[22] (1) Τότε δὲ καὶ τοῖς νέοις τὰ σκληρότατα τῆς ἀγωγῆς ἐπανιέντες, οὐκ
ἐκώλυον καλλωπίζεσθαι περὶ κόμην καὶ κόσμον ὅπλων καὶ ἱματίων, χαίροντες, ὥσπερ
ἵπποις, γαυριῶσι καὶ φρυαττομένοις πρὸς τοὺς ἀγῶνας. (2) διὸ κομῶντες εὐθὺς ἐκ τῆς
τῶν ἐφήβων ἡλικίας, μάλιστα περὶ τοὺς κινδύνους ἐθεράπευον τὴν κόμην λιπαράν τε
φαίνεσθαι καὶ διακεκριμένην, ἀπομνημονεύοντές τινα καὶ Λυκούργου λόγον περὶ τῆς
κόμης, ὅτι τοὺς μὲν καλοὺς εὐπρεπεστέρους ποιεῖ, τοὺς δὲ αἰσχροὺς φοβερωτέρους.
(3) ἐχρῶντο δὲ καὶ γυμνασίοις μαλακωτέροις παρὰ τὰς στρατείας, καὶ τὴν ἄλλην δίαιταν
οὐχ οὕτω κεκολασμένην οὐδ´ ὑπεύθυνον τοῖς νέοις παρεῖχον, ὥστε μόνοις ἀνθρώπων
ἐκείνοις τῆς εἰς τὸν πόλεμον ἀσκήσεως ἀνάπαυσιν εἶναι τὸν πόλεμον. (4) ἤδη δὲ
συντεταγμένης τῆς φάλαγγος αὐτῶν καὶ τῶν πολεμίων παρόντων, ὁ βασιλεὺς ἅμα τήν
τε χίμαιραν ἐσφαγιάζετο καὶ στεφανοῦσθαι παρήγγελλε πᾶσι καὶ τοὺς αὐλητὰς αὐλεῖν
ἐκέλευε τὸ Καστόρειον μέλος· (5) ἅμα δ´ ἐξῆρχεν ἐμβατηρίου παιᾶνος, ὥστε σεμνὴν ἅμα
καὶ καταπληκτικὴν τὴν ὄψιν εἶναι, ῥυθμῷ τε πρὸς τὸν αὐλὸν ἐμβαινόντων καὶ μήτε
διάσπασμα ποιούντων ἐν τῇ φάλαγγι μήτε ταῖς ψυχαῖς θορυβουμένων, ἀλλὰ πρᾴως καὶ
ἱλαρῶς ὑπὸ τοῦ μέλους ἀγομένων ἐπὶ τὸν κίνδυνον. (6) οὔτε γὰρ φόβον οὔτε θυμὸν
ἐγγίνεσθαι πλεονάζοντα τοῖς οὕτω διακειμένοις εἰκός ἐστιν, ἀλλ´ εὐσταθὲς φρόνημα
μετ´ ἐλπίδος καὶ θράσους, ὡς τοῦ θεοῦ συμπαρόντος. (7) Ἐχώρει δὲ ὁ βασιλεὺς ἐπὶ τοὺς
πολεμίους ἔχων μεθ´ ἑαυτοῦ στεφανίτην ἀγῶνα νενικηκότα. (8) καί φασί γέ τινα
χρημάτων πολλῶν ἐν Ὀλυμπίοις διδομένων αὐτῷ μὴ δεξάμενον, ἀλλὰ πολλῷ πόνῳ
καταπαλαίσαντα τὸν ἀνταγωνιστήν, ὥς τις εἶπεν αὐτῷ, "Τί σοι πλέον, ὦ Λάκων,
γέγονε διὰ τῆς νίκης;" φάναι μειδιάσαντα, "Πρὸ τοῦ βασιλέως τεταγμένος μαχοῦμαι
τοῖς πολεμίοις." (9) τρεψάμενοι δὲ καὶ νικήσαντες ἐδίωκον ὅσον ἐκβεβαιώσασθαι τὸ
νίκημα τῇ φυγῇ τῶν πολεμίων, εἶτα εὐθὺς ἀνεχώρουν, οὔτε γενναῖον οὔτε Ἑλληνικὸν
ἡγούμενοι κόπτειν καὶ φονεύειν ἀπολεγομένους καὶ παρακεχωρηκότας. (10) ἦν δὲ οὐ μόνον
καλὸν τοῦτο καὶ μεγαλόψυχον, ἀλλὰ καὶ χρήσιμον. εἰδότες γὰρ οἱ μαχόμενοι πρὸς
αὐτοὺς ὅτι τοὺς ὑφισταμένους ἀναιροῦσι, φείδονται δὲ τῶν ἐνδιδόντων, τοῦ μένειν
τὸ φεύγειν ἡγοῦντο λυσιτελέστερον.
| [22] (1) En temps de guerre les chefs relâchaient même un peu pour les jeunes gens l’austérité
de leur régime habituel et ne les empêchaient pas d’arranger leur chevelure, de rechercher
l’élégance dans leurs armes et leurs vêtements; on se réjouissait de les voir pareils à de jeunes
chevaux qui relèvent la tête et hennissent à l’approche du combat. (2) Aussi, portant les
cheveux longs depuis leur passage dans la catégorie des éphèbes, les jeunes Spartiates
prenaient-ils soin de leur chevelure surtout dans les périodes de dangers; ils la parfumaient, la
rendaient luisante et la partageaient par une raie bien menée, faisant ainsi songer à ce mot de
Lycurgue: "Les cheveux rendent ceux qui sont beaux plus pimpants, ceux qui sont laids plus
effrayants." (3) Les exercices du corps étaient aussi moins violents en campagne; la vie des
jeunes gens, moins sévère et moins contrôlée; aussi pour les Spartiates, seuls entre tous les
hommes, le seul repos de la préparation à la guerre était-il la guerre elle-même. (4) Quand le
front de bataille était disposé et sous les yeux des ennemis, le Roi immolait la chèvre rituelle,
donnait à tout le monde la consigne de se couronner, et faisait sonner par les joueurs de flûte
l’air de Castor; (5) en même temps il entonnait une chanson de marche, déjà triomphale; et
c’était un spectacle à la fois grandiose et saisissant que celui de ces hommes qui avançaient à
la cadence de la flûte, ne laissaient pas se faire de vide dans leur colonne, ni pénétrer de
trouble dans leurs âmes, et pleins, au contraire, de douceur et de gaieté, étaient entraînés par le
rythme au danger. (6) Car il est naturel que ni la crainte ni une passion trop vive ne se fassent
sentir chez des hommes disposés de la sorte: une fierté tranquille les anime, accompagnée
d’espérance et d’audace, car ils croient la divinité avec eux. (7) Le Roi marchait à l’ennemi
ayant avec lui les Lacédémoniens couronnés dans les compétitions sportives. (8) On affirme
que l’un d’entre eux, à qui l’on offrait beaucoup d’argent pour ne pas concourir aux jeux
Olympiques, n’accepta pas et terrassa son antagoniste à grand-peine. Comme quelqu’un lui
disait ensuite: "Et que te revient-il donc de ta victoire, Lacédémonien?", il répondit en souriant
"Je serai placé devant le Roi pour combattre les ennemis!" (9) Après avoir défait et vaincu
leurs adversaires, les Spartiates les poursuivaient juste assez longtemps pour affirmer leur
avantage par la fuite de l’ennemi, et se retiraient aussitôt après, jugeant qu’il n’était ni
généreux, ni digne d’un peuple grec de tailler en pièces et de massacrer des hommes qui
cédaient et avaient abandonné la lutte. (10) Ce procédé n’était pas seulement noble et
magnanime, mais encore utile; car les adversaires des Spartiates, sachant que ceux-ci tuaient
ceux qui résistaient, mais épargnaient ceux qui lâchaient pied, jugeaient la fuite plus
avantageuse que la fermeté.
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