[18] Περὶ δὲ δείλην οἱ μὲν αὐτοῦ φασι τοῦ Αἰμιλίου τεχνάζοντος ἐκ τῶν
πολεμίων γενέσθαι τὴν ἐπιχείρησιν, ἀχάλινον ἵππον ἐξελάσαντας ἐμβαλεῖν
αὐτοῖς τοὺς Ῥωμαίους, καὶ τοῦτον ἀρχὴν μάχης διωκόμενον παρασχεῖν·
οἱ δὲ Ῥωμαϊκῶν ὑποζυγίων χορτάσματα παρακομιζόντων ἅπτεσθαι
Θρᾷκας ὧν Ἀλέξανδρος ἡγεῖτο, πρὸς δὲ τούτους ἐκδρομὴν ὀξεῖαν
ἑπτακοσίων Λιγύων γενέσθαι· παραβοηθούντων δὲ πλειόνων ἑκατέροις,
οὕτω συνάπτεσθαι τὴν μάχην παρ´ ἀμφοτέρων. ὁ μὲν οὖν Αἰμίλιος,
ὥσπερ κυβερνήτης τῷ παρόντι σάλῳ καὶ κινήματι τῶν στρατοπέδων
τεκμαιρόμενος τὸ μέγεθος τοῦ μέλλοντος ἀγῶνος, ἐκ τῆς σκηνῆς προῆλθε
καὶ τὰ τάγματα τῶν ὁπλιτῶν ἐπιὼν παρεθάρρυνεν· ὁ δὲ Νασικᾶς ἐξιππασάμενος
πρὸς τοὺς ἀκροβολιζομένους, ὁρᾷ πάντας ὅσον οὔπω τοὺς
πολεμίους ἐν χερσὶν ὄντας. πρῶτοι δ´ οἱ Θρᾷκες ἐχώρουν, ὧν μάλιστά
φησιν ἐκπλαγῆναι τὴν ὄψιν, ἄνδρες ὑψηλοὶ τὰ σώματα, λευκῷ
καὶ περιλάμποντι θυρεῶν καὶ περικνημίδων ὁπλισμῷ μέλανας ὑπενδεδυμένοι
χιτῶνας, ὀρθὰς δὲ ῥομφαίας βαρυσιδήρους ἀπὸ τῶν δεξιῶν ὤμων
ἐπισείοντες. παρὰ δὲ τοὺς Θρᾷκας οἱ μισθοφόροι παρενέβαλλον, ὧν σκευαί
τε παντοδαπαὶ καὶ μεμειγμένοι Παίονες ἦσαν. ἐπὶ δὲ τούτοις ἄγημα
τρίτον οἱ λογάδες, αὐτῶν Μακεδόνων ἀρετῇ καὶ ἡλικίᾳ τὸ καθαρώτατον,
ἀστράπτοντες ἐπιχρύσοις ὅπλοις καὶ νεουργοῖς φοινικίσιν. οἷς
καθισταμένοις εἰς τάξιν αἱ τῶν χαλκασπίδων ἐπανατέλλουσαι φάλαγγες
ἐκ τοῦ χάρακος ἐνέπλησαν αὐγῆς σιδήρου καὶ λαμπηδόνος χαλκοῦ τὸ
πεδίον, κραυγῆς δὲ καὶ θορύβου παρακελευομένων τὴν ὀρεινήν. οὕτω δὲ
θρασέως καὶ μετὰ τάχους ἐπῄεσαν, ὥστε τοὺς πρώτους νεκροὺς ἀπὸ
δυεῖν σταδίων τοῦ Ῥωμαϊκοῦ χάρακος καταπεσεῖν.
| [18] Vers le soir, d’après certains historiens, une ruse imaginée par Paul-Émile lui-même fit
prendre à l’ennemi l’initiative du combat : les Romains jetèrent dans ses rangs un cheval sans
mors et coururent à sa poursuite, ce qui fut le début de l’opération. Selon d’autres
auteurs, un convoi de fourrage de l’armée romaine fut attaqué par les Thraces, que
commandait Alexandre. Il y eut une violente réaction de sept cents Ligures ; mais un plus
grand nombre d’hommes arrivèrent à la rescousse des deux côtés, et c’est ainsi que s’engagea
la bataille. Paul-Émile, comme un pilote prévoit la tempête, conjecturait par l’agitation et le
mouvement des armées, la grandeur de l’opération ; il sortit de sa tente et fit le tour des
formations d’infanterie lourde pour les encourager. Nasica, lui, se porta à cheval sur le lieu de
l’escarmouche et vit que presque tous les ennemis en venaient aux mains. En tête marchaient
les Thraces, dont la vue, il l’affirme, l’effraya surtout. C’étaient des hommes de stature
élevée ; leurs boucliers et leurs jambarts resplendissaient de blancheur. Vêtus de tuniques
noires, ils brandissaient, par-dessus l’épaule droite, des sabres de fer droits et pesants. Après
les Thraces, venaient les mercenaires, aux équipements variés, pêle-mêle avec les Péoniens.
Enfin un troisième corps, l’élite des combattants qui, parmi les Macédoniens eux-mêmes,
offraient le type le plus pur du courage et de la virilité. Ils éblouissaient par l’or répandu sur
leurs armes et la fraîcheur de leurs habits de pourpre. Pendant qu’ils se mettaient en position
de combat, les Boucliers d’Airain, sortant du rempart, remplissaient la plaine de l’éclat
du fer et de la splendeur du cuivre, et la montagne des cris désordonnés par lesquels ils
s’encouragaient. Ceux-là étaient survenus si audacieusement et avec tant de vitesse que leurs
premiers morts tombèrent à deux stades du camp romain.
|