[17] (1) Ἤδη δὲ τοῖς τηλικούτοις ἐρασταὶ τῶν εὐδοκίμων
νέων συνανεστρέφοντο· καὶ προσεῖχον οἱ πρεσβύτεροι, καὶ μᾶλλον ἐπιφοιτῶντες εἰς
τὰ γυμνάσια, καὶ μαχομένοις καὶ σκώπτουσιν ἀλλήλους παρατυγχάνοντες, οὐ
παρέργως, ἀλλὰ τρόπον τινὰ πάντες οἰόμενοι πάντων καὶ πατέρες εἶναι καὶ
παιδαγωγοὶ καὶ ἄρχοντες, ὥστε μήτε καιρὸν ἀπολείπεσθαι μήτε χωρίον ἔρημον τοῦ
νουθετοῦντος τὸν ἁμαρτάνοντα καὶ κολάζοντος. (2) οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ παιδονόμος ἐκ τῶν
καλῶν καὶ ἀγαθῶν ἀνδρῶν ἐτάττετο, καὶ κατ´ ἀγέλας αὐτοὶ προΐσταντο τῶν λεγομένων
εἰρένων ἀεὶ τὸν σωφρονέστατον καὶ μαχιμώτατον. (3) εἴρενας δὲ καλοῦσι τοὺς ἔτος ἤδη
δεύτερον ἐκ παίδων γεγονότας, μελλείρενας δὲ τῶν παίδων τοὺς πρεσβυτάτους. (4) οὗτος
οὖν ὁ εἴρην, εἴκοσι ἔτη γεγονώς, ἄρχει τε τῶν ὑποτεταγμένων ἐν ταῖς μάχαις, καὶ
κατ´ οἶκον ὑπηρέταις χρῆται πρὸς τὸ δεῖπνον. ἐπιτάσσει δὲ τοῖς μὲν ἁδροῖς ξύλα
φέρειν, τοῖς δὲ μικροτέροις λάχανα. (5) καὶ φέρουσι κλέπτοντες, οἱ μὲν ἐπὶ τοὺς
κήπους βαδίζοντες, οἱ δὲ εἰς τὰ τῶν ἀνδρῶν συσσίτια παρεισρέοντες εὖ μάλα
πανούργως καὶ πεφυλαγμένως· ἂν δ´ ἁλῷ, πολλὰς λαμβάνει πληγὰς τῇ μάστιγι,
ῥᾳθύμως δοκῶν κλέπτειν καὶ ἀτέχνως. (6) κλέπτουσι δὲ καὶ τῶν σιτίων ὅ τι ἂν
δύνωνται, μανθάνοντες εὐφυῶς ἐπιτίθεσθαι τοῖς καθεύδουσιν ἢ ῥᾳθύμως φυλάττουσι.
τῷ δὲ ἁλόντι ζημία πληγαὶ καὶ τὸ πεινῆν. γλίσχρον γὰρ αὐτοῖς ἐστι δεῖπνον, ὅπως
δι´ αὑτῶν ἀμυνόμενοι τὴν ἔνδειαν ἀναγκάζωνται τολμᾶν καὶ πανουργεῖν. (7) Καὶ τοῦτο
μὲν ἔργον τῆς ὀλιγοσιτίας· παρέργον δέ φασι τὴν τῶν σωμάτων αὔξησιν. φέρεται γὰρ
εἰς μῆκος, ὅταν τὸ πνεῦμα μὴ πολλὴν σχῇ διατριβὴν καὶ ἀσχολίαν ὑπὸ πλήθους
τροφῆς εἰς βάθος καὶ πλάτος πιεζόμενον, ἀλλ´ ἄνω βαδίζῃ διὰ κουφότητα, τοῦ
σώματος ἐκλύτως καὶ ῥᾳδίως ἐπιδιδόντος. (8) τὸ δ´ αὐτὸ τοῦτο καὶ καλοὺς δοκεῖ
ποιεῖν· αἱ γὰρ ἰσχναὶ καὶ διάκενοι μᾶλλον ἕξεις ὑπακούουσι πρὸς τὴν διάρθρωσιν,
αἱ δὲ ὀγκώδεις καὶ πολύτροφοι διὰ βάρος ἀντιβαίνουσιν, ὥσπερ ἀμέλει καὶ τῶν ἐν
τῷ κύειν καθαιρομένων γυναικῶν ἰσχνὰ μέν, εὐειδῆ δὲ καὶ γλαφυρὰ γίνεται τὰ
βρέφη, διὰ τὴν ἐλαφρότητα τῆς ὕλης κρατουμένης μᾶλλον ὑπὸ τοῦ τυποῦντος. ἀλλὰ
γὰρ ἡ μὲν αἰτία τοῦ συμβαίνοντος ἐν μέσῳ προκείσθω σκοπεῖν.
| [17] (1) Désormais, quand ils avaient cet âge-là, leurs amoureux, qui étaient du nombre des
jeunes gens bien nés, commençaient à les fréquenter; et les vieillards s’intéressaient davantage
à eux, allant plus souvent dans les gymnases et les surprenant en train de combattre et de se
railler mutuellement. Ce n’était pas un simple passe-temps; tous les citoyens se croyaient en
quelque sorte les pères, les gouverneurs et les chefs de tous les enfants; aussi ne laissait-on ni
un instant, ni un endroit sans un surveillant qui pût admonester et punir l’adolescent pris en
faute. (2) Cependant on établissait aussi un surintendant général de l’éducation ("pédonome")
pris dans l’aristocratie, et l’on mettait, à la tête des troupes d’enfants, des jeunes gens nommés
"irènes", toujours des plus sérieux et des plus hardis. (3) On appelle "irènes" ceux qui sont
sortis de l’enfance depuis deux ans, et "mellirènes" les plus grands des enfants. (4) Cet "irène",
âgé de vingt ans, commande donc à ses subordonnés dans les combats, et, à la maison, il les
emploie comme serviteurs pour le souper; il enjoint aux plus forts d’apporter du bois, et aux
plus petits, des légumes. (5) Pour les apporter, ils les volent, les uns en allant dans les jardins,
les autres en se glissant dans les réfectoires des hommes, avec beaucoup d’adresse et de
circonspection. Si l’on se laisse prendre, on reçoit bien des coups de fouet, parce qu’on paraît
avoir volé sans énergie et sans art. (6) Ils volent aussi tout ce qu’ils peuvent en matière de
vivres, en s’exerçant à mettre adroitement la main dessus, au détriment de ceux qui dorment ou
gardent leurs provisions avec nonchalance; mais celui qui est pris a pour punition les coups et
la faim; car ils n’ont qu’un repas court, afin que, luttant par eux-mêmes contre la famine, ils
soient contraints d’être entreprenants et de commettre des friponneries. (7) C’était là le
principal effet de leur alimentation insuffisante; mais il y avait, affirme-t-on, un résultat
accessoire: l’accroissement de leur taille. Car le corps se développe en longueur quand le
souffle vital n’a pas grande occupation ni grande énergie à dépenser, c’est-à-dire quand il n’est
pas contraint par l’excès de nourriture, à se disperser en profondeur et en largeur. Il monte
alors à cause de sa légèreté, et ainsi le corps se développe sans entrave et facilement. (8) C’est
ce même phénomène qui paraît aussi faire beaux les Spartiates; car les tempéraments secs et
grêles obéissent davantage aux lois naturelles de l’articulation; mais les corps lourds et trop
bien nourris résistent en raison de leur poids. C’est sans doute le cas des nouveau-nés dont les
mères se purgent dans leur grossesse; ils viennent au monde grêles, mais bien faits et gracieux,
à cause de la légèreté de la matière, qui en rend le modelage plus facile. Mais la cause réelle
de ce fait, laissons-la étudier à qui voudra.
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