| [25] πρῶτον μὲν οὖν ἐπεχείρησε καὶ παρεσκευάσατο πείθειν 
δι' ἑαυτοῦ τοὺς πολίτας, καὶ λόγον ἐξεμελέτα πρὸς τὴν 
ὑπόθεσιν γεγραμμένον ὑπὸ Κλέωνος τοῦ Ἁλικαρνασσέως. 
ἔπειτα τὴν ἀτοπίαν καὶ τὸ μέγεθος τοῦ καινοτομουμένου 
πράγματος ὁρῶν ἰταμωτέρας δεόμενον βοηθείας, ὥσπερ ἐν 
τραγῳδία μηχανὴν αἴρων ἐπὶ τοὺς πολίτας, (2) λόγια 
πυθόχρηστα καὶ χρησμοὺς συνετίθει καὶ κατεσκεύαζεν, ὡς 
οὐδὲν ὠφελησόμενος ὑπὸ τῆς Κλέωνος δεινότητος, εἰ μὴ φόβῳ 
θεοῦ τινι καὶ δεισιδαιμονίᾳ προεκπλήξας καὶ χειρωσάμενος 
ὑπαγάγοι πρὸς τὸν λόγον τοὺς πολίτας. (3) ἔφορος μὲν οὖν 
φησιν αὐτόν, ὡς τήν τε Πυθίαν ἐπιχειρήσας διαφθεῖραι καὶ τὰς 
Δωδωνίδας αὖθις ἀναπείθων διὰ Φερεκλέους ἀπέτυχεν, εἰς 
Ἄμμωνος ἀναβῆναι καὶ διαλέγεσθαι τοῖς προφήταις πολὺ 
χρυσίον διδόντα, τοὺς δὲ δυσχεραίνοντας εἰς Σπάρτην τινὰς 
ἀποστεῖλαι τοῦ Λυσάνδρου κατηγορήσοντας, ἐπεὶ δὲ ἀπελύθη, 
τοὺς Λίβυας ἀπιόντας εἰπεῖν· “ἀλλ' ἡμεῖς γε βέλτιον, ὦ 
Σπαρτιᾶται, κρινοῦμεν, ὅταν ἥκητε πρὸς ἡμᾶς εἰς Λιβύην 
οἰκήσοντες,” ὡς δὴ χρησμοῦ τινος ὄντος παλαιοῦ 
Λακεδαιμονίους ἐν Λιβύῃ κατοικῆσαι.
(4) τὴν δὲ ὅλην ἐπιβουλὴν καὶ σκευωρίαν τοῦ πλάσματος 
οὐ φαύλην οὖσαν οὐδὲ ἀφ' ὧν ἔτυχεν ἀρξαμένην, ἀλλὰ πολλὰς 
καὶ μεγάλας ὑποθέσεις, ὥσπερ ἐν διαγράμματι μαθηματικῷ, 
προσλαβοῦσαν καὶ διὰ λημμάτων χαλεπῶν καὶ δυσπορίστων 
ἐπὶ τὸ συμπέρασμα προϊοῦσαν, ἡμεῖς ἀναγράψομεν ἀνδρὸς 
ἱστορικοῦ καὶ φιλοσόφου λόγῳ κατακολουθήσαντες.
 | [25] Il voulut d'abord faire goûter son projet aux Lacédémoniens, 
et pour cela il  apprit par coeur un discours qu'avait composé 
à ce  dessein Cléon d'Halicarnasse. Mais ensuite, considérant qu'un 
changement si extraordinaire demandait des moyens plus hardis, il imita les poètes 
tragiques, qui ont souvent recours à des machines  pour amener le dénoûment. Il 
inventa, pour gagner ses concitoyens, des oracles et des prophéties, persuadé que 
l'éloquence de Cléon ne lui  servirait de rien, si, par la crainte de la divinité  et par le 
pouvoir de la superstition, il ne frappait  d'avance les esprits, et ne s'en rendait 
maître,  pour achever ensuite de les convaincre par le discours qu'il prononcerait. 
XXX. Éphore rapporte que Lysandre tenta d'abord de corrompre la Pythie; qu'ensuite 
il fit  sonder, par le moyen d'un certain Phéréclès, les  prêtresses de Dodone; que 
refusé partout, il alla  lui-même au temple d'Ammon, et offrit beaucoup  d'argent aux 
prêtres, qui, indignés de son audace,  envoyèrent des ambassadeurs à Sparte, pour 
l'accuser d'avoir voulu les corrompre. Lysandre fut  absous; et ces Libyens, étant sur 
le point de partir, dirent aux Spartiates : « Nous jugerons avec  plus de justice que 
vous, lorsque vous viendrez  vous établir en Libye. « C'est qu'il y avait un  ancien 
oracle qui portait que les Lacédémoniens  iraient un jour habiter cette contrée. Mais je 
dois  exposer ici toute la suite de cette intrigue, faire  connaître l'adresse que 
Lysandre mit dans une fiction où, loin d'employer des moyens communs et  des 
ressources vulgaires, il procéda comme dans  une démonstration géométrique, où 
l'on commence par établir plusieurs propositions importantes, pour arriver par des 
prémisses difficiles et  souvent obscures, au dernier terme de la conclusion. Voici 
cette trame telle que l'a décrite Éphore,  aussi habile historien que grand philosophe. 
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