[17] ῾Ο δὲ πρεσβύτης ἠδικεῖτο τὰ μὲν πρῶτα τοῦ Οὐινίου
κακῶς διοικοῦντος, ἃ δὲ αὐτὸς ὀρθῶς προῃρεῖτο διαβάλλοντος
ἢ κωλύοντος· οἷον ἦν τὸ περὶ τὰς κολάσεις τῶν Νερωνιανῶν.
ἀπέκτεινε γὰρ τοὺς πονηρούς, ἐν οἷς ἦν ὁ ῞Ηλιος καὶ
Πολύκλειτος καὶ Πετῖνος καὶ Πατρόβιος. ὁ δὲ δῆμος ἐκρότει, καὶ
δι’ ἀγορᾶς αὐτῶν ἀγομένων ἐβόα καλὴν μὲν εἶναι καὶ θεοφιλῆ
πομπήν, ἀπαιτεῖν δὲ καὶ θεοὺς καὶ ἀνθρώπους τὸν διδάσκαλον
καὶ παιδαγωγὸν τῆς τυραννίδος Τιγελλῖνον. ἐφθάκει δὲ ὁ
γενναῖος προειληφὼς ἀρραβῶσι μεγάλοις τὸν Οὐίνιον. εἶτα
Τουρπιλιανὸς μέν, ὅτι μὴ προεδίδου μηδὲ ἐμίσει τὸν ἡγεμόνα
τοιοῦτον ὄντα μισούμενος, ἄλλο δὲ μηδὲ ἓν μέγα συναδικήσας,
ἀπέθανεν· ὁ δὲ καὶ ποιήσας ἄξιον θανάτου Νέρωνα καὶ
γενόμενον τοιοῦτον ἐγκαταλιπὼν καὶ προδοὺς περιῆν, μέγα
δίδαγμα τοῦ μηδὲν ἄπρακτον εἶναι παρὰ Οὐινίῳ μηδὲ
ἀνέλπιστον τοῖς διδοῦσιν. οὐδενὸς γὰρ οὕτω θεάματος
ἐρασθεὶς ὁ ῾Ρωμαίων δῆμος ὡς τοῦ Τιγελλῖνον ἰδεῖν
ἀπαγόμενον, οὐδὲ παυσάμενος ἐν πᾶσι θεάτροις καὶ σταδίοις
αἰτούμενος ἐκεῖνον, ἐπεπλήχθη διαγράμματι τοῦ
αὐτοκράτορος Τιγελλῖνον μὲν οὐ πολὺν ἔτι βιώσεσθαι
φάσκοντος χρόνον ὑπὸ φθινάδος νόσου δαπανώμενον,
ἐκείνους δὲ παραιτουμένου μὴ διαγριαίνειν μηδὲ τυραννικὴν
ποιεῖν τὴν ἡγεμονίαν. ἀχθομένου δὲ τοῦ δήμου καταγελῶντες ὁ
μὲν Τιγελλῖνος ἔθυσε σωτήρια καὶ παρεσκεύασε λαμπρὰν
ἑστίασιν, ὁ δὲ Οὐίνιος ἀναστὰς παρὰ τοῦ αὐτοκράτορος μετὰ
δεῖπνον ἐκώμασεν ὡς ἐκεῖνον, ἄγων τὴν θυγατέρα χήραν
οὖσαν. καὶ προὔπιεν ὁ Τιγελλῖνος αὐτῇ πέντε καὶ εἴκοσι
μυριάδας ἀργυρίου, καὶ τῶν παλλακίδων τὴν ἀγελαρχοῦσαν
ἐκέλευσε τὸν περιδέραιον κόσμον ἀφελομένην ἐκείνῃ
περιάψαι, πεντεκαίδεκα μυριάδων εἶναι λεγόμενον.
| [17] Vinnius voyant Galba vieux et infirme, se gorgeait, pour ainsi dire, de la fortune
de ce prince, qui, commençant à peine, était déjà près de finir. Mais la conduite de
Vinnius était pernicieuse au vieillard, d'abord parce qu'il administrait mal ses
revenus; en second lieu, parce qu'il blâmait ou rendait inutiles ses bonnes intentions,
entre autres celle de punir les ministres de Néron. L'empereur fit mourir quelques-uns
de ces scélérats, tels qu'Élée, Polyclite, Pétinus et Patrobius; et le peuple, en les
voyant conduire au supplice à travers la place publique, battait des mains, et criait
avec transport que c'était une procession sainte et agréable aux dieux mêmes; mais
que les dieux et les hommes demandaient encore le maître et le précepteur de la
tyrannie, Tigellinus. Cet honnête personnage avait pris les devants, en gagnant
Vinnius par des arrhes considérables. Ainsi Tertulianus, qui n'était devenu odieux
que parce qu'il n'avait ni haï ni trahi un maître méchant, dont il n'avait point partagé
les crimes, fut condamné à mourir; et ce Tigellinus qui, après avoir rendu Néron si
digne de mort, l'avait abandonné et trahi, échappait au supplice, pour être une
preuve évidente qu'il n'y avait rien dont on dût désespérer et qu'on ne pût obtenir de
Vinnius, pourvu qu'on l'achetât. Cependant le spectacle que le peuple romain
désirait avec le plus d'ardeur, c'était de voir conduire au supplice Tigellinus : il le
demandait dans tous les jeux du théâtre et du cirque, jusqu'à ce qu'enfin l'empereur
les en reprit par une affiche publique, qui portait que Tigellinus, attaqué d'une
phthisie qui le consumait, n'avait pas longtemps à vivre, et qu'il les priait de ne pas
chercher à l'aigrir et à rendre sa domination tyrannique. Le peuple fut très mécontent
de cette affiche : mais Tigellinus et Vinnius se mirent si peu en peine de sa colère, que
le premier fit un sacrifice aux dieux sauveurs, et prépara un festin magnifique; le
second, quittant l'empereur après souper, alla passer la soirée chez Tigellinus, où il
mena sa fille, alors dans le veuvage; et Tigellinus, en portant la santé à cette femme,
lui fit don de deux cent cinquante mille drachmes : il ordonna en même temps à la
première de ses concubines d'ôter le collier qu'elle portait, estimé cent cinquante
mille drachmes, et de le donner à la fille de Vinnius.
|