| [19] Πραττομένων δὲ τούτων, τοῦ τε Πορσίννα πᾶσαν
 ἤδη τὴν πολεμικὴν ἀνεικότος παρασκευὴν διὰ πίστιν, αἱ
 παρθένοι τῶν Ῥωμαίων κατῆλθον ἐπὶ λουτρόν, ἔνθα δὴ
 μηνοειδής τις ὄχθη περιβάλλουσα τὸν ποταμὸν ἡσυχίαν
 μάλιστα καὶ γαλήνην τοῦ κύματος παρεῖχεν. ὡς δ´ οὔτε
 τινὰ φυλακὴν ἑώρων οὔτε παριόντας ἄλλως ἢ διαπλέοντας,
 ὁρμὴν ἔσχον ἀπονήξασθαι πρὸς ῥεῦμα πολὺ καὶ
 δίνας βαθείας. ἔνιοι δέ φασι μίαν αὐτῶν ὄνομα Κλοιλίαν
 ἵππῳ διεξελάσαι τὸν πόρον, ἐγκελευομένην ταῖς ἄλλαις
 νεούσαις καὶ παραθαρρύνουσαν. ἐπεὶ δὲ σωθεῖσαι πρὸς
 τὸν Ποπλικόλαν ἧκον, οὐκ ἐθαύμασεν οὐδ´ ἠγάπησεν,
 ἀλλ´ ἠνιάθη, ὅτι Πορσίννα κακίων ἐν πίστει φανεῖται,
 καὶ τὸ τόλμημα τῶν παρθένων αἰτίαν ἕξει κακούργημα
 Ῥωμαίων γεγονέναι. διὸ καὶ συλλαβὼν αὐτὰς πάλιν ἀπέστειλε
 πρὸς τὸν Πορσίνναν. ταῦτα δ´ οἱ περὶ τὸν Ταρκύνιον
 προαισθόμενοι, καὶ καθίσαντες ἐνέδραν τοῖς ἄγουσι
 τὰς παῖδας, ἐν τῷ περᾶν ἐπέθεντο πλείονες ὄντες.
 ἐκείνων δ´ ὅμως ἀμυνομένων, ἡ Ποπλικόλα θυγάτηρ
 Οὐαλερία διὰ μέσων ὁρμήσασα τῶν μαχομένων ἀπέφυγε,
 καὶ τρεῖς τινες οἰκέται συνδιεκπεσόντες ἔσῳζον αὐτήν.
 τῶν δ´ ἄλλων οὐκ ἀκινδύνως ἀναμεμειγμένων τοῖς μαχομένοις,
 αἰσθόμενος Ἄρρουν ὁ Πορσίννα υἱὸς ὀξέως προσεβοήθησε,
 καὶ φυγῆς γενομένης τῶν πολεμίων περιεποίησε
 τοὺς Ῥωμαίους. ὡς δὲ τὰς παρθένους κομισθείσας
 ὁ Πορσίννας εἶδεν, ἐζήτει τὴν καταρξαμένην τῆς
 πράξεως καὶ παρακελευσαμένην ταῖς ἄλλαις. ἀκούσας δὲ
 τὸ ὄνομα τῆς Κλοιλίας, προσέβλεψεν αὐτὴν ἵλεῳ καὶ
 φαιδρῷ τῷ προσώπῳ, καὶ κελεύσας ἵππον ἀχθῆναι τῶν
 βασιλικῶν κεκοσμημένον εὐπρεπῶς ἐδωρήσατο. τοῦτο
 ποιοῦνται μαρτύριον οἱ μόνην τὴν Κλοιλίαν λέγοντες
 ἵππῳ διεξελάσαι τὸν ποταμόν. οἱ δ´ οὔ φασιν, ἀλλὰ τιμῆσαι
 τὸ ἀνδρῶδες αὐτῆς τὸν Τυρρηνόν. ἀνάκειται δὲ
 τὴν ἱερὰν ὁδὸν πορευομένοις εἰς Παλάτιον ἀνδριὰς αὐτῆς
 ἔφιππος, ὅν τινες οὐ τῆς Κλοιλίας, ἀλλὰ τῆς Οὐαλερίας
 εἶναι λέγουσιν.
 Ὁ δὲ Πορσίννας διαλλαγεὶς τοῖς Ῥωμαίοις ἄλλην τε
 πολλὴν ἑαυτοῦ μεγαλοφροσύνην ἐπεδείξατο τῇ πόλει, καὶ
 τὰ ὅπλα τοὺς Τυρρηνοὺς ἀναλαβεῖν κελεύσας, ἄλλο δὲ
 μηδέν, ἀλλ´ ἐκλιπεῖν τὸν χάρακα σίτου τε πολλοῦ καὶ
 χρημάτων γέμοντα παντοδαπῶν, παρέδωκε τοῖς Ῥωμαίοις.
 διὸ καὶ καθ´ ἡμᾶς ἔτι πωλοῦντες τὰ δημόσια
 πρῶτα κηρύττουσι τὰ Πορσίννα χρήματα, τιμὴν τῷ ἀνδρὶ
 τῆς χάριτος ἀίδιον {ἐν} τῇ μνήμῃ διαφυλάττοντες. εἱστήκει
 δὲ καὶ χαλκοῦς ἀνδριὰς αὐτοῦ παρὰ τὸ βουλευτήριον,
 ἁπλοῦς καὶ ἀρχαϊκὸς τῇ ἐργασίᾳ.
 | [19] XIX. Pendant que les conventions s'exécutaient, 
Porsenna, dans sa confiance, avait déjà supprimé tout 
appareil guerrier. Les jeunes filles livrées par les Romains 
descendirent donc, pour se baigner, à un endroit où la 
berge, en forme de demi-lune, entourait le fleuve, assurant 
le calme et la tranquillité des eaux. Comme elles ne 
voyaient ni gardes, ni passants, ni barques montées, l'envie 
les prit de se sauver à la nage, malgré la violence du 
courant et les profonds tourbillons du Tibre. D'après 
quelques auteurs, l'une d'entre elles, nommée Clélie, 
passa le fleuve à cheval, encourageant ses compagnes qui 
nageaient et les réconfortant. Mais lorsque, s'étant 
échappées, elles se présentèrent à Publicola, le consul, 
loin de les admirer ou même de les approuver, se fâcha, 
parce que sa bonne foi se révélerait inférieure à celle de 
Porsenna et que l'acte d'audace des jeunes filles serait 
interprété comme une fourberie des Romains. En conséquence, 
il se saisit d'elles pour les renvoyer à Porsenna. 
Prévoyant sa conduite, les gens de Tarquin s'étaient 
embusqués sur le passage du convoi; et, plus nombreux 
que les soldats de l'escorte, ils tombèrent sur eux. Comme 
les Romains se défendaient pourtant, la fille de Publicola, 
Valérie, se jeta dans la mêlée et s'enfuit sous la protection 
de trois serviteurs qui s'y étaient élancés avec elle. Les 
autres jeunes filles coururent quelque danger dans le 
combat où elles se trouvaient engagées; mais Aruns, fils 
de Porsenna, qui s'en aperçut, se porta vivement à leur 
secours; et, mettant l'ennemi en fuite, sauva les Romains. 
Lorsque Porsenna se vit ramener les captives, il demanda 
celle qui avait pris l'initiative de la prouesse et encouragé 
ses compagnes. Entendant le nom de Clélie, il la regarda 
d'un air gracieux et souriant, fit venir un cheval des 
écuries royales, superbement équipé, et le lui donna. 
C'est ce trait qu'invoquent, à l'appui de leur récit, les 
auteurs d'après lesquels Clélie fut seule à traverser le 
Tibre à cheval. Les autres nient le rapport, et croient que 
l'Étrusque voulut simplement honorer le courage viril 
de la jeune fille. Il y a sur la Voie Sacrée, dans la direction
du Palatin, une statue équestre d'elle; quelques-uns, il 
est vrai, n'y voient pas son image, mais celle de Valérie. 
Porsenna, réconcilié avec les Romains, donna encore à 
leur ville une autre grande preuve de sa magnanimité; 
il fit reprendre aux Étrusques leurs armes, mais rien 
d'autre; et il laissa le camp plein de provisions et d'objets 
de toutes sortes, qu'il offrit aux Romains. Aussi, de nos 
jours encore, quand on vend des biens de l'État, on 
annonce en premier lieu ceux de Porsenna, et cette marque 
d'honneur perpétue le souvenir de sa générosité. On avait 
érigé près de la curie sa statue en bronze, d'une facture 
simple et archaïque.
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