| [23] εὐθὺς οὖν αὐτὸν ἐξώρμα καὶ προὔτρεπεν ὁ Λύσανδρος 
εἰς τὴν Ἀσίαν στρατεύειν, ὑποτιθεὶς ἐλπίδας ὡς καταλύσοντι 
Πέρσας καὶ μεγίστῳ γενησομένῳ, πρός τε τοὺς ἐν Ἀσίᾳ φίλους 
ἔγραψεν αἰτεῖσθαι κελεύων παρὰ Λακεδαιμονίων στρατηγὸν 
Ἀγησίλαον ἐπὶ τὸν πρὸς τοὺς βαρβάρους πόλεμον. (2) οἱ δὲ 
ἐπείθοντο καὶ πρέσβεις ἔπεμπον εἰς Λακεδαίμονα δεομένους· ὃ 
δοκεῖ τῆς βασιλείας οὐκ ἔλαττον Ἀγησιλάῳ καλὸν ὑπάρξαι διὰ 
Λύσανδρον. ἀλλ' αἱ φιλότιμοι φύσεις ἄλλως μὲν οὐ κακαὶ πρὸς 
τὰς ἡγεμονίας εἰσί, τὸ δὲ φθονεῖν τοῖς ὁμοίοις διὰ δόξαν οὐ 
μικρὸν ἐμπόδιον τῶν καλῶν πράξεων ἔχουσι· ποιοῦνται γὰρ 
ἀνταγωνιστὰς τῆς ἀρετῆς οἷς πάρεστι χρῆσθαι συνεργοῖς. (3) 
Ἀγησίλαος μὲν οὖν ἐπηγάγετο Λύσανδρον ἐν τοῖς τριάκοντα 
συμβούλοις ὡς μάλιστα καὶ πρώτῳ τῶν φίλων χρησόμενος· 
ἐπεὶ δὲ εἰς τὴν Ἀσίαν παραγενομένων πρὸς ἐκεῖνον μὲν οὐκ 
ἔχοντες οἱ ἄνθρωποι συνήθως βραχέα καὶ σπανίως διελέγοντο, 
τὸν δὲ Λύσανδρον ἐκ πολλῆς τῆς πρόσθεν ὁμιλίας οἵ τε φίλοι 
θεραπεύοντες οἵ τε ὕποπτοι δεδοικότες ἐφοίτων ἐπὶ θύρας καὶ 
παρηκολούθουν, (4) οἷον ἐν τραγῳδίαις ἐπιεικῶς συμβαίνει 
περὶ τοὺς ὑποκριτάς, τὸν μὲν ἀγγέλου τινὸς ἢ θεράποντος 
ἐπικείμενον πρόσωπον εὐδοκιμεῖν καὶ πρωταγωνιστεῖν, τὸν δὲ 
διάδημα καὶ σκῆπτρον φοροῦντα μηδὲ ἀκούεσθαι 
φθεγγόμενον, οὕτω περὶ τὸν σύμβουλον ἦν τὸ πᾶν ἀξίωμα τῆς 
ἀρχῆς, τῷ δὲ βασιλεῖ τοὔνομα τῆς δυνάμεως ἔρημον 
ἀπελείπετο. (5) γενέσθαι μὲν οὖν ἴσως ἔδει τινὰ τῆς ἐκμελοῦς 
ταύτης φιλοτιμίας ἐπαφὴν καὶ συσταλῆναι τὸν Λύσανδρον 
ἄχρι τῶν δευτερείων· τὸ δὲ παντελῶς ἀπορρῖψαι καὶ 
προπηλακίσαι διὰ δόξαν εὐεργέτην ἄνδρα καὶ φίλον οὐκ ἦν 
ἄξιον Ἀγησιλάῳ προσεῖναι. πρῶτον μὲν οὖν οὐ παρεῖχεν αὐτῷ 
πράξεων ἀφορμάς, οὐδὲ ἔταττεν ἐφ' ἡγεμονίας· ἔπειτα ὑπὲρ ὧν 
αἴσθοιτό τι πράττοντα καὶ σπουδάζοντα τὸν Λύσανδρον, ἀεὶ 
τούτους πάντων ἀπράκτους καὶ τῶν ἐπιτυχόντων ἔλαττον 
ἔχοντας ἀπέπεμπε, παραλύων ἡσυχῆ καὶ διαψύχων τὴν 
ἐκείνου δύναμιν. (6) ἐπεὶ δὲ τῶν πάντων διαμαρτάνων ὁ 
Λύσανδρος ἔγνω τοῖς φίλοις τὴν παρ' αὑτοῦ σπουδὴν 
ἐναντίωμα γινομένην, αὐτός τε τὸ βοηθεῖν ἐξέλιπε κἀκείνων 
ἐδεῖτο μὴ προσιέναι μηδὲ θεραπεύειν αὐτόν, ἀλλὰ τῷ βασιλεῖ 
διαλέγεσθαι καὶ τοῖς δυναμένοις ὠφελεῖν τοὺς τιμῶντας 
αὐτοὺς μᾶλλον ἐν τῷ παρόντι. (7) ταῦτα ἀκούοντες οἱ πολλοὶ 
τοῦ μὲν ἐνοχλεῖν αὐτὸν περὶ πραγμάτων ἀπείχοντο, τὰς δὲ 
θεραπείας οὐ κατέλιπον, ἀλλὰ προσφοιτῶντες ἐν τοῖς 
περιπάτοις καὶ γυμνασίοις ἔτι μᾶλλον ἢ πρότερον ἠνίων τὸν 
Ἀγησίλαον ὑπὸ φθόνου τῆς τιμῆς, ὥστε τοῖς πολλοῖς 
Σπαρτιάταις ἡγεμονίας πραγμάτων καὶ διοικήσεις πόλεων 
ἀποδιδοὺς τὸν Λύσανδρον ἀπέδειξε κρεοδαίτην. εἶτα οἷον 
ἐφυβρίζων πρὸς τοὺς Ἴωνας, “ἀπιόντες,” ἔφη, “νῦν τὸν ἐμὸν 
κρεοδαίτην θεραπευέτωσαν.” (8) ἔδοξεν οὖν τῷ Λυσάνδρῳ διὰ 
λόγων πρὸς αὐτὸν ἐλθεῖν· καὶ γίνεται βραχὺς καὶ Λακωνικὸς 
αὐτῶν διάλογος. “ἦ καλῶς ᾔδεις, ὦ Ἀγησίλαε, φίλους 
ἐλαττοῦν.” καὶ ὅς· “ἄν γε ἐμοῦ βούλωνται μείζονες εἶναι· τοὺς 
δὲ αὔξοντας τὴν ἐμὴν δύναμιν καὶ μετέχειν αὐτῆς δίκαιον.” (9) 
“ἀλλ' ἴσως μέν, ὦ Ἀγησίλαε, σοὶ λέλεκται κάλλιον ἢ ἐμοὶ 
πέπρακται· δέομαι δέ σου καὶ διὰ τοὺς ἐκτὸς ἀνθρώπους, οἳ 
πρὸς ἡμᾶς ἀποβλέπουσιν, ἐνταῦθά με τῆς σεαυτοῦ στρατηγίας 
τάξον, ὅπου τεταγμένον ἥκιστα μὲν ἐπαχθῆ, μᾶλλον δὲ 
χρήσιμον ἔσεσθαι σεαυτῷ νομίζεις.”
 | [23] XXVII. 
Le premier soin de Lysandre fut de l'engager à porter promptement la guerre en 
Asie;  de lui faire espérer qu' il détruirait l'empire des  Perses, et qu'il effacerait la 
gloire de tous les guerriers qui l'avaient précédé. En même temps il  écrivit à ses amis 
d'Asie de faire demander à Sparte  Agésilas pour général dans la guerre contre les  
Barbares. Empressés à lui complaire, ils envoient aussitôt des ambassadeurs à 
Lacédémone pour en  faire la demande. L'honneur que Lysandre procurait par là à 
Agésilas égalait presque celui de la  royauté; mais les caractères ambitieux, quoique  
d'ailleurs très capables de commander, trouvent,  dans la jalousie que leur inspire 
contre leurs égaux  l'amour de la gloire, un grand obstacle aux belles  actions qu'ils 
pourraient faire; ils ne voient que  des rivaux dans ceux qui les aideraient à parcourir  
avec honneur la carrière de la vertu. Agésilas mena  Lysandre avec lui; et des trente 
Spartiates qui formaient son conseil, c'était celui qu'il se proposait  de consulter le 
plus dans toutes ses affaires. XXVIÏI. Lorsqu'ils furent en Asie, les gens du  pays, qui 
n'avaient jamais eu d'habitude avec Agésilas, le voyaient rarement et lui parlaient 
peu.  Mais connaissant Lysandre depuis longtemps, ils  étaient tous les jours à sa 
porte et l'accompagnaient  souvent, les uns comme ses amis, les autres parce  qu'ils le 
craignaient. Il n'est pas rare de voir, parmi les acteurs tragiques, que celui qui joue le 
rôle  de courrier et d'esclave est applaudi et considéré  comme le premier 
personnage, tandis que celui  qui porte le diadème et le sceptre est à peine écouté.  Il 
en était de même d'Agésilas et de Lysandre :  celui-ci, qui n'était qu'un simple 
ministre, avait  toute la dignité du commandement; et on ne  laissait au roi qu'un titre 
sans puissance. Il fallait sans doute réprimer cette ambition excessive,  et réduire 
Lysandre au second rôle; mais de rejeter, de maltraiter même, par une rivalité de  
gloire, un bienfaiteur et un ami, c'est ce qu'Agésilas n'aurait jamais dû faire. D'abord, 
il ne lui  donna aucune occasion de se signaler, et ne le  chargea d'aucun 
commandement. En second lieu,  tous ceux pour qui Lysandre montrait de l'intérêt  
et du zèle, il les renvoyait sans leur rien accorder,  et les traitait moins bien que les 
derniers du peuple. Par là il diminuait, il détruisait insensiblement toute l'autorité de 
son rival. Quand Lysandre  vit qu'il était toujours refusé, et que son zèle pour  ses 
amis leur devenait nuisible, il suspendit toute  sollicitation pour eux auprès 
d'Agésilas, et les  pria de ne plus venir le voir, de ne plus s'attacher  à sa personne, 
mais de s'adresser directement au  roi, et de rechercher la protection de ceux qui,  
dans le moment présent, pouvaient être plus utiles  que lui à leurs clients. D'après ce 
conseil, ils cessèrent de l'importuner de leurs affaires, mais non de  le cultiver; ils n'en 
furent même que plus empressés à l'accompagner dans les promenades et dans  les 
lieux d'exercice. Cette conduite augmenta tellement la rivalité d'honneur qui 
tourmentait Agésilas, qu'après avoir conféré à de simples soldats  des 
commandements considérables et des gouvernements de villes, il chargea Lysandre 
de la distribution des viandes, et dit un jour, pour insulter les Ioniens : « Qu'ils aillent 
maintenant faire  la cour à mon commissaire des vivres. « Enfin,  Lysandre crut 
devoir lui parler; leur entretien fut  court et tout à fait laconique : "Agésilas, lui dit  
Lysandre, vous savez très bien rabaisser vos amis. — Oui, lui répondit Agésilas, 
quand ils  veulent être plus grands que moi; pour ceux qui  travaillent à augmenter 
ma puissance, je sais, comme il est juste, leur en faire part. — Mais, Agésilas, reprit 
Lysandre, on vous en a peut-être plus dit que je n'en ai fait. Au reste, à  cause des 
étrangers qui ont les yeux sur nous, donnez-moi, je vous prie, dans votre armée un  
poste et un rang où je vous sois le moins suspect  et le plus utile". 
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