HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie de Lycurgue

Chapitre 10

  Chapitre 10

[10] (1) Ἔτι δὲ μᾶλλον ἐπιθέσθαι τῇ τρυφῇ καὶ τὸν ζῆλον ἀφελέσθαι τοῦ πλούτου διανοηθείς, τὸ τρίτον πολίτευμα καὶ κάλλιστον ἐπῆγε, τὴν τῶν συσσιτίων κατασκευήν, ὥστε δειπνεῖν μετ´ ἀλλήλων συνιόντας ἐπὶ κοινοῖς καὶ τεταγμένοις ὄψοις καὶ σιτίοις, οἴκοι δὲ μὴ διαιτᾶσθαι κατακλινέντας εἰς στρωμνὰς πολυτελεῖς καὶ τραπέζας, χερσὶ δημιουργῶν καὶ μαγείρων ὑπὸ σκότος, ὥσπερ ἀδηφάγα ζῷα, πιαινομένους, καὶ διαφθείροντας ἅμα τοῖς ἤθεσι τὰ σώματα πρὸς πᾶσαν ἐπιθυμίαν ἀνειμένα καὶ πλησμονήν, μακρῶν μὲν ὕπνων, θερμῶν δὲ λουτρῶν, πολλῆς δὲ ἡσυχίας καὶ τρόπον τινὰ νοσηλείας καθημερινῆς δεομένην. (2) μέγα μὲν οὖν καὶ τοῦτο ἦν, μεῖζον δὲ τὸ τὸν πλοῦτον ἄζηλον, ὥς φησι Θεόφραστος, καὶ ἄπλουτον ἀπεργάσασθαι τῇ κοινότητι τῶν δείπνων καὶ τῇ περὶ τὴν δίαιταν εὐτελείᾳ. (3) χρῆσις γὰρ οὐκ ἦν οὐδὲ ἀπόλαυσις οὐδὲ ὄψις ὅλως ἐπίδειξις τῆς πολλῆς παρασκευῆς, ἐπὶ τὸ αὐτὸ δεῖπνον τῷ πένητι τοῦ πλουσίου βαδίζοντος· (4) ὥστε τοῦτο δὴ τὸ θρυλούμενον ἐν μόνῃ τῶν ὑπὸ τὸν ἥλιον πόλεων τῇ Σπάρτῃ βλέπεσθαι, τυφλὸν ὄντα τὸν πλοῦτον καὶ κείμενον ὥσπερ γραφὴν ἄψυχον καὶ ἀκίνητον. (5) οὐδὲ γὰρ οἴκοι προδειπνήσαντας ἐξῆν βαδίζειν ἐπὶ τὰ συσσίτια πεπληρωμένους, ἀλλ´ ἐπιμελῶς οἱ λοιποὶ παραφυλάττοντες τὸν μὴ πίνοντα μηδὲ ἐσθίοντα μετ´ αὐτῶν ἐκάκιζον ὡς ἀκρατῆ καὶ πρὸς τὴν κοινὴν ἀπομαλακιζόμενον δίαιταν. [10] (1) Le dessein de s’attaquer plus directement encore au luxe et de supprimer la passion des richesses lui inspira la troisième de ses réformes et la plus belle, l’institution des repas publics. Dorénavant les Lacédémoniens se réunissaient pour dîner ensemble. Ils mangeaient les mêmes plats et le même pain, fixés par l’autorité, au lieu de prendre leurs repas chez eux, couchés sur des lits magnifiques et accoudés à des tables somptueuses, où, par les soins de spécialistes experts en cuisine, ils s’engraissaient autrefois dans les ténèbres, comme des animaux voraces. Faire ainsi bombance, c’est ruiner, avec sa moralité, son tempérament; car tous les plaisirs grossiers et les excès de table où l’on se laisse aller vous contraignent à de longs sommeils, à des bains chauds, à une extrême inaction, et, en somme, à des soins journaliers. (2) La fin de ce mal était déjà un grand résultat; Lycurgue en obtint un plus grand encore, qui était, comme dit Théophraste, de soustraire la richesse aux convoitises et même de lui faire perdre son nom grâce à la communauté des repas et à la simplicité du régime imposé. (3) Car il n’y avait pas moyen d’utiliser une grande opulence, ni d’en jouir, ni même d’en faire étalage aux yeux d’autrui, puisque le riche allait prendre part au même repas que le pauvre. (4) Aussi Sparte était-elle la seule ville sous le soleil où l’on pût vérifier le dicton rebattu sur Ploutos; on y voyait ce dieu de la richesse aveugle et gisant à terre, comme une peinture sans âme et sans mouvement. (5) Car il n’était même pas permis de commencer par dîner chez soi pour se rendre aux repas publics une fois restauré; les autres convives observaient avec soin celui qui ne mangeait, ni ne buvait avec eux, et l’insultaient en lui reprochant la gourmandise et les goûts efféminés qui lui faisaient dédaigner la nourriture de tous.


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Dernière mise à jour : 20/05/2005