| [26] ἦν γύναιον ἐν Πόντῳ κύειν ἐξ Ἀπόλλωνος φάμενον, ᾧ 
πολλοὶ μέν, ὡς εἰκὸς ἦν, ἠπίστουν, πολλοὶ δὲ καὶ προσεῖχον, 
ὥστε καὶ τεκούσης παιδάριον ἄρρεν ὑπὸ πολλῶν καὶ γνωρίμων 
σπουδάζεσθαι τὴν ἐκτροφὴν αὐτοῦ καὶ τὴν ἐπιμέλειαν. ὄνομα 
δὲ τῷ παιδὶ Σειληνὸς ἐκ δή τινος αἰτίας ἐτέθη. ταύτην λαβὼν ὁ 
Λύσανδρος ἀρχήν, τὰ λοιπὰ παρ' ἑαυτοῦ προσετεκταίνετο καὶ 
συνύφαινεν, οὐκ ὀλίγοις χρώμενος οὐδὲ φαύλοις τοῦ μύθου 
συναγωνισταῖς, (2) οἳ τήν τε φήμην τῆς γενέσεως τοῦ παιδὸς εἰς 
πίστιν ἀνυπόπτως προῆγον, ἄλλον τε λόγον ἐκ Δελφῶν 
ἀντικομίσαντες εἰς τὴν Σπάρτην κατέβαλον καὶ διέσπειραν, ὡς 
ἐν γράμμασιν ἀπορρήτοις ὑπὸ τῶν ἱερέων φυλάττοιντο 
παμπάλαιοι δή τινες χρησμοί, καὶ λαβεῖν οὐκ ἔξεστι τούτους 
οὐδ' ἐντυχεῖν θεμιτόν, εἰ μή τις ἄρα γεγονὼς ἐξ Ἀπόλλωνος 
ἀφίκοιτο τῷ πολλῷ χρόνῳ καὶ σύνθημα τοῖς φυλάττουσι τῆς 
γενέσεως γνώριμον παρασχὼν κομίσαιτο τὰς δέλτους ἐν αἷς 
ἦσαν οἱ χρησμοί. (3) τούτων δὲ προκατεσκευασμένων ἔδει τὸν 
Σειληνὸν ἐλθόντα τοὺς χρησμοὺς ἀπαιτεῖν ὡς Ἀπόλλωνος 
παῖδα, τοὺς δὲ συμπράττοντας τῶν ἱερέων ἐξακριβοῦν ἕκαστα 
καὶ διαπυνθάνεσθαι περὶ τῆς γενέσεως, τέλος δὲ πεπεισμένους 
δῆθεν ὡς Ἀπόλλωνος υἱῷ δεῖξαι τὰ γράμματα, τὸν δὲ 
ἀναγνῶναι πολλῶν παρόντων ἄλλας τε μαντείας καὶ ἧς ἕνεκα 
τἄλλα πέπλασται τὴν περὶ τῆς βασιλείας, ὡς ἄμεινον εἴη καὶ 
λώιον Σπαρτιάταις ἐκ τῶν ἀρίστων πολιτῶν αἱρουμένοις τοὺς 
βασιλέας. (4) ἤδη δὲ τοῦ Σειληνοῦ μειρακίου γεγονότος καὶ 
πρὸς τὴν πρᾶξιν ἥκοντος, ἐξέπεσε τοῦ δράματος ὁ Λύσανδρος 
ἀτολμία· τῶν ὑποκριτῶν καὶ συνεργῶν ἑνός, ὡς ἐπ' αὐτὸ τὸ 
ἔργον ἦλθεν, ἀποδειλιάσαντος καὶ ἀναδύντος. οὐ μὴν ἐφωράθη 
γε τοῦ Λυσάνδρου ζῶντος οὐθέν, ἀλλὰ μετὰ τὴν τελευτήν.
 | [26]  Il y avait dans le Pont une femme qui prétendit  être enceinte d'Apollon. Bien 
des gens refusèrent,  avec raison, d'ajouter foi à cette grossesse; mais  d'autres, en 
grand nombre, y crurent sur sa parole.  Elle acoucha d'un fils, que les personnes les 
plus  considérables briguèrent l'honneur de nourrir et  d'élever, et qui, je ne sais pour 
quelle raison, fut  appelé Silène. Lysandre saisit cet événement pour  en faire le 
premier acte de sa pièce, et il ourdit de lui-même le reste de l'intrigue. II eut pour 
acteurs du prologue plusieurs personnes d'un rang  distingué, qui accréditèrent la 
naissance divine de  cet enfant d'un air si naturel, qu'on n'y put soupçonner aucun 
artifice, et qu'ils préparèrent les  esprits à la croire. Ils semèrent aussi dans Sparte  
certains propos qui, disait-on, venaient de Delphes, et qui portaient que les prêtres 
du temple  conservaient avec soin, dans des livres très secrets,  des oracles fort 
anciens, qu'il n'était permis ni à  eux-mêmes, ni à toute autre personne de lire ou  de 
toucher ; mais qu'un fils d'Apollon, venant après  une longue suite de siècles, 
donnerait aux prêtres  dépositaires de ces livres sacrés des signes certains de sa 
naissance, et emporterait les livres où  étaient contenus ces oracles. XXXI. Les choses 
ainsi préparées, Silène devait  aller à Delphes, et, comme fils d'Apollon, demander  
les oracles aux prêtres, qui, gagnés par Lysandre,  auraient tout examiné 
scrupuleusement, et pris  sur la naissance de Silène les informations les  plus exactes. 
Enfin, ne doutant pas qu'il ne fût  véritablement fils d'Apollon, ils lui auraient montré 
ces livres, auraient lu publiquement les prédictions qu'ils contenaient, surtout celle 
qui était  le but de cette intrigue, et qui regardait la royauté  de Lacédémone; on y 
aurait vu qu'il était beaucoup plus avantageux pour les Spartiates de choisir 
désormais leurs rois parmi les citoyens les plus  vertueux. Silène, parvenu à 
l'adolescence, était  déjà arrivé en Grèce pour y jouer son rôle, lorsque Lysandre vit 
manquer sa pièce par la timidité  d'un des acteurs, qui, cédant à son extrême frayeur,  
l'abandonna au moment de l'exécution. Toute  cette intrigue resta dans le secret 
pendant la vie de  Lysandre, et ne fut découverte qu'après sa mort. 
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