[18] ὁ δὲ Λύσανδρος ἔστησεν ἀπὸ τῶν λαφύρων ἐν Δελφοῖς
αὑτοῦ χαλκῆν εἰκόνα καὶ τῶν ναυάρχων ἑκάστου καὶ χρυσοῦς
ἀστέρας τῶν Διοσκούρων, οἳ πρὸ τῶν Λευκτρικῶν
ἠφανίσθησαν. ἐν δὲ τῷ Βρασίδου καὶ Ἀκανθίων θησαυρῷ
τριήρης ἔκειτο διὰ χρυσοῦ πεποιημένη καὶ ἐλέφαντος δυεῖν
πηχῶν, ἣν Κῦρος αὐτῷ νικητήριον ἔπεμψεν. (2) Ἀναξανδρίδης
δὲ ὁ Δελφὸς ἱστορεῖ καὶ παρακαταθήκην ἐνταῦθα Λυσάνδρου
κεῖσθαι τάλαντον ἀργυρίου καὶ μνᾶς πεντήκοντα δύο καὶ πρὸς
τούτοις ἕνδεκα στατῆρας, οὐχ ὁμολογούμενα γράφων τοῖς περὶ
τῆς πενίας τοῦ ἀνδρὸς ὁμολογουμένοις. τότε δ' οὖν ὁ
Λύσανδρος ὅσον οὐδεὶς τῶν πρόσθεν Ἑλλήνων δυνηθεὶς ἐδόκει
φρονήματι καὶ ὄγκῳ μείζονι κεχρῆσθαι τῆς δυνάμεως. (3)
πρώτῳ μὲν γάρ, ὡς ἱστορεῖ Δοῦρις, Ἑλλήνων ἐκείνῳ βωμοὺς αἱ
πόλεις ἀνέστησαν ὡς θεῷ καὶ θυσίας ἔθυσαν, εἰς πρῶτον δὲ
παιᾶνες ᾔσθησαν, ὧν ἑνὸς ἀρχὴν ἀπομνημονεύουσι τοιάνδε·
τὸν Ἑλλάδος ἀγαθέας
στραταγὸν ἀπ' εὐρυχόρου
Σπάρτας ὑμνήσομεν, ὦ, ἰὴ Παιάν.
(4) σάμιοι δὲ τὰ παρ' αὐτοῖς Ἡραῖα Λυσάνδρεια καλεῖν
ἐψηφίσαντο. τῶν δὲ ποιητῶν Χοιρίλον μὲν ἀεὶ περὶ αὑτὸν εἶχεν
ὡς κοσμήσοντα τὰς πράξεις διὰ ποιητικῆς, Ἀντιλόχῳ δὲ
ποιήσαντι μετρίους τινὰς εἰς αὐτὸν στίχους ἡσθεὶς ἔδωκε
πλήσας ἀργυρίου τὸν πῖλον. Ἀντιμάχου δὲ τοῦ Κολοφωνίου καὶ
Νικηράτου τινὸς Ἡρακλεώτου ποιήμασι Λυσάνδρεια
διαγωνισαμένων ἐπ' αὐτοῦ τὸν Νικήρατον ἐστεφάνωσεν, ὁ δὲ
Ἀντίμαχος ἀχθεσθεὶς ἠφάνισε τὸ ποίημα. (5) Πλάτων δὲ νέος
ὢν τότε, καὶ θαυμάζων τὸν Ἀντίμαχον ἐπὶ τῇ ποιητικῇ, βαρέως
φέροντα τὴν ἧτταν ἀνελάμβανε καὶ παρεμυθεῖτο, τοῖς
ἀγνοοῦσι κακὸν εἶναι φάμενος τὴν ἄγνοιαν, ὥσπερ τὴν
τυφλότητα τοῖς μὴ βλέπουσιν. ἐπεὶ μέντοι ὁ κιθαρῳδὸς
Ἀριστόνους ἑξάκις Πύθια νενικηκὼς ἐπηγγέλλετο τῷ
Λυσάνδρῳ φιλοφρονούμενος, ἂν νικήσῃ πάλιν, Λυσάνδρου
κηρύξειν ἑαυτόν, “ἦ δοῦλον;” εἶπεν.
| [18] XXI. Lysandre employa le produit du butin à faire jeter en bronze sa
statue et celles de tous les capitaines de galère; elles furent placées dans le temple de
Delphes, avec deux étoiles d'or, qui désignaient Castor et Pollux, et qui disparurent
peu de temps avant la bataille de Leuctres. Dans le trésor de Brasidas et des
Acanthiens, il y avait une galère d'ivoire et d'or, des deux coudées de long, que
Cyrus avait envoyée à Lysandre, pour le féliciter de sa victoire. Alexandridas, de
Delphes, rapporte que Lysandre avait mis en dépôt, dans le temple, un talent
d'argent, cinquante-deux mines et onze statères; ce qui ne s'accorde pas avec ce que
tous les autres historiens disent de sa pauvreté. Ce qu'il y a de certain, c'est que
Lysandre, qui avait alors plus d'autorité qu'aucun autre Grec n'en avait eu avant lui,
se laissa aller à un faste et à une fierté qui surpassaient encore sa puissance. Il fut le
premier à qui, suivant l'historien Duris, les villes grecques dressèrent des autels
et offrirent des sacrifices comme à un dieu; il eut encore le premier l'honneur de voir
composer à sa louange des hymnes, dont l'une commençait ainsi : "Célébrons ce héros
environné de gloire, Dont le bras a guidé les Grecs à la victoire. Chantons, publions
ses exploits". Les Samiens ordonnèrent, par un décret public, que les fêtes de Junon
prendraient le nom de fêtes de Lysandre. Lui-même se faisait toujours
accompagner du poète Chérile, afin qu'il embellît des charmes de la poésie le
récit de ses actions. Le poète Antilochus ayant composé quelques vers à sa louange,
il en fut si ravi, qu'il lui donna son chapeau plein d'argent. Antimachus, de
Colophon et Nicératus, d'Héraclée, avaient fait chacun un poème qui portait
son nom, et ils disputèrent le prix devant lui. Lysandre l'adjugea à Nicératus ; et
Antimachus en fut si piqué, qu'il supprima son poème. Platon, alors fort jeune,
admirait le talent poétique d'Antimachus; et voyant combien il était sensible à sa
défaite, il lui dit, pour le consoler, que l'ignorance est pour l'esprit ce que
l'aveuglement est pour les yeux du corps. Enfin, le joueur de lyre Aristonoüs, qui
avait été six fois vainqueur aux jeux pythiques, voulant faire sa cour à Lysandre, lui
assura que s'il était encore une fois vainqueur, il se ferait proclamer l'esclave de
Lysandre.
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