτευε Ποπλικόλας τὸ
τέταρτον· ἦν δὲ προσδοκία πολέμου Σαβίνων καὶ Λατίνων
συνισταμένων. καί τις ἅμα δεισιδαιμονία τῆς πόλεως
ἥψατο· πᾶσαι γὰρ αἱ κυοῦσαι τότε γυναῖκες ἐξέβαλλον
ἀνάπηρα, καὶ τέλος οὐδεμία γένεσις ἔσχεν. ὅθεν
ἐκ τῶν Σιβυλλείων ὁ Ποπλικόλας ἱλασάμενος τὸν Ἅιδην,
καί τινας ἀγῶνας πυθοχρήστους ἀγαγών, καὶ ταῖς ἐλπίσι
πρὸς τὸ θεῖον ἡδίονα καταστήσας τὴν πόλιν, ἤδη τοῖς
ἀπ´ ἀνθρώπων φοβεροῖς προσεῖχε. μεγάλη γὰρ ἐφαίνετο
κατασκευὴ τῶν πολεμίων καὶ σύστασις. ἦν οὖν Ἄππιος
Κλαῦσος ἐν Σαβίνοις ἀνὴρ χρήμασί τε δυνατὸς καὶ σώματος
ῥώμῃ πρὸς ἀλκὴν ἐπιφανής, ἀρετῆς δὲ δόξῃ μάλιστα
καὶ λόγου δεινότητι πρωτεύων. ὃ δὲ πᾶσι συμβαίνει
τοῖς μεγάλοις, οὐ διέφυγε παθεῖν, ἀλλ´ ἐφθονεῖτο,
καὶ τοῖς φθονοῦσιν αἰτίαν παρέσχε καταπαύων τὸν πόλεμον
αὔξειν τὰ Ῥωμαίων ἐπὶ τυραννίδι καὶ δουλώσει
τῆς πατρίδος. αἰσθόμενος δὲ τοὺς λόγους τούτους βουλομένῳ
τῷ πλήθει λεγομένους καὶ προσκρούοντα τοῖς πολλοῖς
καὶ πολεμοποιοῖς καὶ στρατιωτικοῖς ἑαυτόν, ἐφοβεῖτο
τὴν κρίσιν, ἑταιρείαν δὲ καὶ δύναμιν φίλων καὶ
οἰκείων ἔχων ἀμύνουσαν περὶ αὑτὸν ἐστασίαζε. καὶ τοῦτ´
ἦν τοῦ πολέμου διατριβὴ καὶ μέλλησις τοῖς Σαβίνοις.
ταῦτ´ οὖν ὁ Ποπλικόλας οὐ μόνον εἰδέναι ποιούμενος
ἔργον, ἀλλὰ καὶ κινεῖν καὶ συνεξορμᾶν τὴν στάσιν, εἶχεν
ἄνδρας ἐπιτηδείους οἳ τῷ Κλαύσῳ διελέγοντο παρ´ αὐτοῦ
τοιαῦτα· ‘σὲ Ποπλικόλας ἄνδρα χρηστὸν ὄντα καὶ δίκαιον
οὐδενὶ κακῷ δεῖν οἴεται τοὺς σεαυτοῦ πολίτας ἀμύνεσθαι
καίπερ ἀδικούμενον· εἰ δὲ βούλοιο σῴζων σεαυτὸν
μεταστῆναι καὶ φυγεῖν τοὺς μισοῦντας, ὑποδέξεταί
σε δημοσίᾳ καὶ ἰδίᾳ τῆς τε σῆς ἀρετῆς ἀξίως καὶ τῆς
Ῥωμαίων λαμπρότητος.’ ταῦτα πολλάκις διασκοποῦντι
τῷ Κλαύσῳ βέλτιστα τῶν ἀναγκαίων ἐφαίνετο, καὶ τοὺς
φίλους συμπαρακαλῶν, ἐκείνων τε πολλοὺς ὁμοίως συναναπειθόντων,
πεντακισχιλίους οἴκους ἀναστήσας μετὰ
παίδων καὶ γυναικῶν, ὅπερ ἦν ἐν Σαβίνοις ἀθόρυβον
μάλιστα καὶ βίου πρᾴου καὶ καθεστῶτος οἰκεῖον, εἰς
Ῥώμην ἦγε, προειδότος τοῦ Ποπλικόλα καὶ δεχομένου
φιλοφρόνως καὶ προθύμως ἐπὶ πᾶσι δικαίοις. τοὺς μὲν
γὰρ οἴκους εὐθὺς ἀνέμειξε τῷ πολιτεύματι, καὶ χώραν
ἀπένειμεν ἑκάστῳ δυεῖν πλέθρων περὶ τὸν Ἀνίωνα ποταμόν,
τῷ δὲ Κλαύσῳ πλέθρα πέντε καὶ εἴκοσι γῆς
ἔδωκεν, αὐτὸν δὲ τῇ βουλῇ προσέγραψεν, ἀρχὴν πολιτείας
λαμβάνοντα ταύτην, ᾗ χρώμενος ἐμφρόνως ἀνέδραμεν
εἰς τὸ πρῶτον ἀξίωμα, καὶ δύναμιν ἔσχε μεγάλην,
καὶ γένος οὐδενὸς ἀμαυρότερον ἐν Ῥώμῃ τὸ Κλαυδίων
ἀφ´ αὑτοῦ κατέλιπε.
| [21] XXI. L'année d'après. Publicola exerça le consulat
pour la quatrième fois. On s'attendait alors à une guerre
avec les Sabins et les Latins coalisés. En même temps, une
crainte superstitieuse s'empara de la ville: car toutes les
femmes enceintes mettaient au monde des avortons, et
pas un enfant bien constitué ne venait à terme. Aussi
Publicola consulta les livres Sibyllins. II y trouva les
moyens d'apaiser Pluton, et célébra, en outre, des jeux
prescrits par la Pythie. La cité, rassurée du côté des
dieux, jouit d'une vie plus agréable. Le consul s'attaqua
ensuite aux terreurs qui venaient des hommes; car
l'armement des ennemis et la concentration de leurs
forces se révélaient grands. Or il y avait chez les Sabins
un personnage influent par sa fortune, d'une vigueur
physique et d'un courage remarquables, et que, surtout, la
réputation de son mérite et son éloquence mettaient au
premier rang : Appius Clausus. Mais le sort commun à
tous les grands hommes ne lui fut pas épargné. Il connut
les attaques de l'envie, et il y prêta le flanc en cherchant
à empêcher la guerre; on l'accusait de travailler à l'accroissement
de la puissance romaine pour tyranniser et asservir
sa patrie. S'apercevant que ces propos étaient bien
accueillis par la foule et qu'il se heurtait à l'hostilité des
esprits belliqueux, épris de gloire militaire, il craignit
de passer en justice; et comme il avait, pour se défendre,
le puissant appui de la ligue formée par ses parents et
ses amis, il se révolta. Cette attitude obligea les Sabins
à remettre et à retarder la guerre. Publicola, pensant qu'il
valait la peine, non seulement de se tenir au courant de
cette sédition, mais encore d'y pousser et d'y exciter,
avait des agents qui tenaient, de sa part, à Clausus des
propos de ce genre : « Publicola croit qu'un homme
vertueux et juste comme toi ne doit faire aucun mal à ses
concitoyens, malgré les injustices dont il souffre; mais
si tu voulais, pour sauver ta vie, quitter le pays et te
soustraire à la haine, il te fera, au nom de l'État et au
sien, un accueil digne de ton mérite et du prestige des
Romains. » Examinant ces suggestions à plusieurs reprises,
Clausus se rendit compte qu'on ne pouvait lui
donner de meilleurs avis dans une situation si critique. Il
fit partager sa conviction à ses amis, qui, à leur tour, y
gagnèrent beaucoup de gens; et il conduisit à Rome
cinq mille familles, femmes et enfants compris; c'était,
dans la population sabine, la catégorie la plus paisible
et la plus adonnée à une vie douce et tranquille. Publicola,
qu'il avait prévenu, l'accueillit avec bonté et empressement,
en lui accordant tous les droits. Les familles
furent aussitôt incorporées dans la cité; et l'on concéda
deux arpents de terre à chacune sur l'Anio; Clausus en
reçut vingt-cinq et entra au Sénat. Ce fut le début de sa
carrière politique; grâce à l'intelligence qu'il montra,
il parvint rapidement au premier rang; acquit une
grande autorité, et à sa mort, laissa les Claudes, ses
descendants, en possession d'autant de prestige qu'aucune
autre famille de Rome.
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