[14] τὸ μὲν οὖν ἐναντιωθῆναι ψηφιζομένῃ τῇ στρατείᾳ τὸν
Νικίαν, καὶ μήθ' ὑπ' ἐλπίδων ἐπαρθέντα μήτε πρὸς τὸ τῆς
ἀρχῆς μέγεθος ἐκπλαγέντα μεταθέσθαι τὴν γνώμην, ἀνδρὸς
ἦν χρηστοῦ καὶ σώφρονος· ἐπεὶ δ' οὔτε τοῦ πολέμου τὸν δῆμον
ἀποτρέψαι πειρώμενος οὔθ' αὑτὸν ἐξελέσθαι τῆς στρατηγίας
δεόμενος ἴσχυσεν, ἀλλ' ὥσπερ ἀράμενος καὶ φέρων αὐτὸν ὁ
δῆμος ἐπέθηκε τῇ δυνάμει στρατηγόν, (2) οὐδεὶς ἔτι καιρὸς ἦν
τῆς πολλῆς εὐλαβείας καὶ μελλήσεως, ὥστε παιδὸς δίκην ἀπὸ
τῆς νεὼς ὀπίσω βλέποντα καὶ τὸ μὴ κρατηθῆναι τοῖς λογισμοῖς
ἀναλαμβάνοντα καὶ στρέφοντα πολλάκις ἐναμβλῦναι καὶ τοὺς
συνάρχοντας αὐτῷ καὶ τὴν ἀκμὴν διαφθεῖραι τῶν πράξεων,
ἀλλ' εὐθὺς ἔδει τοῖς πολεμίοις ἐμφύντα καὶ προσκείμενον
ἐλέγχειν τὴν τύχην ἐπὶ τῶν ἀγώνων. (3) ὁ δέ, Λαμάχου μὲν
ἄντικρυς ἀξιοῦντος πλεῖν ἐπὶ Συρακούσας καὶ μάχην ἔγγιστα
τῆς πόλεως τιθέναι, Ἀλκιβιάδου δὲ τὰς πόλεις ἀφιστάναι
Συρακουσίων, εἶθ' οὕτως ἐπ' αὐτοὺς βαδίζειν, τὰ ἐναντία λέγων
καὶ κελεύων ἀτρέμα παρὰ τὴν Σικελίαν κομιζομένους καὶ
περιπλέοντας ἐπιδείξασθαι τὰ ὅπλα καὶ τὰς τριήρεις, εἶτ'
ἀποπλεῖν Ἀθήναζε μικρὸν τῆς δυνάμεως Αἰγεστεῦσιν
ἀπαρξαμένους, αὐτίκα τε τὴν γνώμην ὑπεξέλυσε καὶ κατέβαλε
τὸ φρόνημα τῶν ἀνδρῶν. (4) καὶ μετ' ὀλίγον χρόνον Ἀλκιβιάδην
Ἀθηναίων μεταπεμψαμένων εἰς κρίσιν, λόγῳ μὲν ἀποδειχθεὶς
δεύτερος ἡγεμών, δυνάμει δὲ μόνος ὤν, οὐκ ἐπαύσατο
καθήμενος ἢ περιπλέων ἢ βουλευόμενος, πρὶν ἐγγηρᾶσαι μὲν
αὐτῷ τὴν ἀκμὴν τῆς ἐλπίδος, ἐκρυῆναι δὲ τῶν πολεμίων τὸ
θάμβος καὶ τὸν φόβον ὃν ἡ πρώτη παρέθηκεν αὐτοῖς ὄψις τῶν
δυνάμεων.
(5) ἔτι δὲ τοῦ Ἀλκιβιάδου παρόντος ἑξήκοντα ναυσὶ
πλεύσαντες ἐπὶ Συρακούσας, τὰς μὲν ἄλλας ἀνεῖχον ὑπὲρ τοῦ
λιμένος ἔξω παρατάξαντες, δέκα δὲ κατήλαυνον εἴσω
κατασκοπῆς εἵνεκα· καὶ Λεοντίνους ἐπὶ τὴν οἰκείαν
ἀποκαλοῦσαι διὰ κήρυκος, αὗται λαμβάνουσι ναῦν πολεμίαν
σανίδας κομίζουσαν, εἰς ἃς ἀπεγράφοντο κατὰ φυλὰς αὑτοὺς
οἱ Συρακούσιοι· κείμεναι δ' ἄπωθεν τῆς πόλεως ἐν ἱερῷ Διὸς
Ὀλυμπίου τότε πρὸς ἐξέτασιν καὶ κατάλογον τῶν ἐν ἡλικίᾳ
μετεπέμφθησαν. (6) ὡς οὖν ὑπὸ τῶν Ἀθηναίων ἁλοῦσαι πρὸς
τοὺς στρατηγοὺς ἐκομίσθησαν καὶ τὸ πλῆθος ὤφθη τῶν
ὀνομάτων, ἠχθέσθησαν οἱ μάντεις μή ποτε ἄρα τὸ χρεὼν
ἐνταῦθα τοῦ χρησμοῦ περαίνοι, λέγοντος ὡς Ἀθηναῖοι
λήψονται Συρακουσίους ἅπαντας. οὐ μὴν ἀλλ' ἑτέρῳ φασιν
ἔργῳ τοῦτο τοῖς Ἀθηναίοις γενέσθαι ἐπιτελὲς καθ' ὃν χρόνον
ἀποκτείνας Δίωνα Κάλλιππος ὁ Ἀθηναῖος ἔσχε Συρακούσας.
| [14] XX. L'opposition constante de Nicias au décret de cette expédition,
pendant que le peuple en délibérait; sa fermeté après avoir été nommé
au généralat, à ne se laisser ni enfler par de vaines espérances;
ni éblouir par l'importance de l'emploi qui lui était confié; son immobilité
dans l'opinion qu'il avait embrassée, tout cela était d'un homme sage, d'un citoyen
vertueux; mais après avoir inutilement tenté de détourner les Athéniens de cette
entreprise, et de se faire exempter du commandement, sans avoir pu rien obtenir par
ses prières; après avoir vu au contraire le peuple s'emparer, pour ainsi dire, de sa
personne, et le porter à la tête de l'armée, il n'était plus temps de montrer de la
crainte, d'agir avec lenteur, de regarder sans cesse, comme un enfant, du vaisseau sur
le rivage, de répéter partout que, sans aucun égard à ses représentations, on l'avait
chargé, malgré lui, d'une guerre imprudente; et par là de refroidir l'ardeur des deux
autres généraux, d'émousser ce premier élan de confiance qui assure le succès des
entreprises. Il fallait aller d'abord contre l'ennemi, le serrer de près, et en livrant des
combats, obliger la fortune de se déclarer pour lui; mais, au contraire, Lamachus
étant d'avis d'aller droit à Syracuse et de livrer bataille sous ses murs, et Alcibiade
voulant qu'on comrnençât par détacher les autres villes du parti des Syracusains,
pour marcher ensuite contre eux, Nicias ne goûta aucun de ces deux avis; il proposa
de côtoyer tranquillement la Sicile, pour faire voir leurs armes et leurs galères, et
ensuite de retourner à Athènes, en laissant quelques troupes aux Égestains : cette
proposition déconcerta les projets des autres généraux, et abattit leur courage. Peu de
temps après, les Athéniens rappelèrent Alcibiade pour lui faire son procès; et Nicias
ayant été déclaré général en second, quoiqu'en effet le premier en autorité, il ne cessa
d'user de délais, tantôt restant dans l'inaction, tantôt croisant le long des côtes, tantôt
perdant le temps à délibérer : il fit si bien, que ce premier feu de l'espérance dont ses
troupes étaient animées fut bientôt amorti, et que l'extrême frayeur dont les ennemis
avaient été saisis à la vue d'un armement si 'redoutable se dissipa entièrement. XXI.
Alcibiade était encore sur la flotte, lorsque les Athéniens cinglèrent vers Syracuse
avec soixante galères; ils en rangèrent cinquante en bataille devant le port, et firent
avancer les dix autres pour reconnaître la place. Là, après avoir fait crier, par un
héraut, que les Léontins pouvaient rentrer dans leur pays, ils prirent une galère
ennemie qui portait les registres sur lesquels les Syracusains faisaient inscrire leurs
noms et celui de leur tribu. Ces registres étaient ordinairement déposés loin de la
ville dans le temple de Jupiter Olympien, et on les transportait alors à Syracuse, pour
connaître et enrôler tous ceux qui étaient en âge de porter les armes. Les Athéniens,
qui s'en étaient emparés, les ayant portés aux généraux, les devins à la vue de ce
nombre si prodigieux de noms, furent dans la plus vive inquiétude, et craignirent
que ce ne fût l'accomplissement de l'oracle qui annonçait que les Athéniens feraient
tous les Syracusains prisonniers; d'autres prétendent que cet oracle fut accompli
dans cette expédition, où Calippe l'Athénien, après avoir tué Dion, se rendit maître
de Syracuse.
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