[13] ὁ δὲ Λύσανδρος, ἐπεὶ τῶν τρισχιλίων Ἀθηναίων, οὓς
ἔλαβεν αἰχμαλώτους, ὑπὸ τῶν συνέδρων θάνατος κατέγνωστο,
καλέσας Φιλοκλέα τὸν στρατηγὸν αὐτῶν ἠρώτησεν τίνα
τιμᾶται δίκην ἑαυτῷ τοιαῦτα περὶ Ἑλλήνων συμβεβουλευκὼς
λευκὼς τοῖς πολίταις. (2) ὁ δὲ οὐδέν τι πρὸς τὴν συμφορὰν
ἐνδοὺς ἐκέλευσε μὴ κατηγορεῖν ὧν οὐδείς ἐστι δικαστής, ἀλλὰ
νικῶντα πράττειν ἅπερ ἂν νικηθεὶς ἔπασχεν· εἶτα λουσάμενος
καὶ λαβὼν χλανίδα λαμπρὰν πρῶτος ἐπὶ τὴν σφαγὴν ἡγεῖτο
τοῖς πολίταις, ὡς ἱστορεῖ Θεόφραστος. ἐκ δὲ τούτου πλέων ὁ
Λύσανδρος ἐπὶ τὰς πόλεις Ἀθηναίων μὲν οἷς ἐπιτύχοι ἐκέλευε
πάντας εἰς Ἀθήνας ἀπιέναι· φείσεσθαι γὰρ οὐδενός, ἀλλ'
ἀποσφάξειν ὃν ἂν ἔξω λάβῃ τῆς πόλεως. (3) ταῦτα δ' ἔπραττε
καὶ συνήλαυνεν ἅπαντας εἰς τὸ ἄστυ βουλόμενος ἐν τῇ πόλει
ταχὺ λιμὸν ἰσχυρὸν γενέσθαι καὶ σπάνιν, ὅπως μὴ πράγματα
παράσχοιεν αὐτῷ τὴν πολιορκίαν εὐπόρως ὑπομένοντες.
καταλύων δὲ τοὺς δήμους καὶ τὰς ἄλλας πολιτείας, ἕνα μὲν
ἁρμοστὴν ἑκάστῃ Λακεδαιμόνιον κατέλιπε, δέκα δὲ ἄρχοντας
ἐκ τῶν ὑπ' αὐτοῦ συγκεκροτημένων κατὰ πόλιν ἑταιρειῶν. (4)
καὶ ταῦτα πράττων ὁμοίως ἔν τε ταῖς πολεμίαις καὶ ταῖς
συμμάχοις γεγενημέναις πόλεσι, παρέπλει σχολαίως, τρόπον
τινὰ κατασκευαζόμενος ἑαυτῷ τὴν τῆς Ἑλλάδος ἡγεμονίαν.
οὔτε γὰρ ἀριστίνδην οὔτε πλουτίνδην ἀπεδείκνυε τοὺς
ἄρχοντας, ἀλλ' ἑταιρείαις καὶ ξενίαις χαριζόμενος τὰ
πράγματα καὶ κυρίους ποιῶν τιμῆς τε καὶ κολάσεως, πολλαῖς
δὲ παραγινόμενος αὐτὸς σφαγαῖς καὶ συνεκβάλλων τοὺς τῶν
φίλων ἐχθρούς, οὐκ ἐπιεικὲς ἐδίδου τοῖς Ἕλλησι δεῖγμα τῆς
Λακεδαιμονίων ἀρχῆς, (5) ἀλλὰ καὶ ὁ κωμικὸς Θεόπομπος
ἔοικε ληρεῖν ἀπεικάζων τοὺς Λακεδαιμονίους ταῖς καπηλίσιν,
ὅτι τοὺς Ἕλληνας ἥδιστον ποτὸν τῆς ἐλευθερίας γεύσαντες
ὄξος ἐνέχεαν· εὐθὺς γὰρ ἦν τὸ γεῦμα δυσχερὲς καὶ πικρόν, οὔτε
τοὺς δήμους κυρίους τῶν πραγμάτων ἐῶντος εἶναι τοῦ
Λυσάνδρου, καὶ τῶν ὀλίγων τοῖς θρασυτάτοις καὶ
φιλονεικοτάτοις τὰς πόλεις ἐγχειρίζοντος.
| [13] XV. Le conseil de guerre ayant prononcé une sentence de mort
contre les trois mille prisonniers faits sur les Athéniens,
Lysandre appela Philoclès, l'un des généraux, et lui demanda à quelle peine il se
condamnait lui-même, pour le décret qu'il avait fait prononcer à Athènes contre les
prisonniers grecs. Philoclès, dont le malheur n'avait point abattu le courage, lui
répondit avec fierté de ne pas accuser des gens qui n'avaient point de juges, et de
profiter de sa victoire pour traiter les vaincus comme il le serait lui-même, s'il était à
leur place. Aussitôt il va se mettre au bain, se couvre ensuite d'un riche manteau, et
marchant le premier au supplice, suivant le récit de Théophraste, il montre le chemin
à ses concitoyens. Après cette exécution, Lysandre parcourut avec sa flotte les villes
maritimes, et obligea tous les Athéniens qu'il y trouva de se retirer dans Athènes, en
leur déclarant qu'il ne ferait grâce à aucun de ceux qu'il surprendrait hors de leur
ville, et qu'ils seraient tous égorgés. Il voulait, en les renfermant dans Athènes,
affamer plus promptement la ville, afin que, manquant de provisions pour soutenir
un long siége, elle fit plus tôt réduite. A mesure qu'il passait dans les villes, il y
détruisait la démocratie et les autres formes de gouvernement, qu'il remplaçait par
un harmoste lacédémonien, et dix archontes tirés des sociétés qu'il y avait
formées.Il traitait également toutes les villes, ennemies ou alliées; et naviguant à
loisir le long des côtes, il semblait se préparer une sorte de domination sur toute la
Grèce. Car ce n'était ni la noblesse ni la fortune qui le guidaient dans le choix des
magistrats; il confiait toutes les dignités à des hommes pris dans ces associations
qu'il avait établies, et leur donnait tout pouvoir de punir et de récompenser à leur
gré. Il assistait souvent au supplice des proscrits, chassait tous les ennemis de ceux
qui lui étaient dévoués, et donnait aux Grecs un avant-goût peu agréable du
gouvernement lacédémonien. Le poète comique Théopompe a donc l'air de
plaisanter, lorsque, comparant les Lacédémoniens aux cabaretiers, il dit qu'après
avoir fait goûter aux Grecs le doux breuvage de la liberté, ils leur avaient ensuite
versé du vinaigre. Au contraire, le premier essai qu'ils firent de leur gouvernement
fut plein d'aigreur et d'amertume; car Lysandre ne laissa dans aucune ville le peuple
à la tête des affaires, et il confia partout l'autorité au petit nombre des nobles les
plus audacieux et les plus violents.
|