[28] ἤδη δὲ παντάπασι χαλεπὸς ὢν ὀργὴν διὰ τὴν
μελαγχολίαν ἐπιτείνουσαν εἰς γῆρας, παρώξυνε τοὺς ἐφόρους
καὶ συνέπεισε φῆναι φρουρὰν ἐπ' αὐτούς, καὶ λαβὼν τὴν
ἡγεμονίαν ἐξεστράτευσεν. ὕστερον δὲ καὶ Παυσανίαν τὸν
βασιλέα μετὰ στρατιᾶς ἀπέστειλαν. (2) ἀλλὰ Παυσανίας μὲν
κύκλῳ περιελθὼν διὰ τοῦ Κιθαιρῶνος ἐμβάλλειν ἔμελλεν εἰς
τὴν Βοιωτίαν, Λύσανδρος δὲ διὰ Φωκέων ἀπήντα στρατιώτας
ἔχων πολλούς· καὶ τὴν μὲν Ὀρχομενίων πόλιν ἑκουσίως
προσχωρήσασαν ἔλαβε, τὴν δὲ Λεβάδειαν ἐπελθὼν
διεπόρθησεν. ἔπεμψε δὲ τῷ Παυσανίᾳ γράμματα κελεύων εἰς
Ἁλίαρτον ἐκ Πλαταιῶν συνάπτειν, ὡς αὐτὸς ἅμ' ἡμέρᾳ πρὸς
τοῖς τείχεσι τῶν Ἁλιαρτίων γενησόμενος. ταῦτα τὰ γράμματα
πρὸς τοὺς Θηβαίους ἀπηνέχθη, τοῦ κομίζοντος εἰς
κατασκόπους τινὰς ἐμπεσόντος. (3) οἱ δὲ προσβεβοηθηκότων
αὐτοῖς Ἀθηναίων τὴν μὲν πόλιν ἐκείνοις διεπίστευσαν, αὐτοὶ δὲ
περὶ πρῶτον ὕπνον ἐξορμήσαντες ἔφθασαν ὀλίγῳ τὸν
Λύσανδρον ἐν Ἁλιάρτῳ γενόμενοι, καὶ μέρει τινὶ παρῆλθον εἰς
τὴν πόλιν. ἐκεῖνος δὲ τὸ μὲν πρῶτον ἔγνω τὴν στρατιὰν
ἱδρύσας ἐπὶ λόφου περιμένειν τὸν Παυσανίαν· ἔπειτα
προϊούσης τῆς ἡμέρας ἀτρεμεῖν οὐ δυνάμενος, λαβὼν τὰ ὅπλα
καὶ τοὺς συμμάχους παρορμήσας ὀρθίῳ τῇ φάλαγγι παρὰ τὴν
ὁδὸν ἦγε πρὸς τὸ τεῖχος. (4) τῶν δὲ Θηβαίων οἱ μὲν ἔξω
μεμενηκότες ἐν ἀριστερᾷ τὴν πόλιν λαβόντες ἐβάδιζον ἐπὶ τοὺς
ἐσχάτους τῶν πολεμίων ὑπὸ τὴν κρήνην τὴν Κισσοῦσαν
προσαγορευομένην, ἔνθα μυθολογοῦσι τὰς τιθήνας νήπιον ἐκ
τῆς λοχείας ἀπολοῦσαι τὸν Διόνυσον· καὶ γὰρ οἰνωπὸν
ἐπιστίλβει τὸ χρῶμα καὶ διαυγὲς καὶ πιεῖν ἥδιστον. οἱ δὲ
Κρήσιοι στύρακες οὐ πρόσω περιπεφύκασιν, ἃ τεκμήρια τῆς
Ῥαδαμάνθυος αὐτόθι κατοικήσεως Ἁλιάρτιοι ποιοῦνται, καὶ
τάφον αὐτοῦ δεικνύουσιν Ἀλεᾶ καλοῦντες. (5) ἔστι δὲ καὶ τὸ τῆς
Ἀλκμήνης μνημεῖον ἐγγύς· ἐνταῦθα γάρ, ὥς φασιν, ἐκηδεύθη
συνοικήσασα Ῥαδαμάνθυϊ μετὰ τὴν Ἀμφιτρύωνος τελευτήν. οἱ
δὲ ἐν τῇ πόλει Θηβαῖοι μετὰ τῶν Ἁλιαρτίων συντεταγμένοι
τέως μὲν ἡσύχαζον, ἐπεὶ δὲ τὸν Λύσανδρον ἅμα τοῖς πρώτοις
προσπελάζοντα τῷ τείχει κατεῖδον, ἐξαπίνης ἀνοίξαντες τὰς
πύλας καὶ προσπεσόντες αὐτόν τε μετὰ τοῦ μάντεως
κατέβαλον καὶ τῶν ἄλλων ὀλίγους τινάς· οἱ γὰρ πλεῖστοι
ταχέως ἀνέφυγον πρὸς τὴν φάλαγγα. (6) τῶν δὲ Θηβαίων οὐκ
ἀνιέντων, ἀλλὰ προσκειμένων αὐτοῖς, ἐτράποντο πάντες ἀνὰ
τοὺς λόφους φεύγειν, καὶ χίλιοι πίπτουσιν αὐτῶν. ἀπέθανον δὲ
καὶ Θηβαίων τριακόσιοι πρὸς τὰ τραχέα καὶ καρτερὰ τοῖς
πολεμίοις συνεκπεσόντες. οὗτοι δὲ ἦσαν ἐν αἰτίᾳ τοῦ
λακωνίζειν, ἣν σπουδάζοντες ἀπολύσασθαι τοῖς πολίταις καὶ
σφῶν αὐτῶν ἀφειδοῦντες ἐν τῇ διώξει παραναλώθησαν.
| [28] Comme il était d'un caractère très violent, et que sa mélancolie,
augmentée chaque jour par la vieillesse, l'irritait encore davantage,
il communiqua son ressentiment aux éphores, et leur persuada d'envoyer
une garnison dans la Phocide : il fut chargé de cette expédition, et partit à la tête des
troupes. Peu de jours après, on y envoya de Sparte Pausanias, avec le reste de
l'armée. Mais ce prince devait faire un grand circuit par le mont Cythéron pour
entrer dans la Béotie, tandis que Lysandre, avec un corps nombreux de troupes, irait
à sa rencontre par la Phocide. Dans sa marche, il prit Orchomène, qui se rendit
volontairement à lui; il s'empara de Lébadie, qu'il livra au pillage. De là il écrivit à
Pausanias de se rendre de Platée devant Haliarte, l'assurant que lui-même il
serait le lendemain, à la pointe du jour, au pied de ses murailles. Le courrier chargé
de cette lettre tomba entre les mains des coureurs ennemis, qui la portèrent à Thèbes.
Les Thébains, instruits de sa marche, confièrent aux Athéniens qui étaient venus à
leur secours la garde de leur ville; et, sortant eux-mêmes sur le minuit, ils prévinrent
de quelques heures l'arrivée de Lysandre devant Haliarte, et une partie de leurs
troupes entra dans la ville. Lysandre avait d'abord voulu camper sur une éminence
pour y attendre Pausanias ; mais voyant qu'il n'arrivait pas et que le jour s'avançait,
il ne put rester plus longtemps dans l'inaction; il fit prendre les armes aux Spartiates,
anima les alliés à bien faire, et s'approcha des murailles avec toutes ses troupes en
ordre de bataille. Ceux des Thébains qui étaient restés hors de la ville, prenant par la
gauche, tombèrent sur l'arrière-garde de Lysandre, au-dessous de la fontaine
Cissusa, dans laquelle, selon la Fable, les nourrices de Bacchus lavèrent ce dieu
aussitôt après sa naissance; l'eau de cette fontaine est d'une belle couleur de vin,
très limpide, et d'un excellent goût. Non loin de là croissent les cannes crétoises,
dont on fait les javelots; d'où les habitants d'Haliarte infèrent que Rhadamanthe
a autrefois habité ce pays : ils montrent même son tombeau, qu'ils ont appelé Haléa ;
on y voit aussi celui d'Alcmène, qui, après la mort d'Amphitryon, épousa
Rhadamanthe, et fut enterrée en ce lieu-là. XXXIV. Les Thébains qui étaient dans
la ville, s'étant rangés en bataille, se tinrent tranquilles jusqu'au moment où ils
virent Lysandre, avec ses premiers bataillons, s'approcher des murailles. Alors ils
ouvrent les portes, et tombent brusquement sur lui; il fut tué avec le devin qui
l'accompagnait et quelques-uns des siens; le reste se replia promptement vers le gros
de l'armée. Les Thébains, sans leur donner le temps de respirer, les poursuivirent
avec tant d'ardeur, qu'ils les obligèrent de fuir à travers les montagnes. Il y en eut
environ mille de tués ; il périt trois cents hommes du côté des Thébains, qui avaient
poursuivi les fuyards avec trop d'ardeur dans des lieux difficiles et escarpés. C'était
précisément ceux qu'on soupçonnait de favoriser les Lacédémoniens, et qui, pour se
laver de ce soupçon auprès de leurs concitoyens, ne se ménagèrent pas dans la
poursuite des ennemis, et y perdirent la vie.
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