[12] ἦσαν δέ τινες οἱ τοὺς Διοσκούρους ἐπὶ τῆς Λυσάνδρου
νεὼς ἑκατέρωθεν, ὅτε τοῦ λιμένος ἐξέπλει πρῶτον ἐπὶ τοὺς
πολεμίους, ἄστρα τοῖς οἴαξιν ἐπιλάμψαι λέγοντες. οἱ δὲ καὶ τὴν
τοῦ λίθου πτῶσιν ἐπὶ τῷ πάθει τούτῳ σημεῖόν φασι γενέσθαι·
κατηνέχθη γάρ, ὡς ἡ δόξα τῶν πολλῶν, ἐξ οὐρανοῦ
παμμεγέθης λίθος εἰς Αἰγὸς ποταμούς. καὶ δείκνυται μὲν ἔτι
νῦν, (2) σεβομένων αὐτὸν τῶν Χερρονησιτῶν· λέγεται δὲ
Ἀναξαγόραν προειπεῖν ὡς τῶν κατὰ τὸν οὐρανὸν ἐνδεδεμένων
σωμάτων, γενομένου τινὸς ὀλισθήματος ἢ σάλου, ῥῖψις ἔσται
καὶ πτῶσις ἑνὸς ἀπορραγέντος· εἶναι δὲ καὶ τῶν ἄστρων
ἕκαστον οὐκ ἐν ᾗ πέφυκε χώρᾳ· λιθώδη γὰρ ὄντα καὶ βαρέα
λάμπειν μὲν ἀντερείσει καὶ περικλάσει τοῦ αἰθέρος, ἕλκεσθαι
δὲ ὑπὸ βίας σφιγγόμενα δίνῃ καὶ τόνῳ τῆς περιφορᾶς, ὥς που
καὶ τὸ πρῶτον ἐκρατήθη μὴ πεσεῖν δεῦρο, τῶν ψυχρῶν καὶ
βαρέων ἀποκρινομένων τοῦ παντός. Ἔστι δέ τις πιθανωτέρα
δόξα ταύτης, (3) εἰρηκότων ἐνίων ὡς οἱ διᾴττοντες ἀστέρες οὐ
ῥύσις εἰσὶν οὐδ' ἐπινέμησις αἰθερίου πυρὸς ἐν ἀέρι
κατασβεννυμένου περὶ τὴν ἔξαψιν αὐτήν, οὐδὲ ἀέρος εἰς τὴν
ἄνω χώραν πλήθει λυθέντος ἔκπρησις καὶ ἀνάφλεξις, ῥῖψις δὲ
καὶ πτῶσις οὐρανίων σωμάτων οἷον ἐνδόσει τινὶ τόνου καὶ
περιτρόπου κινήσεως ἐκπαλῶν φερομένων οὐ πρὸς τὸν
οἰκούμενον τόπον τῆς γῆς, ἀλλὰ τῶν πλείστων ἐκτὸς εἰς τὴν
μεγάλην ἐκπιπτόντων θάλατταν· διὸ καὶ λανθάνουσι. (4) τῷ δ'
Ἀναξαγόρᾳ μαρτυρεῖ καὶ Δαΐμαχος ἐν τοῖς Περὶ εὐσεβείας,
ἱστορῶν ὅτι πρὸ τοῦ πεσεῖν τὸν λίθον ἐφ' ἡμέρας ἑβδομήκοντα
καὶ πέντε συνεχῶς κατὰ τὸν οὐρανὸν ἑωρᾶτο πύρινον σῶμα
παμμέγεθες, ὥσπερ νέφος φλογοειδές, οὐ σχολάζον, ἀλλὰ
πολυπλόκους καὶ κεκλασμένας φορὰς φερόμενον, ὥστε ὑπὸ
σάλου καὶ πλάνης ἀπορρηγνύμενα πυροειδῆ σπάσματα
φέρεσθαι πολλαχοῦ καὶ ἀστράπτειν, ὥσπερ οἱ διᾴττοντες
ἀστέρες. (5) ἐπεὶ δὲ ἐνταῦθα τῆς γῆς ἔβρισε καὶ παυσάμενοι
φόβου καὶ θάμβους οἱ ἐπιχώριοι συνῆλθον, ὤφθη πυρὸς μὲν
οὐδὲν ἔργον οὐδ' ἴχνος τοσοῦτο,λίθος δὲ κείμενος, ἄλλως μὲν
μέγας, οὐθὲν δὲ μέρος, ὡς εἰπεῖν, ἐκείνης τῆς πυροειδοῦς
περιοχῆς ἔχων. ὅτι μὲν οὖν εὐγνωμόνων ὁ Δαΐμαχος ἀκροατῶν
δεῖται δῆλός ἐστιν· εἰ δὲ ἀληθὴς ὁ λόγος, (6) ἐξελέγχει κατὰ
κράτος τοὺς φάσκοντας ἔκ τινος, ἀκρωρείας ἀποκοπεῖσαν
πνεύμασι καὶ ζάλαις πέτραν, ὑποληφθεῖσαν δ' ὥσπερ οἱ
στρόβιλοι, καὶ φερομένην, ᾗ πρῶτον ἐνέδωκε καὶ διελύθη τὸ
περιδινῆσαν, ἐκριφῆναι καὶ πεσεῖν. (7) εἰ μὴ νὴ Δία πῦρ μὲν ἦν
ὄντως τὸ φαινόμενον ἐπὶ πολλὰς ἡμέρας, σβέσις δὲ καὶ φθορὰ
μεταβολὴν ἀέρι παρέσχεν εἰς πνεύματα βιαιότερα καὶ κινήσεις,
ὑφ' ὧν συνέτυχε καὶ τὸν λίθον ἐκριφῆναι. ταῦτα μὲν οὖν ἑτέρῳ
γένει γραφῆς διακριβωτέον.
| [12] et l'on assure que lorsque la flotte lacédémonienne sortit du port
pour aller contre l'ennemi, on vit briller, aux deux côtés du gouvernail de la
galère de Lysandre, les deux étoiles des Dioscures. D'autres prétendent que la
chute d'une pierre, qui arriva dans ce lieu même, fut le présage de cette défaite; car
c'est une opinion générale, qu'il tomba du ciel sur la côte d'Égos-Potamos une
grosse pierre qu'on montre encore aujourd'hui, et dont tous les habitants de la
Chersonèse ont fait un objet de vénération. On dit même qu'Anaxagoras avait
prédit qu'un des astres attachés à la voûte céleste en serait un jour arraché par un
fort ébranlement et une violente secousse, et qu'il tomberait sur la terre. Les astres,
selon ce philosophe, n'occupent plus aujourd'hui les espaces dans lesquels ils furent
d'abord placés : comme ils sont d'une substance pierreuse, et qu'ils ont beaucoup de
pesanteur, ils ne brillent que par la réflexion et la réfraction de l'éther; ils sont
retenus dans les régions supérieures de l'univers par la révolution rapide du ciel, qui
les y poussa dès la formation du monde, lorsque la violence du tourbillon, qui fit la
séparation des corps froids et pesants d'avec les autres substances de l'univers, les
empêcha de se détacher de ces régions élevées où elle les retient encore. Mais
une opinion plus vraisemblable, c'est que les étoiles qu'on appelle tombantes ne
sont, suivant quelques philosophes, ni des fusions, ni des séparations du feu éthéré,
qui s'éteignent dans les airs au même moment qu'elles s'y enflamment; moins encore
des embrasements de l'air, qui, condensé en trop grande masse, s'échappe vers les
régions supérieures, et s'y enflamme : ce sont de vrais corps célestes qui, détachés
du ciel par les secousses que leur font éprouver ou l'affaiblissement de la révolution
rapide de l'univers, ou quelque autre mouvement extraordinaire, tombent sur la
terre, non dans les lieux habités, mais le plus souvent dans la grande mer Océane,
où ils disparaissent à nos yeux. Cependant l'opinion d'Anaxagoras est confirmée
par Damachus, qui, dans son Traité de la religion, rapporte qu'avant la chute de
cette pierre, on vit sans interruption dans le ciel, pendant soixante-quinze jours, un
globe de feu d'une très grande étendue, semblable à un nuage enflammé, qui n'était
point fixe à la même place, mais qui, flottant de divers côtés par des mouvements
contraires et irréguliers, était poussé avec tant de violence, qu'il s'en détachait des
parties enflammées, qui, portées çà et là, jetaient des éclairs pareils a ceux des étoiles
tombantes. Lorsque ce globe fut tombé sur la côte de l'Hellespont, et que les
habitants du pays, revenus de leur frayeur, eurent accouru pour l'examiner, ils n'y
trouvèrent aucun indice, aucune trace de feu; ils ne virent qu'une pierre immobile,
qui, quoique assez grande, paraissait à peine une très petite portion du globe de feu
qu'on avait vu d'abord. Tout le monde sent combien Damachus a besoin ici de
lecteurs indulgents; mais si son récit est vrai, c'est une réfutation victorieuse de
l'opinion de ceux qui prétendent que cette pierre était une masse de rocher qui,
arrachée par la violence d'un vent orageux de la cime d'une montagne, et portée
dans les airs tant que dura la force du tourbillon, tomba au premier endroit où ce
mouvement rapide vint à se ralentir. On pourrait dire aussi que ce globe qui parut
dans le ciel pendant plusieurs jours, était réellement enflammé, et qu'ensuite, en
s'éteignant et se dissipant dans l'atmosphère, il y causa un changement
extraordinaire, excita des vents impétueux et des secousses violentes, qui
détachèrent cette pierre et la lancèrent sur la terre. Mais cette discussion convient à
des ouvrages d'un autre genre.
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