[4] πυθόμενος δὲ Κῦρον εἰς Σάρδεις ἀφῖχθαι τὸν βασιλέως
υἱόν, ἀνέβη διαλεξόμενος αὐτῷ καὶ Τισαφέρνου κατηγορήσων,
ὃς ἔχων πρόσταγμα Λακεδαιμονίοις βοηθεῖν καὶ τῆς θαλάσσης
ἐξελάσαι τοὺς Ἀθηναίους, ἐδόκει δι' Ἀλκιβιάδην ὑφιέμενος
ἀπρόθυμος εἶναι καὶ γλίσχρως χορηγῶν τὸ ναυτικὸν φθείρειν.
(2) ἦν δὲ καὶ Κύρῳ βουλομένῳ τὸν Τισαφέρνην ἐν αἰτίαις εἶναι
καὶ κακῶς ἀκούειν, πονηρὸν ὄντα καὶ πρὸς αὐτὸν ἰδίᾳ
διαφερόμενον. ἔκ τε δὴ τούτων καὶ τῆς ἄλλης συνδιαιτήσεως ὁ
Λύσανδρος ἀγαπηθεὶς καὶ τῷ θεραπευτικῷ μάλιστα τῆς
ὁμιλίας ἑλὼν τὸ μειράκιον ἐπέρρωσε πρὸς τὸν πόλεμον. (3) ἐπεὶ
δὲ ἀπαλλάττεσθαι βουλόμενον αὐτὸν ἑστιῶν ὁ Κῦρος ἠξίου μὴ
διωθεῖσθαι τὰς παρ' αὐτοῦ φιλοφροσύνας, ἀλλ' αἰτεῖν ὃ
βούλοιτο καὶ φράζειν ὡς οὐδενὸς ἁπλῶς ἀποτευξόμενον,
ὑπολαβὼν ὁ Λύσανδρος, “ἐπεὶ τοίνυν,” εἶπεν, “οὕτως ἔχεις, ὦ
Κῦρε, προθυμίας, αἰτοῦμαί σε καὶ παρακαλῶ προσθεῖναι τῷ
μισθῷ τῶν ναυτῶν ὀβολόν, ὅπως τετρώβολον ἀντὶ τριωβόλου
λαμβάνωσιν.” (4) ἡσθεὶς οὖν ὁ Κῦρος ἐπὶ τῇ φιλοτιμίᾳ τοῦ
ἀνδρὸς μυρίους αὐτῷ δαρεικοὺς ἔδωκεν, ἐξ ὧν ἐπιμετρήσας τὸν
ὀβολὸν τοῖς ναύταις καὶ λαμπρυνάμενος ὀλίγῳ χρόνῳ τὰς ναῦς
τῶν πολεμίων κενὰς ἐποίησεν. ἀπεφοίτων γὰρ οἱ πολλοὶ πρὸς
τοὺς πλέον διδόντας, οἱ δὲ μένοντες ἀπρόθυμοι καὶ στασιώδεις
ἐγίνοντο καὶ κακὰ παρεῖχον ὁσημέραι τοῖς στρατηγοῖς. (5) οὐ
μὴν ἀλλὰ καίπερ οὕτως περισπάσας καὶ κακώσας τοὺς
πολεμίους ὁ Λύσανδρος ὠρρώδει ναυμαχεῖν, δραστήριον ὄντα
τὸν Ἀλκιβιάδην καὶ νεῶν πλήθει περιόντα καὶ μάχας καὶ κατὰ
γῆν καὶ κατὰ θάλατταν εἰς ἐκεῖνο χρόνου πάσας ἀήττητον
ἠγωνισμένον δεδοικώς.
| [4] IV. Lysandre ayant appris que Cyrus, le fils du roi, était arrivé à Sardes,
alla le trouver, pour lui parler des affaires de la Grèce, et se plaindre de Tisapherne,
qui, ayant eu ordre de secourir Lacédémone et de chasser les Athéniens de la mer,
s'y portait froidement par amitié pour Alcibiade, et en
fournissant à peine des provisions à la flotte, était cause de sa perte. Cyrus, de son
côté, souhaitait qu'il y eût des plaintes contre Tisapherne, et qu'il fût généralement
décrié, parce que c'était un méchant homme, et d'ailleurs son ennemi particulier.
Lysandre plut donc au jeune prince par sa dénonciation contre ce satrape ; il se
rendit plus agréable encore par les charmes de sa conversation, et le captiva surtout
par son adresse à lui faire la cour, aussi le fortifia-t-il aisément dans le dessein qu'il
avait de continuer la guerre. Lorsqu'il fut près de partir, Cyrus, dans un souper qu'il
lui donnait, le pria de ne pas rejeter les témoignages de sa bienveillance, et de lui
demander tout ce qu'il voudrait, en l'assurant qu'il ne serait pas refusé. «Prince, lui
répondit Lysandre, puisque vous êtes si favorablement disposé pour moi, je vous
supplie d'ajouter une obole à la paye des matelots, afin qu'au lieu de trois oboles par
jour, ils en reçoivent quatre. » Cyrus, charmé de son désintéressement, lui
donna dix mille dariques, que Lysandre employa à distribuer aux matelots une
obole de plus par jour. Cette libéralité eut bientôt dégarni les galères des Athéniens,
car la plupart des matelots se rendaient sur la flotte, où ils étaient mieux payés; ceux
qui restaient, faisant lâchement le service et toujours prêts à se révolter, donnaient
beaucoup de mal à leurs capitaines. Cependant, quoique Lysandre, en enlevant ce
grand nombre d'hommes aux ennemis, eût considérablement diminué leurs forces, il
n'osait en venir à une bataille navale; il redoutait Alcibiade, dont il connaissait
l'activité, qui d'ailleurs avait une flotte plus nombreuse, et avait été jusqu'alors
invincible et sur terre et sur mer.
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