HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vies parallèles, Vie de Paul-Émile

Chapitre 17

  Chapitre 17

[17] δ´ Αἰμίλιος ὡς εἰς ταὐτὸν συνέμειξε τῷ Νασικᾷ, κατέβαινε συντεταγμένος ἐπὶ τοὺς πολεμίους. ὡς δ´ εἶδε τὴν παράταξιν αὐτῶν καὶ τὸ πλῆθος, θαυμάσας ἐπέστησε τὴν πορείαν, αὐτός τι πρὸς ἑαυτὸν συλλογιζόμενος. οἱ δ´ ἡγεμονικοὶ νεανίσκοι προθυμούμενοι μάχεσθαι, παρελαύνοντες ἐδέοντο μὴ μέλλειν, καὶ μάλιστα πάντων Νασικᾶς, τῇ περὶ τὸν Ὄλυμπον εὐτυχίᾳ τεθαρρηκώς. δ´ Αἰμίλιος μειδιάσας· „εἴ γε τὴν σὴνεἶπενἡλικίαν εἶχον· αἱ δὲ πολλαί με νῖκαι διδάσκουσαι τὰ τῶν ἡττωμένων ἁμαρτήματα κωλύουσιν ἐξ ὁδοῦ μάχην τίθεσθαι πρὸς φάλαγγα συντεταγμένην ἤδη καὶ συνεστῶσαν.“ ἐκ τούτου τὰ μὲν πρῶτα καὶ καταφανῆ πρὸς τοὺς πολεμίους ἐκέλευσεν εἰς σπείρας καθιστάμενα ποιεῖν σχῆμα παρατάξεως, τοὺς δ´ ἀπ´ οὐρᾶς στραφέντας ἐν χώρᾳ χάρακα βαλέσθαι καὶ στρατοπεδεύειν. οὕτω δὲ τῶν συνεχῶν τοῖς τελευταίοις καθ´ ὑπαγωγὴν ἐξελιττομένων, ἔλαθε τὴν παράταξιν ἀναλύσας καὶ καταστήσας ἀθορύβως εἰς τὸν χάρακα πάντας. Ἐπεὶ δὲ νὺξ γεγόνει καὶ μετὰ δεῖπνον ἐτράποντο πρὸς ὕπνον καὶ ἀνάπαυσιν, αἰφνίδιον σελήνη πλήρης οὖσα καὶ μετέωρος ἐμελαίνετο, καὶ τοῦ φωτὸς ἀπολείποντος αὐτὴν χρόας ἀμείψασα παντοδαπὰς ἠφανίσθη. τῶν δὲ Ῥωμαίων, ὥσπερ ἐστὶ νενομισμένον, χαλκοῦ τε πατάγοις ἀνακαλουμένων τὸ φῶς αὐτῆς καὶ πυρὰ πολλὰ δαλοῖς καὶ δᾳσὶν ἀνεχόντων πρὸς τὸν οὐρανόν, οὐδὲν ὅμοιον ἔπραττον οἱ Μακεδόνες, ἀλλὰ φρίκη καὶ θάμβος τὸ στρατόπεδον κατεῖχε, καὶ λόγος ἡσυχῇ διὰ τῶν πολλῶν ἐχώρει, βασιλέως τὸ φάσμα σημαίνειν ἔκλειψιν. δ´ Αἰμίλιος οὐκ ἦν μὲν ἀνήκοος οὐδ´ ἄπειρος παντάπασι τῶν ἐκλειπτικῶν ἀνωμαλιῶν, αἳ τὴν σελήνην περιφερομένην εἰς τὸ σκίασμα τῆς γῆς ἐμβάλλουσι τεταγμέναις περιόδοις καὶ ἀποκρύπτουσιν, ἄχρι οὗ παρελθοῦσα τὴν ἐπισκοτουμένην χώραν πάλιν ἀναλάμψῃ πρὸς τὸν ἥλιον· οὐ μὴν ἀλλὰ τῷ θείῳ πολὺ νέμων, καὶ φιλοθύτης ὢν καὶ μαντικός, ὡς εἶδε πρῶτον τὴν σελήνην ἀποκαθαιρομένην, ἕνδεκα μόσχους αὐτῇ κατέθυσεν. ἅμα δ´ ἡμέρᾳ τῷ Ἡρακλεῖ βουθυτῶν οὐκ ἐκαλλιέρει μέχρις εἴκοσι· τῷ δὲ πρώτῳ καὶ εἰκοστῷ παρῆν τὰ σημεῖα, καὶ νίκην ἀμυνομένοις ἔφραζεν. εὐξάμενος οὖν κατὰ βοῶν ἑκατὸν καὶ ἀγῶνος ἱεροῦ τῷ θεῷ, προσέταξε διακοσμεῖν τοῖς ἡγεμόσι τὸν στρατὸν εἰς μάχην· αὐτὸς δὲ τὴν ἀπόκλισιν καὶ περιφορὰν ἀναμένων τοῦ φωτός, ὅπως μὴ κατὰ προσώπου μαχομένοις αὐτοῖς ἕωθεν ἥλιος ἀντιλάμποι, παρῆγε τὸν χρόνον ἐν τῇ σκηνῇ καθεζόμενος, ἀναπεπταμένῃ πρὸς τὸ πεδίον καὶ τὴν στρατοπεδείαν τῶν πολεμίων. [17] Paul-Émile, après avoir fait sa jonction avec Nasica, descendait, à la tête de son armée rangée en bataille, au-devant des ennemis. Mais quand il vit leur ordonnance, étonné de leur nombre, il arrêta sa marche et se mit à réfléchir. Les jeunes officiers, pleins d’ardeur pour le combat, arrivaient près de lui à toute bride et le priaient de ne pas différer, Nasica surtout, à qui son succès de l’Olympe avait donné confiance. Paul-Émile lui dit en souriant : « Oui, si j’avais ton âge ! Mais les nombreuses victoires que j’ai remportées, en m’apprenant comment on se fait battre, m’empêchent d’engager un combat dès mon arrivée contre une phalange compacte et déjà en ordre de bataille. » Là-dessus il fit disposer en peloton les premiers rangs, ceux qui étaient visibles de l’ennemi, et leur donna l’apparence d’une formation de combat. Quant aux troupes de queue, il leur fit, au contraire, faire demi-tour, établir un retranchement et camper. Ainsi, les soldats évoluant continuellement en arrière de ceux qui les précédaient, il défit, sans qu’on y vît rien, sa formation de combat, et ramena tous ses hommes, sans aucune confusion, à l’intérieur du camp. La nuit tombée, au moment où, après souper, les hommes s’étaient adonnés au sommeil et au repos, soudain la lune qui était pleine et au zénith, s’obscurcit, et, la lumière lui faisant défaut, elle prit toutes sortes de teintes et finit par s’éclipser totalement. Alors que les Romains, suivant leur coutume, appelaient le retour de sa lumière en frappant sur des cuivres et en élevant vers le ciel bien des torches et des flambeaux allumés, les Macédoniens ne faisaient rien de pareil ; un frisson de terreur glaçait tout leur camp, et l’on murmurait que ce phénomène annonçait la perte du Roi. Paul-Émile, lui, n’était pas absolument un ignorant sur de telles matières. Il avait entendu parler des irrégularités dues aux éclipses, qui, à des époques réglées, jettent la lune, entraînée par un mouvement circulaire, dans un cône d’ombre projeté par la terre et la cachent jusqu’au moment où, ayant traversé la zone ténébreuse, elle resplendit à nouveau de la lumière qu’elle emprunte au soleil. Mais comme il faisait, dans la vie, une grande place à la divinité, qu’il était fort attaché aux sacrifices et pratiquait la divination, dès qu’il vit la lune redevenir nette, il lui sacrifia onze veaux. Au lever du jour, il offrit un sacrifice à Hercule. Il immola vingt victimes sans obtenir de présage favorable ; enfin la vingt et unième donna des signes qui annonçaient une victoire par la défensive. Il promit donc à ce dieu cent boeufs et des jeux sacrés. Il prescrivit ensuite aux officiers de disposer l’armée pour le combat. Lui-même attendit que le soleil baissât vers le couchant afin d’éviter que les soldats, en combattant dès le matin, ne l’eussent en pleine figure. Il passa cet intervalle assis sous sa tente, qui était ouverte sur la plaine et le camp ennemi.


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Dernière mise à jour : 24/08/2005