[18] (1) Οὕτω δὲ
κλέπτουσι πεφροντισμένως οἱ παῖδες, ὥστε λέγεταί τις ἤδη σκύμνον ἀλώπεκος
κεκλοφὼς καὶ τῷ τριβωνίῳ περιστέλλων, σπαρασσόμενος ὑπὸ τοῦ θηρίου τὴν γαστέρα
τοῖς ὄνυξι καὶ τοῖς ὀδοῦσιν, ὑπὲρ τοῦ λαθεῖν ἐγκαρτερῶν ἀποθανεῖν. (2) καὶ τοῦτο μὲν
οὐδὲ ἀπὸ τῶν νῦν ἐφήβων ἄπιστόν ἐστιν, ὧν πολλοὺς ἐπὶ τοῦ βωμοῦ τῆς Ὀρθίας
ἑωράκαμεν ἐναποθνήσκοντας ταῖς πληγαῖς. (3) Δειπνήσας δὲ ὁ εἴρην κατακείμενος τῷ μὲν
ᾆσαι προσέταξε τῶν παίδων, τῷ δὲ ἐρώτημά τι προὔβαλε πεφροντισμένης δεόμενον
ἀποκρίσεως· οἷον, ὅστις ἄριστος ἐν τοῖς ἀνδράσιν, ἢ ποία τις ἡ τοῦδε πρᾶξις. (4) ἐκ
τούτου δὲ καὶ κρίνειν τὰ καλὰ καὶ πολυπραγμονεῖν εὐθὺς ἐξ ἀρχῆς εἰθίζοντο περὶ
τῶν πολιτῶν. τὸ γὰρ ἐρωτηθέντα, τίς πολίτης ἀγαθός, ἢ τίς οὐκ εὐδόκιμος, ἀπορεῖν
τοῦ ἀποκρίνασθαι, νωθρᾶς ἐποιοῦντο καὶ πρὸς ἀρετὴν ἀφιλοτίμου ψυχῆς σημεῖον.
(5) ἔδει δὲ τὴν ἀπόκρισιν καὶ μετ´ αἰτίας εἶναι καὶ ἀποδείξεως εἰς βραχύν τινα
συνηγμένης λόγον καὶ σύντομον· ὁ δὲ πλημμελῶς ἀποκρινάμενος ἐκολάζετο δῆγμα
λαμβάνων ὑπὸ τοῦ εἴρενος εἰς τὸν ἀντίχειρα. (6) πολλάκις δὲ καὶ πρεσβυτέρων παρόντων
καὶ ἀρχόντων ὁ εἴρην ἐκόλαζε τοὺς παῖδας, ἀπόδειξιν διδοὺς εἰ μετὰ λόγου καὶ ὡς
δεῖ κολάζει. (7) καὶ κολάζων μὲν οὐκ ἐκωλύετο, τῶν δὲ παίδων ἀπελθόντων εὐθύνας
ὑπεῖχεν, εἰ τραχύτερον τοῦ δέοντος ἐπετίμησεν ἢ τοὐναντίον ἐκλελυμένως καὶ
ἀτόνως. (8) Ἐκοινώνουν δὲ οἱ ἐρασταὶ τοῖς παισὶ τῆς δόξης ἐπ´ ἀμφότερα· καὶ λέγεταί
ποτε παιδὸς ἐν τῷ μάχεσθαι φωνὴν ἀγεννῆ προεμένου ζημιωθῆναι τὸν ἐραστὴν ὑπὸ τῶν
ἀρχόντων. (9) οὕτω δὲ τοῦ ἐρᾶν ἐγκεκριμένου παρ´ αὐτοῖς, ὥστε καὶ τῶν παρθένων ἐρᾶν
τὰς καλὰς καὶ ἀγαθὰς γυναῖκας, τὸ ἀντερᾶν οὐκ ἦν, ἀλλὰ μᾶλλον ἀρχὴν ἐποιοῦντο
φιλίας πρὸς ἀλλήλους οἱ τῶν αὐτῶν ἐρασθέντες, καὶ διετέλουν κοινῇ σπουδάζοντες
ὅπως ἄριστον ἀπεργάσαιντο τὸν ἐρώμενον.
| [18] (1) Les enfants volent donc avec tant de circonspection que, dit-on, l’un d’eux, ayant
dérobé un petit renard qu’il cacha sous son manteau, se laissa déchirer le ventre par les ongles
et les dents de cet animal afin de dissimuler son larcin, et tint bon jusqu’à la mort. (2) Cela
n’est pas incroyable, à en juger par les jeunes Spartiates d’aujourd’hui, dont nous avons vu
plusieurs mourir sous les coups devant l’autel d’Artémis Orthia. (3) Après dîner l’irène, étant
encore à table, commandait à l’un des enfants de chanter et posait à un autre une question qui
exigeait une réponse réfléchie, par exemple "Quel est le plus honnête homme de la ville?" ou
encore "De quelle nature est l’action d’un tel?" (4) Par là précisément les enfants s’habituaient
dès les débuts à porter des jugements moraux et à se préoccuper de la conduite de leurs
compatriotes. Car hésiter à répondre si l’on vous demandait: "Qui est bon citoyen?" ou: "Qui
n’est pas bien vu?" cela passait pour la marque d’une âme languissante et indifférente à la
vertu. (5) Il fallait aussi que la réponse fût accompagnée d’une raison et même d’une
justification, concise et resserrée en une formule brève. Celui qui répondait mal était puni par
une morsure de l’irène au pouce. (6) Souvent c’était en présence des vieillards et des
magistrats que l’irène châtiait les enfants; on pouvait constater, de la sorte, s’il le faisait à juste
titre et en conscience. (7) On ne l’empêchait pas de punir; mais, après le départ des enfants, il
rendait ses comptes si la sanction avait dépassé la mesure ou si, au contraire, elle avait manqué
de rigueur et d’énergie. (8) Les amoureux des enfants participaient à leur réputation dans les
deux sens; et l’on dit qu’une fois, un enfant ayant proféré un mot lâche dans un combat, son
amant fut puni par les magistrats. (9) L’amour était tellement admis chez les Spartiates que
même les belles et honnêtes femmes aimaient les jeunes filles. On ignorait pourtant la jalousie;
et, qui plus est, les gens épris des mêmes enfants faisaient de cette passion commune le début
d’une amitié mutuelle et ne cessaient de travailler ensemble au perfectionnement de l’être aimé.
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