HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie de Lycurgue

Chapitre 16

  Chapitre 16

[16] (1) Τὸ δὲ γεννηθὲν οὐκ ἦν κύριος γεννήσας τρέφειν, ἀλλ´ ἔφερε λαβὼν εἰς τόπον τινὰ λέσχην καλούμενον, ἐν καθήμενοι τῶν φυλετῶν οἱ πρεσβύτατοι καταμαθόντες τὸ παιδάριον, εἰ μὲν εὐπαγὲς εἴη καὶ ῥωμαλέον, τρέφειν ἐκέλευον, κλῆρον αὐτῷ τῶν ἐνακισχιλίων προσνείμαντες· (2) εἰ δ´ ἀγεννὲς καὶ ἄμορφον, ἀπέπεμπον εἰς τὰς λεγομένας Ἀποθέτας, παρὰ Ταΰγετον βαραθρώδη τόπον, ὡς οὔτε αὐτῷ ζῆν ἄμεινον ὂν οὔτε τῇ πόλει τὸ μὴ καλῶς εὐθὺς ἐξ ἀρχῆς πρὸς εὐεξίαν καὶ ῥώμην πεφυκός. (3) ὅθεν οὐδὲ ὕδατι τὰ βρέφη, ἀλλ´ οἴνῳ περιέλουον αἱ γυναῖκες, βάσανόν τινα ποιούμεναι τῆς κράσεως αὐτῶν. λέγεται γὰρ ἐξίστασθαι τὰ ἐπιληπτικὰ καὶ νοσώδη πρὸς τὸν ἄκρατον ἀποσφακελίζοντα, τὰ δ´ ὑγιεινὰ μᾶλλον στομοῦσθαι καὶ κρατύνεσθαι τὴν ἕξιν. (4) ἦν δὲ περὶ τὰς τροφοὺς ἐπιμέλειά τις μετὰ τέχνης, ὥστ´ ἄνευ σπαργάνων ἐκτρεφούσας τὰ βρέφη τοῖς μέλεσι καὶ τοῖς εἴδεσιν ἐλευθέρια ποιεῖν, ἔτι δὲ εὔκολα ταῖς διαίταις καὶ ἄσικχα καὶ ἀθαμβῆ σκότου καὶ πρὸς ἐρημίαν ἄφοβα καὶ ἄπειρα δυσκολίας ἀγεννοῦς καὶ κλαυθμυρισμῶν. (5) διὸ καὶ τῶν ἔξωθεν ἔνιοι τοῖς τέκνοις Λακωνικὰς ἐωνοῦντο τίτθας· καὶ τήν γε τὸν Ἀθηναῖον Ἀλκιβιάδην τιτθεύσασαν Ἀμύκλαν ἱστοροῦσι γεγονέναι Λάκαιναν. (6) Ἀλλὰ τούτῳ μέν, ὡς Πλάτων φησί, Ζώπυρον ἐπέστησε παιδαγωγὸν Περικλῆς, οὐδέν τι τῶν ἄλλων διαφέροντα δούλων· (7) τοὺς δὲ Σπαρτιατῶν παῖδας οὐκ ἐπὶ ὠνητοῖς οὐδὲ μισθίοις ἐποιήσατο παιδαγωγοῖς Λυκοῦργος, οὐδ´ ἐξῆν ἑκάστῳ τρέφειν οὐδὲ παιδεύειν ὡς ἐβούλετο τὸν υἱόν, ἀλλὰ πάντας εὐθὺς ἑπταετεῖς γενομένους παραλαμβάνων αὐτὸς εἰς ἀγέλας κατελόχιζε, καὶ συννόμους ποιῶν καὶ συντρόφους μετ´ ἀλλήλων εἴθιζε συμπαίζειν καὶ συσχολάζειν. (8) ἄρχοντα δ´ αὐτοῖς παρίστατο τῆς ἀγέλης τὸν τῷ φρονεῖν διαφέροντα καὶ θυμοειδέστατον ἐν τῷ μάχεσθαι· καὶ πρὸς τοῦτον ἀφεώρων καὶ προστάττοντος ἠκροῶντο καὶ κολάζοντος ἐκαρτέρουν, ὥστε τὴν παιδείαν εἶναι μελέτην εὐπειθείας. (9) ἐπεσκόπουν δὲ οἱ πρεσβύτεροι παίζοντας αὐτούς, καὶ τὰ πολλὰ μάχας τινὰς ἐμβάλλοντες ἀεὶ καὶ φιλονεικίας, οὐ παρέργως κατεμάνθανον ὁποῖός ἐστι τὴν φύσιν ἕκαστος αὐτῶν πρὸς τὸ τολμᾶν καὶ μὴ φυγομαχεῖν ἐν ταῖς ἁμίλλαις. (10) Γράμματα μὲν οὖν ἕνεκα τῆς χρείας ἐμάνθανον· δ´ ἄλλη πᾶσα παιδεία πρὸς τὸ ἄρχεσθαι καλῶς ἐγίνετο καὶ καρτερεῖν πονοῦντα καὶ νικᾶν μαχόμενον. (11) διὸ καὶ τῆς ἡλικίας προερχομένης ἐπέτεινον αὐτῶν τὴν ἄσκησιν, ἐν χρῷ τε κείροντες καὶ βαδίζειν ἀνυποδήτους παίζειν τε γυμνοὺς ὡς τὰ πολλὰ συνεθίζοντες. (12) γενόμενοι δὲ δωδεκαετεῖς ἄνευ χιτῶνος ἤδη διετέλουν, ἓν ἱμάτιον εἰς τὸν ἐνιαυτὸν λαμβάνοντες, αὐχμηροὶ τὰ σώματα καὶ λουτρῶν καὶ ἀλειμμάτων ἄπειροι· πλὴν ὀλίγας ἡμέρας τινὰς τοῦ ἐνιαυτοῦ τῆς τοιαύτης φιλανθρωπίας μετεῖχον. (13) ἐκάθευδον δὲ ὁμοῦ κατ´ ἴλην καὶ ἀγέλην ἐπὶ στιβάδων, ἃς αὑτοῖς συνεφόρουν, τοῦ παρὰ τὸν Εὐρώταν πεφυκότος καλάμου τὰ ἄκρα ταῖς χερσὶν ἄνευ σιδήρου κατακλάσαντες. (14) ἐν δὲ τῷ χειμῶνι τοὺς λεγομένους λυκόφονας ὑπεβάλλοντο καὶ κατεμίγνυσαν ταῖς στιβάσι, θερμαντικὸν ἔχειν τι τῆς ὕλης δοκούσης. [16] (1) L’enfant qui venait de naître, le père n’était pas libre de l’élever; il allait le porter dans un endroit nommé Lesché, où les plus anciens de la tribu siégeaient. Ils examinaient l’enfant, et, s’il était bien constitué et vigoureux, ils ordonnaient de le nourrir en lui assignant une des neuf mille parts de terrain. (2) Mais s’il était disgracié de la nature et mal conformé, ils l’envoyaient au lieu dit Apothètes, un gouffre situé le long du Taygète, dans la pensée qu’il n’était avantageux ni pour lui, ni pour la cité, de laisser vivre un être incapable, dès sa naissance, de bien se porter et d’être fort. (3) Aussi les femmes ne lavaient-elles pas les petits enfants dans l’eau, mais dans le vin, pour éprouver leur tempérament; car on dit que les enfants épileptiques et maladifs sont pris de convulsions au contact du vin pur, mais que les enfants bien portants en sont fortifiés et affermis dans leur santé. (4) Les nourrices prenaient aussi soin de leurs nourrissons avec ingéniosité; elles ne leur donnaient pas de langes, et, leur déliant ainsi les membres, leur permettaient de se développer librement. De plus, ils s’accommodaient de n’importe quel genre de vie, n’étaient dégoûtés de rien, ne tremblaient pas dans l’ombre, ne craignaient pas la solitude, ignoraient les caprices et la grossièreté criarde. (5) Aussi arrivait-il même à quelques personnes du dehors d’acheter pour leurs enfants des nourrices lacédémoniennes; et précisément on rapporte qu’Alcibiade, tout Athénien qu’il fût, eut pour nourrice Amycla, qui était laconienne. (6) Mais, à ce que dit Platon, Périclès lui donna comme gouverneur Zopyre, qui n’avait aucune supériorité sur les autres esclaves. (7) Au contraire, les enfants des Spartiates, Lycurgue ne les mit pas sous la conduite d’instituteurs achetés, ni à gages; et il n’était pas permis à un citoyen de nourrir, ni d’élever son fils comme il le voulait. Le législateur lui-même prenait tous les enfants dès l’âge de sept ans. Il les embrigadait dans des troupes; et, en les faisant vivre et manger ensemble, il les accoutumait à partager les mêmes jeux et les mêmes occupations. (8) On leur donnait pour chef de bande le plus intelligent et le plus courageux au combat, et c’est sur lui qu’ils avaient les yeux fixés; ils écoutaient ses ordres et subissaient ses punitions, en sorte que l’éducation était pour eux l’apprentissage de la discipline. (9) Les gens âgés surveillaient leurs jeux; et en leur proposant, la plupart du temps, des sujets de querelles et de conflits, ils se rendaient compte, ce qui n’était pas sans intérêt, du caractère de chacun, de son courage et de sa constance dans les compétitions. (10) Les enfants n’apprenaient les lettres que dans les strictes limites du besoin, et tout le reste de l’éducation les préparait à se bien laisser commander, à supporter la fatigue et à vaincre au combat. (11) Aussi, quand ils avançaient en âge, augmentait-on pour eux les exercices; on les rasait jusqu’à la peau et on les habituait à marcher pieds nus et à jouer, la plupart du temps, tout nus. (12) À l’âge de douze ans, ils cessaient de porter une tunique et ne recevaient qu’un manteau pour l’année. Ils étaient sales, ignorant les bains et les frictions, sauf à certains jours de l’année, où ils participaient à ces douceurs. (13) Ils dormaient ensemble par troupes et par sections, sur des paillasses qu’ils préparaient eux-mêmes en cassant avec leurs mains, sans aucun outil, les extrémités des roseaux qui croissaient le long de l’Eurotas; (14) mais, en hiver, ils mêlaient aux roseaux de leurs grabats des chardons cotonneux, plante qui passe pour dégager quelque chaleur.


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Dernière mise à jour : 20/05/2005