| [8] (1) Δεύτερον δὲ τῶν Λυκούργου 
πολιτευμάτων καὶ νεανικώτατον ὁ τῆς γῆς ἀναδασμός ἐστι. (2) δεινῆς γὰρ οὔσης 
ἀνωμαλίας καὶ πολλῶν ἀκτημόνων καὶ ἀπόρων ἐπιφερομένων τῇ πόλει, τοῦ δὲ πλούτου 
παντάπασιν εἰς ὀλίγους συνερρυηκότος, (3) ὕβριν καὶ φθόνον καὶ κακουργίαν καὶ τρυφὴν 
καὶ τὰ τούτων ἔτι πρεσβύτερα καὶ μείζω νοσήματα πολιτείας, πλοῦτον καὶ πενίαν, 
ἐξελαύνων, συνέπεισε τὴν χώραν ἅπασαν εἰς μέσον θέντας ἐξ ἀρχῆς ἀναδάσασθαι, καὶ 
ζῆν μετ´ ἀλλήλων ἅπαντας ὁμαλεῖς καὶ ἰσοκλήρους τοῖς βίοις γενομένους, τὸ δὲ 
πρωτεῖον ἀρετῇ μετιόντας, (4) ὡς ἄλλης ἑτέρῳ πρὸς ἕτερον οὐκ οὔσης διαφορᾶς οὐδὲ 
ἀνισότητος, πλὴν ὅσην αἰσχρῶν ψόγος ὁρίζει καὶ καλῶν ἔπαινος. (5) Ἐπάγων δὲ τῷ λόγῳ 
τὸ ἔργον ἔνειμε τὴν μὲν ἄλλην τοῖς περιοίκοις Λακωνικὴν τρισμυρίους κλήρους, τὴν 
δὲ εἰς τὸ ἄστυ τὴν Σπάρτην συντελοῦσαν ἐνακισχιλίους· τοσοῦτοι γὰρ ἐγένοντο 
κλῆροι Σπαρτιατῶν· (6) ἔνιοι δέ φασι τὸν μὲν Λυκοῦργον ἑξακισχιλίους νεῖμαι, 
τρισχιλίους δὲ μετὰ ταῦτα προσθεῖναι Πολύδωρον· οἱ δὲ τοὺς μὲν ἡμίσεις τῶν 
ἐνακισχιλίων τοῦτον, τοὺς δὲ ἡμίσεις Λυκοῦργον. (7) ὁ δὲ κλῆρος ἦν ἑκάστου τοσοῦτος 
ὥστε ἀποφορὰν φέρειν ἀνδρὶ μὲν ἑβδομήκοντα κριθῶν μεδίμνους, γυναικὶ δὲ δώδεκα, 
καὶ τῶν ὑγρῶν καρπῶν ἀναλόγως τὸ πλῆθος. (8) ἀρκέσειν γὰρ ᾤετο τοσοῦτον αὐτοῖς, τῆς 
τροφῆς πρὸς εὐεξίαν καὶ ὑγείαν ἱκανῆς, ἄλλου δὲ μηδενὸς δεησομένοις. (9) λέγεται δ´ 
αὐτὸν ὕστερόν ποτε χρόνῳ τὴν χώραν διερχόμενον ἐξ ἀποδημίας ἄρτι τεθερισμένην, 
ὁρῶντα τοὺς σωροὺς παραλλήλους καὶ ὁμαλεῖς, μειδιᾶσαι, καὶ εἰπεῖν πρὸς τοὺς 
παρόντας ὡς ἡ Λακωνικὴ φαίνεται πᾶσα πολλῶν ἀδελφῶν εἶναι νεωστὶ νενεμημένων. 
 | [8] (1) La deuxième des réformes politiques de Lycurgue, et la plus audacieuse, fut le partage 
des terres. (2) Il régnait à cet égard une terrible inégalité, et l’on trouvait dans la ville 
beaucoup de personnes dénuées de propriétés et de ressources, la richesse étant absolument 
concentrée en un petit nombre de mains. (3) Pour bannir l’orgueil, l’envie, la malfaisance, la 
débauche et des maux plus invétérés encore et plus grands pour l’État, la pauvreté et la 
richesse, Lycurgue décida ses concitoyens à mettre toutes les terres en commun et à en opérer la 
redistribution. Ils vivraient ainsi désormais les uns avec les autres, sans exception, sur un pied 
d’égalité, ayant chacun le même lot de terre, et, par conséquent, les mêmes moyens d’existence. 
Ils ne chercheraient la supériorité que dans la vertu, (4) puisqu’il n’y aurait pas d’autres 
différences, ni d’autres inégalités que celles que déterminent le blâme du vice et l’éloge du 
bien. (5) Joignant l’acte à la parole, il partagea entre les périèques la terre de Laconie, divisée 
en trente mille parts. Du territoire de Sparte proprement dit, il fit neuf mille parts: c’est, en 
effet, à ce chiffre que montaient les propriétés des Spartiates natifs. (6) Quelques historiens 
affirment pourtant que Lycurgue avait attribué six mille parts, et qu’ensuite Polydore en ajouta 
trois mille; les autres, que Lycurgue distribua la première moitié des neuf mille, et Polydore, 
l’autre. (7) Le lot de chaque propriétaire était assez grand pour rapporter à un homme soixante-
dix médimnes d’orge, à une femme, douze, avec une récolte proportionnée de fruits et de 
légumes; (8) car, aux yeux de Lycurgue, ces quantités devaient suffire pour maintenir les 
Lacédémoniens en vigueur et en bonne santé, et il ne leur fallait rien de plus. (9) On dit que, par 
la suite, revenant de voyage après la moisson, il sourit en voyant les meules de grains 
parallèles et égales, et dit aux personnes présentes: "On voit bien que la Laconie appartient tout 
entière à beaucoup de frères qui viennent de se la partager! »
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