[22] ἦν δὲ καὶ τῷ λόγῳ θρασὺς καὶ καταπληκτικὸς πρὸς τοὺς
ἀντιτείνοντας. Ἀργείοις μὲν γὰρ ἀμφιλογουμένοις περὶ γῆς
ὅρων καὶ δικαιότερα τῶν Λακεδαιμονίων οἰομένοις λέγειν
δείξας τὴν μάχαιραν, “ὁ ταύτης,” ἔφη, “κρατῶν βέλτιστα περὶ
γῆς ὅρων διαλέγεται.” Μεγαρέως δὲ ἀνδρὸς ἔν τινι συλλόγῳ
παρρησίᾳ χρησαμένου πρὸς αὐτόν, “οἱ λόγοι σου,” εἶπεν, “ὦ
ξένε, πόλεως δέονται.” (2) τοὺς δὲ Βοιωτοὺς ἐπαμφοτερίζοντας
ἠρώτα πότερον ὀρθοῖς τοῖς δόρασιν ἢ κεκλιμένοις διαπορεύηται
τὴν χώραν αὐτῶν. ἐπεὶ δὲ τῶν Κορινθίων ἀφεστώτων
παρερχόμενος πρὸς τὰ τείχη τοὺς Λακεδαιμονίους ἑώρα
προσβάλλειν ὀκνοῦντας, καὶ λαγώς τις ὤφθη διαπηδῶν τὴν
τάφρον, “οὐκ αἰσχύνεσθε,” ἔφη, “τοιούτους φοβούμενοι
πολεμίους, ὧν οἱ λαγωοὶ δι' ἀργίαν τοῖς τείχεσιν
ἐγκαθεύδουσιν;”
(3) ἐπεὶ δὲ Ἆγις ὁ βασιλεὺς ἐτελεύτησεν ἀδελφὸν μὲν
Ἀγησίλαον καταλιπών, υἱὸν δὲ νομιζόμενον Λεωτυχίδαν,
ἐραστὴς τοῦ Ἀγησιλάου γεγονὼς ὁ Λύσανδρος ἔπεισεν αὐτὸν
ἀντιλαμβάνεσθαι τῆς βασιλείας ὡς Ἡρακλείδην ὄντα γνήσιον.
ὁ γὰρ Λεωτυχίδας διαβολὴν εἶχεν ἐξ Ἀλκιβιάδου γεγονέναι,
συνόντος κρύφα τῇ Ἄγιδος γυναικὶ Τιμαίᾳ καθ' ὃν χρόνον
φεύγων ἐν Σπάρτῃ διέτριβεν.
(4) ὁ δὲ Ἆγις, ὥς φασι, χρόνου λογισμῷ τὸ πρᾶγμα
συνελών, ὡς οὐ κυήσειεν ἐξ αὐτοῦ, παρημέλει μέλει τοῦ
Λεωτυχίδου καὶ φανερὸς ἦν ἀναινόμενος αὐτὸν παρά γε τὸν
λοιπὸν χρόνον. ἐπεὶ δὲ νοσῶν εἰς Ἡραίαν ἐκομίσθη καὶ
τελευτᾶν ἔμελλε, τὰ μὲν ὑπ' αὐτοῦ τοῦ νεανίσκου, τὰ δὲ ὑπὸ
τῶν φίλων ἐκλιπαρηθεὶς ἐναντίον πολλῶν ἀπέφηνεν υἱὸν
αὑτοῦ τὸν Λεωτυχίδαν, καὶ δεηθεὶς τῶν παρόντων
ἐπιμαρτυρῆσαι ταῦτα πρὸς τοὺς Λακεδαιμονίους ἀπέθανεν. (5)
οὗτοι μὲν οὖν ἐμαρτύρουν ταῦτα τῷ Λεωτυχίδᾳ· τὸν δ'
Ἀγησίλαον λαμπρὸν ὄντα τἆλλα καὶ συναγωνιστῇ τῷ
Λυσάνδρῳ χρώμενον ἔβλαπτε Διοπείθης, ἀνὴρ εὐδόκιμος ἐπὶ
χρησμολογίᾳ, τοιόνδε μάντευμα προφέρων εἰς τὴν χωλότητα
τοῦ Ἀγησιλάου·
φράζεο δή, Σπάρτη, καίπερ μεγάλαυχος ἐοῦσα,
μὴ σέθεν ἀρτίποδος βλάστῃ χωλὴ βασιλεία.
δηρὸν γὰρ μόχθοι σε κατασχήσουσιν ἄελπτοι
φθισιβρότου τ' ἐπὶ κῦμα κυλινδόμενον πολέμοιο.
(6) πολλῶν οὖν ὑποκατακλινομένων πρὸς τὸ λόγιον καὶ
τρεπομένων πρὸς τὸν Λεωτυχίδαν, ὁ Λύσανδρος οὐκ ὀρθῶς ἔφη
τὸν Διοπείθη τὴν μαντείαν ὑπολαμβάνειν· οὐ γὰρ ἂν
προσπταίσας τις ἄρχῃ Λακεδαιμονίων, δυσχεραίνειν τὸν θεόν,
ἀλλὰ χωλὴν εἶναι τὴν βασιλείαν εἰ νόθοι καὶ κακῶς γεγονότες
βασιλεύσουσι σὺν Ἡρακλείδαις. τοιαῦτα λέγων καὶ δυνάμενος
πλεῖστον ἔπεισε, καὶ γίνεται βασιλεὺς Ἀγησίλαος.
| [22] Il est vrai qu'il était fier dans ses paroles et terrible à ceux qui lui résistaient.
Les Argiens disputaient contre les Spartiates pour les bornes de leurs territoires
respectifs, et se flattaient de donner de meilleures raisons que leurs adversaires :
« Celui qui est le plus fort avec celle-ci, leur dit Lysandre en leur montrant son épée,
raisonne mieux que tous les autres sur les limites des terres. » Un Mégarien lui
parlait dans une conférence avec beaucoup de hardiesse : "Mon ami, lui dit
Lysandre, vos paroles auraient besoin d'une ville. » Les Béotiens balançant à se
déclarer pour Lacédémone, il leur demanda comment ils voulaient qu'il passât sur
leurs terres, les piques hautes ou baissées. Lorsque les Corinthiens se furent
détachés de l'alliance de Sparte, il fit approcher ses troupes de leurs murailles; et
comme elles ne se pressaient pas d'aller à l'assaut, il vit un lièvre sortir des fossés :
« N'avez-vous pas honte, leur dit-il, de craindre des ennemis qui sont si lâches, que les
lièvres dorment tranquillement sur leurs murailles! » XXVI. Cependant le roi Agis
mourut, laissant un frère nommé Agésilas, et Léothychidas qu'on regardait comme
le fils de ce roi. Lysandre, qui avait fort aimé Agésilas dès sa jeunesse, lui conseilla
de revendiquer le trône, comme seul issu légitimement de la race des Héraclides.
Car Léothychidas passait pour le fils d'Alcibiade, qui, retiré à Sparte pendant son
bannissement d'Athènes, avait eu un commerce secret avec Timée, femme d'Agis.
Ce roi ayant jugé, dit-on, par l'époque de la grossesse de sa femme, que l'enfant
n'était pas de lui, n'avait témoigné aucun intérêt pour Léothychidas, et montra
même ouvertement, jusqu'à la fin de sa vie, qu'il ne l'avouait pas pour son fils. Dans
sa dernière maladie, il se fit porter à Héréa ; et comme il était sur le point de
mourir, pressé d'un côté par ce jeune homme, vaincu de l'autre par les instances de
ses amis, il déclara, en présence de plusieurs témoins, qu'il reconnaissait
Léothychidas pour son fils, et il mourut après avoir prié tous ceux qui étaient
présents de l'attester devant les Lacédémoniens. Ils déposèrent tous de ce fait en
faveur de Léothychidas; mais Agésilas, pour qui ses grandes qualités parlaient
hautement, soutenu d'ailleurs par le crédit de Lysandre, l'emportait déjà sur lui,
lorsque Diopithès, homme fort versé dans la connaissance des anciennes
prédictions, pensa le faire rejeter, en rapportant un oracle qu'il appliquait à Agésilas,
qui était boiteux : "Tremble, Lacédémone, au faîte de la gloire! Crains qu'un prince
boiteux, nuisant à tes succès, Par des maux imprévus n'arrête tes progrès, Et de
longs flots de sang ne souille ta victoire". La plupart des Spartiates, entraînés par
cet oracle, penchaient pour Léothychidas. Mais Lysandre leur représenta que
Diopithès ne prenait pas le vrai sens de l'oracle; que le dieu ne s'opposait pas à ce
qu'un boiteux régnât à Lacédémone; qu'il donnait seulement à entendre que la
royauté serait comme boiteuse, si des bâtards, si des gens indignes de la race
d'Hercule, venaient à régner sur les Héraclides. Cette interprétation, appuyée de son
autorité, fit revenir tout le monde à son opinion, et Agésilas fut déclaré roi.
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