[6] ὁ δὲ τούτους τε τῷ Καλλικρατίδᾳ δυσμενεστέρους ἐποίει
ἔτι μᾶλλον, καὶ τῶν ὑπὸ Κύρου χρημάτων αὐτῷ δεδομένων εἰς
τὸ ναυτικὸν τὰ περιόντα πάλιν εἰς Σάρδεις ἀνέπεμψεν, αὐτὸν
αἰτεῖν, εἰ βούλοιτο, τὸν Καλλικρατίδαν καὶ σκοπεῖν ὅπως
θρέψοι τοὺς στρατιώτας κελεύσας. (2) τέλος δὲ ἀποπλέων
ἐμαρτύρατο πρὸς αὐτὸν ὅτι θαλασσοκρατοῦν τὸ ναυτικὸν
παραδίδωσιν. ὁ δὲ βουλόμενος ἐλέγξαι τὴν φιλοτιμίαν
ἀλαζονικὴν καὶ κενὴν οὖσαν, “οὐκοῦν,” ἔφη, “λαβὼν ἐν
ἀριστερᾷ Σάμον καὶ περιπλεύσας εἰς Μίλητον ἐκεῖ μοι παράδος
τὰς τριήρεις· δεδιέναι γὰρ οὐ χρὴ παραπλέοντας ἡμᾶς τοὺς ἐν
Σάμῳ πολεμίους, εἰ θαλασσοκρατοῦμεν.” (3) πρὸς ταῦτα εἰπὼν
ὁ Λύσανδρος ὅτι οὐκ αὐτός, ἀλλ' ἐκεῖνος ἄρχοι τῶν νεῶν,
ἀπέπλευσεν εἰς Πελοπόννησον, ἐν πολλῇ τὸν Καλλικρατίδαν
ἀπορία καταλιπών. οὔτε γὰρ οἴκοθεν ἀφῖκτο χρήματα κομίζων,
οὔτε τὰς πόλεις ἀργυρολογεῖν καὶ βιάζεσθαι μοχθηρὰ
πραττούσας ὑπέμεινε. (4) λοιπὸν οὖν ἦν ἐπὶ θύρας ἰόντα τῶν
βασιλέως στρατηγῶν, ὥσπερ Λύσανδρος, αἰτεῖν· πρὸς ὃ πάντων
ἀφυέστατος ἐτύγχανεν, ἀνὴρ ἐλευθέριος καὶ μεγαλόφρων, καὶ
πᾶσαν ὑφ' Ἑλλήνων ἧτταν Ἕλλησιν ἡγούμενος εὐπρεπεστέραν
εἶναι τοῦ κολακεύειν καὶ φοιτᾶν ἐπὶ θύρας ἀνθρώπων
βαρβάρων, πολὺ χρυσίον, ἄλλο δ' οὐδὲν καλὸν ἐχόντων.
ἐκβιαζόμενος δὲ ὑπὸ τῆς ἀπορίας, (5) ἀναβὰς εἰς Λυδίαν εὐθὺς
ἐπορεύετο εἰς τὴν οἰκίαν τοῦ Κύρου, καὶ φράζειν προσέταξεν
ὅτι Καλλικρατίδας ὁ ναύαρχος ἥκει διαλεχθῆναι βουλόμενος
αὐτῷ. τῶν δ' ἐπὶ θύραις τινὸς εἰπόντος, “ἀλλ' οὐ σχολὴ νῦν, ὦ
ξένε, Κύρῳ· πίνει γάρ,” ἀφελέστατά πως ὁ Καλλικρατίδας,
“οὐδέν,” ἔφη, “δεινόν· αὐτοῦ γὰρ ἑστὼς ἀναμενῶ, μέχρι πίῃ.”
(6) τότε μὲν οὖν δόξας ἀγροῖκός τις εἶναι καὶ καταγελασθεὶς
ὑπὸ τῶν βαρβάρων ἀπῆλθεν· ἐπεὶ δὲ καὶ δεύτερον ἐλθὼν ἐπὶ
θύρας οὐ παρείθη, βαρέως ἐνεγκὼν εἰς Ἔφεσον ᾤχετο, πολλὰ
μὲν ἐπαρώμενος κακὰ τοῖς πρώτοις ἐντρυφηθεῖσιν ὑπὸ
βαρβάρων καὶ διδάξασιν αὐτοὺς ὑβρίζειν διὰ πλοῦτον, (7)
ὀμνύων δὲ πρὸς τοὺς παρόντας ἦ μήν, ὅταν πρῶτον εἰς
Σπάρτην παραγένηται, πάντα ποιήσειν ὑπὲρ τοῦ διαλυθῆναι
τοὺς Ἕλληνας, ὡς φοβεροὶ τοῖς βαρβάροις εἶεν αὐτοὶ καὶ
παύσαιντο τῆς ἐκείνων ἐπ' ἀλλήλους δεόμενοι δυνάμεως.
| [6] Lysandre augmenta encore leur indisposition contre Callicratidas,
en renvoyant à Sardes ce qui restait de l'argent que Cyrus lui avait donné,
et en disant à Callicratidas d'aller lui-même le demander au roi, et de
pourvoir, en attendant, à l'entretien de ses troupes. Enfin, au moment de mettre à la
voile, il protesta publiquement qu'il remettait à son successeur une flotte qui était
maîtresse de la mer. Callicratidas, pour rabattre cette vaine fierté, qui n'était qu'une
ambition ridicule : « Eh bien! lui dit-il, que ne prenez-vous à gauche, par Samos,
pour venir à Milet me remettre votre flotte? Puisque nous sommes maîtres de la
mer, nous n'avons pas à craindre les ennemis qui sont dans Samos. » Lysandre lui
répliqua qu'il n'avait plus d'autorité, et que c'était à son successeur seul
qu'appartenait le commandement de la flotte; et, sans attendre la réponse de
Callicratidas, il fit voile pour le Péloponèse, laissant ce général dans le plus grand
embarras. Il n'avait point apporté d'argent de Lacédémone, et il ne pouvait se
résoudre à mettre des contributions forcées sur les villes, qu'il trouvait déjà trop
foulées. VII. Il ne lui restait donc que d'aller, comme avait fait Lysandre, à la porte
des généraux du roi, pour en solliciter. Mais personne n'était moins propre que lui à
cette démarche. Il avait une âme élevée et un grand amour de la liberté. Il trouvait
moins honteux pour des Grecs d'être battus par d'autres peuples de la Grèce, que
d'aller faire leur cour à des Barbares qui n'avaient d'autre mérite que de posséder
beaucoup d'or. Cédant enfin à la nécessité, il va en Lydie, se rend tout de suite au
palais de Cyrus, et prie un des gardes qui étaient à la porte d'aller dire à ce prince
que Callicratidas, amiral de la flotte lacédémonienne, est venu pour lui parler.
« Étranger, lui dit cet officier, Cyrus n'a pas le temps de vous recevoir; il est à table. —
Eh bien! reprit avec simplicité Callicratidas, j'attendrai qu'il en soit sorti. » A cette
réponse, les Barbares l'ayant pris pour un homme qui manquait de savoir-vivre, se
moquèrent de lui, et il se retira. Il se présenta chez Cyrus une seconde fois, et fut
encore refusé. Trop fier pour supporter cet affront, il s'en retourne à Éphèse, en
chargeant de malédictions ceux qui, les premiers, s'étaient avilis au point de se
laisser insulter par des Barbares, et les avaient autorisés à s'enorgueillir de leurs
richesses. Il jura devant ceux qui l'accompagnaient que son premier soin, en arrivant
à Sparte, serait de mettre tout en oeuvre pour terminer les différends des Grecs, afin
que, devenus redoutables aux Barbares, ils n'allassent plus mendier leurs secours
pour se détruire les uns les autres.
|