[16] τοῦ δὲ θέρους διελθόντος, ἐπεὶ τοὺς Συρακουσίους
ἐπυνθάνετο προτέρους ἐπ' αὐτοὺς ἀφίξεσθαι τεθαρρηκότας, οἱ
δ' ἱππεῖς ὕβρει προσελαύνοντες ἤδη πρὸς τὸ στρατόπεδον
ἠρώτων εἰ Καταναίοις συνοικήσοντες ἢ Λεοντίνους
κατοικιοῦντες ἥκουσι, μόλις ὁ Νικίας ὥρμησε πλεῖν ἐπὶ
Συρακούσας. (2) καὶ βουλόμενος ἀδεῶς καὶ καθ' ἡσυχίαν
ἱδρῦσαι τὸν στρατόν, ὑπέπεμψεν ἄνθρωπον ἐκ Κατάνης
κελεύοντα τοὺς Συρακουσίους, εἰ βούλονται λαβεῖν ἔρημον
ἀνδρῶν τὸ στρατόπεδον καὶ τὰ ὅπλα τῶν Ἀθηναίων, ἐν ἡμέρᾳ
ῥητῇ πρὸς Κατάνην πανστρατιᾷ παραγενέσθαι, τῶν δ'
Ἀθηναίων ἐν τῇ πόλει τὰ πλεῖστα διατριβόντων ἐγνωκέναι
τοὺς Συρακουσίων φίλους, ὅταν ἐκείνους προσιόντας
αἴσθωνται, τάς τε πύλας καταλαμβάνειν ἅμα καὶ τὸν
ναύσταθμον ὑποπιμπράναι· πολλοὺς δὲ εἶναι τοὺς συνεστῶτας
ἤδη καὶ τὴν ἐκείνων περιμένοντας ἄφιξιν. (3) τοῦτ' ἄριστα
Νικίας ἐστρατήγησε περὶ Σικελίαν. πανστρατιᾷ γὰρ ἐξαγαγὼν
τοὺς πολεμίους καὶ τὴν πόλιν ὁμοῦ τι ποιήσας ἔρημον ἀνδρῶν,
αὐτὸς ἐκ Κατάνης ἀναχθεὶς τῶν τε λιμένων ἐκράτησε καὶ τῷ
στρατοπέδῳ κατέλαβε χώραν, ὅθεν ἥκιστα βλαπτόμενος οἷς
ἐλείπετο τῶν πολεμίων, ἤλπιζεν ἐξ ὧν ἐθάρρει πολεμήσειν
ἀκωλύτως. (4) ἐπεὶ δ' ἀναστρέψαντες ἐκ Κατάνης οἱ
Συρακούσιοι παρετάξαντο πρὸ τῆς πόλεως, ἐπαγαγὼν. ταχὺ
τοὺς Ἀθηναίους ἐκράτησε. καὶ πολλοὺς μὲν οὐκ ἀπέκτεινε τῶν
πολεμίων· οἱ γὰρ ἱππεῖς ἐμποδὼν ἐγένοντο τῇ διώξει· τοῦ δὲ
ποταμοῦ διαφθείρων καὶ ἀποκόπτων τὰς γεφύρας, παρέσχεν
Ἑρμοκράτει λέγειν παραθαρρύνοντι τοὺς Συρακουσίους ὅτι
γελοῖός ἐστιν ὁ Νικίας, ὅπως οὐ μαχεῖται στρατηγῶν, ὥσπερ
οὐκ ἐπὶ μάχῃ πεπλευκώς. (5) οὐ μὴν ἀλλὰ φόβον τε καὶ
κατάπληξιν ἰσχυρὰν ἐνειργάσατο τοῖς Συρακουσίοις, ὥστ' ἀντὶ
τῶν ὄντων τότε πεντεκαίδεκα στρατηγῶν ἑτέρους ἑλέσθαι
τρεῖς, οἷς πίστιν ἔδωκεν ὁ δῆμος δι' ὅρκων, ἦ μὴν ἐάσειν ἄρχειν
αὐτοκράτορας. (6) τοῦ δ' Ὀλυμπιείου πλησίον ὄντος ὥρμησαν οἱ
Ἀθηναῖοι καταλαβεῖν, πολλῶν ὄντων ἐν αὐτῷ χρυσῶν καὶ
ἀργυρῶν ἀναθημάτων. ὁ δὲ Νικίας ἐπίτηδες ἀναβαλλόμενος
ὑστέρησε καὶ περιεῖδε φρουρὰν εἰσελθοῦσαν παρὰ τῶν
Συρακουσίων, ἡγούμενος, ἐὰν τὰ χρήματα διαρπάσωσιν οἱ
στρατιῶται, τὸ μὲν κοινὸν οὐκ ὠφεληθήσεσθαι, τὴν δ' αἰτίαν
αὐτὸς ἕξειν τοῦ ἀσεβήματος. (7) τῇ δὲ νίκῃ περιβοήτῳ γενομένῃ
χρησάμενος εἰς οὐδέν, ὀλίγων ἡμερῶν διαγενομένων αὖθις
ἀνεχώρησεν εἰς Νάξον, κἀκεῖ διεχείμασε, πολλὰ μὲν
ἀναλίσκων στρατιᾷ τοσαύτῃ, πράττων δὲ μικρὰ πρὸς Σικελούς
τινας ἀφισταμένους πρὸς αὐτόν, ὥστε τοὺς Συρακουσίους
αὖθις ἀναθαρρήσαντας ἐξελάσαι πρὸς Κατάνην καὶ τήν τε
χώραν τεμεῖν καὶ τὸ στρατόπεδον κατακαῦσαι τῶν Ἀθηναίων.
ἃ δὴ πάντες ᾐτιῶντο τὸν Νικίαν, (8) ὡς ἐν τῷ διαλογίζεσθαι καὶ
μέλλειν καὶ φυλάττεσθαι τὸν τῶν πράξεων ἀπολλύντα καιρόν·
ἐπεὶ τάς γε πράξεις οὐδεὶς ἂν ἐμέμψατο τοῦ ἀνδρός· ὁρμήσας
γὰρ ἦν ἐνεργὸς καὶ δραστήριος, τολμῆσαι δὲ μελλητὴς καὶ ἄτολμος.
| [16] XXII. A la fin de l'été, il fut informé que les Syracusains, reprenant
courage, se disposaient à l'attaquer les premiers : déjà leur cavalerie venait
insolemment le braver jusque dans son camp, et lui demander si c'était pour s'établir
à Catane, ou pour mettre les Léontins en possession de leur pays, qu'il était venu en
Sicile. Il se détermina donc, quoique avec peine, à faire voile vers Syracuse; mais,
pour y asseoir son camp à son aise et sans crainte, il envoya secrètement, de Catane à
Syracuse, un prétendu transfuge, qui dit aux Syracusains que s'ils voulaient
surprendre le camp des Athéniens sans défense, et s'emparer de tout leur bagage, ils
n'avaient qu'à se rendre à Catane, à jour marqué, avec toute leur armée; que les
Athéniens se tenant presque toujours dans la ville, les amis que les Syracusains
avaient à Catane s'engageaient, dès qu'ils seraient avertis de leur arrivée, de se saisir
des portes, et de brûler la flotte ennemie; que le parti des conjurés était déjà
nombreux, et n'attendait que leur arrivée. C'est le plus grand trait d'habileté que
Nicias ait fait en Sicile; car ayant par ce stratagème attiré toutes les troupes des
ennemis hors de la ville, qui resta ainsi sans défense, il partit aussitôt de Catane, se
saisit de tous les ports, et plaça son camp dans un poste si sûr, que les ennemis ne
pouvaient tirer avantage de ce qui les rendait supérieurs à lui, et qu'il pouvait se
servir contre eux, sans obstacle, de ce qui faisait sa principale force. Les Syracusains,
revenus de Catane, se mirent en bataille devant Syracuse; et Nicias ayant fait sortir
aussitôt les Athéniens de leurs retranchements, battit les ennemis; mais il ne put leur
tuer beaucoup de monde, parce que leur cavalerie empêchait la poursuite. Il rompit
les ponts qui étaient sur la rivière, ce qui fit dire au général Hermocrate, pour
encourager les Syracusains que Nicias était plaisant de commander une armée, et de
ne point combattre, comme s'il n'était pas venu pour cela. Cependant il jeta tant de
frayeur et d'épouvante parmi les Syracusains, qu'au lieu de quinze généraux qu'ils
avaient alors, ils n'en élurent que trois, auxquels le peuple promit, avec serment, de
laisser le pouvoir le plus illimité. XXIII. Les Athéniens, campés auprès du temple
de Jupiter Olympien, désiraient fort de s'en emparer, à cause du grand nombre
d'offrandes d'or et d'argent qu'il contenait ; mais Nicias différait à dessein de le
prendre; il laissa même les Syracusains y envoyer des troupes, dans la crainte que les
soldats ne pillassent les richesses du temple, sans en rien réserver pour le trésor
public, et qu'il ne fût seul responsable du sacrilége. La victoire de Nicias, dont la
nouvelle fut bientôt portée dans toute la Sicile, n'eut aucune suite heureuse pour lui;
peu de jours après, il alla prendre ses quartiers d'hiver à Naxos, où il entretint à
très gros frais une armée nombreuse sans rien faire de remarquable avec quelques
Siciliens qui avaient passé dans son parti. Aussi les Syracusains, dont cette conduite
avait ranimé la confiance, retournèrent à Catane, firent le dégât dans le pays, et
brûlèrent le camp des Athéniens. Tout le monde imputait la cause de ces pertes à
Nicias, qui, à force de raisonner, de différer, de prendre des précautions, perdait
toutes les occasions d'agir. Il est vrai que quand il agissait, on ne trouvait rien à
reprendre en lui, car il n'avait pas moins d'activité et d'ardeur à exécuter, que de
timidité et de lenteur à entreprendre.
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