[8] οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ τότε τύχῃ χρησάμενος ἀγαθῇ καὶ
στρατηγήσας ἄριστα μετὰ Δημοσθένους, ἐντὸς οὗ προεῖπε
χρόνου τῶν Σπαρτιατῶν ὅσοι μὴ κατὰ μάχην ἔπεσον τὰ ὅπλα
παραδόντας ἤγαγεν αἰχμαλώτους. καὶ τοῦτο τῷ Νικίᾳ μεγάλην
ἤνεγκεν ἀδοξίαν. οὐ γὰρ ἀσπίδος ῥῖψις, ἀλλ' αἴσχιόν τι καὶ
χεῖρον ἐδόκει τὸ δειλίᾳ τὴν στρατηγίαν ἀποβαλεῖν ἑκουσίως,
καὶ προέσθαι τῷ ἐχθρῷ τηλικούτου κατορθώματος ἀφορμάς,
αὑτὸν ἀποχειροτονήσαντα τῆς ἀρχῆς. (2) σκώπτει δ' αὐτὸν εἰς
ταῦτα πάλιν Ἀριστοφάνης ἐν μὲν Ὄρνισιν οὕτω πως λέγων·
καὶ μὴν μὰ τὸν Δί' οὐχὶ νυστάζειν γ' ἔτι
ὥρα 'στὶν ἡμῖν, οὐδὲ μελλονικιᾶν.
ἐν δὲ Γεωργοῖς ταῦτα γράφων·
Α. ἐθέλω γεωργεῖν.
Β. εἶτα τίς σε κωλύει;
Α. ὑμεῖς· ἐπεὶ δίδωμι χιλίας δραχμάς,
ἐάν με τῶν ἀρχῶν ἀφῆτε.
Β. δεχόμεθα·
δισχίλιαι γάρ εἰσι σὺν ταῖς Νικίου.
(3) καὶ μέντοι καὶ τὴν πόλιν ἔβλαψεν οὐ μικρὰ τῷ Κλέωνι
τοσοῦτον προσγενέσθαι δόξης ἐάσας καὶ δυνάμεως, ὑφ' ἧς εἰς
βαρὺ φρόνημα καὶ θράσος ἐμπεσὼν ἀκάθεκτον ἄλλας τε τῇ
πόλει προσετρίψατο συμφοράς, ὧν οὐχ ἥκιστα καὶ αὐτὸς
ἀπέλαυσε, καὶ τὸν ἐπὶ τοῦ βήματος κόσμον ἀνελὼν καὶ πρῶτος
ἐν τῷ δημηγορεῖν ἀνακραγὼν καὶ περισπάσας τὸ ἱμάτιον καὶ
τὸν μηρὸν πατάξας καὶ δρόμῳ μετὰ τοῦ λέγειν ἅμα
χρησάμενος, τὴν ὀλίγον ὕστερον ἅπαντα τὰ πράγματα
συγχέασαν εὐχέρειαν καὶ ὀλιγωρίαν τοῦ πρέποντος ἐνεποίησε
τοῖς πολιτευομένοις.
| [8] Cependant il eut dans son expédition la fortune si favorable, et seconda
si bien Démosthène, qu'avant le temps qu'il avait fixé, tous les Spartiates qui
n'avaient pas péri dans le combat furent forcés de mettre bas les armes, et conduits
prisonniers à Athènes. XI. Un si brillant succès couvrit de honte Nicias; s'il n'avait
pas jeté son bouclier, il avait fait quelque chose de plus honteux et de plus lâche : il
avait abandonné volontairement et par timidité le commandement de l'armée, et, se
déposant lui-même de l'emploi que la république lui avait confié, il avait cédé à un
autre une si belle occasion d'acquérir de la gloire. Aussi Aristophane le raillet-il
encore à ce sujet dans sa comédie des Oiseaux : "Grands dieux! serait-ce donc le temps
de sommeiller, Et, comme Nicias, de toujours reculer"? Dans sa pièce des Laboureurs,
il fait parler ainsi deux Athéniens :
"UN PREMIER ATHÉNIEN. Je ne veux désormais que cultiver ma terre.
UN SECOND. Qui t'en empêche?
LE PREMIER. Vous, qui voulez qu'à la guerre J'aille vous commander.
Si vous m'en exemptez, Neuf cent francs à l'instant vont vous être comptés.
LE SECOND. Soit, nous les recevons ;
Nicias, ce bon homme, En offre tout autant : cela double la somme". Mais Nicias fit
encore plus de tort à la ville, en laissant ainsi Cléon parvenir à un tel degré de gloire
et de puissance, qu'il en conçut une fierté et une audace que rien ne put réprimer, et
qui attirèrent sur Athènes et sur Nicias lui-même les plus grandes calamités. Cléon,
sans aucun égard pour la décence des assemblées, donna le premier l'exemple d'y
crier de toutes ses forces, de rejeter sa robe par derrière, de frapper sur sa cuisse, de
marcher à grands pas dans la tribune pendant son discours; et par là il introduisit,
parmi ceux qui administraient les affaires publiques, une licence et un mépris de
toute bienséance, qui portèrent dans la république la confusion et le désordre.
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