[16] Βουλόμενος δὲ τῆς περὶ τὰς δωρεὰς ἀμετρίας καὶ
πολυτελείας τοῦ Νέρωνος ἀποδεικνύναι μεγάλην μεταβολήν,
ἀστοχεῖν ἐδόκει τοῦ πρέποντος. Κάνου γὰρ αὐλήσαντος αὐτῷ
παρὰ δεῖπνον (ἀκρόαμα δὲ ἦν ὁ Κάνος εὐδοκιμούμενον)
ἐπαινέσας καὶ ἀποδεξάμενος ἐκέλευσεν αὑτῷ κομισθῆναι τὸ
γλωσσόκομον· καὶ λαβὼν χρυσοῦς τινας ἐπέδωκε τῷ Κάνῳ,
φήσας ἐκ τῶν ἰδίων, οὐκ ἐκ τῶν δημοσίων χαρίζεσθαι. τὰς δὲ
δωρεὰς ἃς Νέρων ἔδωκε τοῖς περὶ σκηνὴν καὶ παλαίστραν,
ἀπαιτεῖσθαι συντόνως κελεύσας πλὴν τοῦ δεκάτου μέρους,
εἶτα μικρὰ καὶ γλίσχρα κομιζόμενος (ἀνηλώκεσαν γὰρ οἱ
πλεῖστοι τῶν λαβόντων, ἐφήμεροι καὶ σατυρικοὶ τοῖς βίοις
ἄνθρωποι) τοὺς πριαμένους παρ’ αὐτῶν ἢ λαβόντας ὁτιοῦν
ἀνεζήτει καὶ παρ’ ἐκείνων ἐξέπραττε. τοῦ δὲ πράγματος ὅρον
οὐκ ἔχοντος, ἀλλὰ πόρρω νεμομένου καὶ προϊόντος ἐπὶ
πολλούς, αὐτὸς μὲν ἠδόξει, φθόνον δὲ καὶ μῖσος εἶχεν Οὐίνιος,
ὡς τοῖς μὲν ἄλλοις ἅπασιν ἀνελεύθερον παρέχων τὸν ἡγεμόνα
καὶ μικρολόγον, αὐτὸς δὲ χρώμενος ἀσώτως καὶ λαμβάνων
πάντα καὶ πιπράσκων. ὁ μὲν γὰρ ῾Ησίοδος
ἀρχομένου τε πίθου καὶ λήγοντος κορέσασθαι
φησὶ δεῖν, ὁ δὲ Οὐίνιος ὁρῶν ἀσθενῆ καὶ γέροντα τὸν Γάλβαν
ἐνεπίμπλατο τῆς τύχης, ὡς ἅμα μὲν ἀρχομένης, ἅμα δὲ φθινούσης.
| [16] XIX. Il affecta une grande réforme
dans les largesses et dans les folles dépenses de Néron, et manqua
même à ce qu'exigeait la décence. Un excellent musicien, nommé Canus, ayant un
soir joué de la flûte à son souper, l'empereur, après l'avoir beaucoup loué et lui avoir
témoigné tout le plaisir qu'il avait eu à l'entendre, se fit apporter sa bourse, et en tira
quelques pièces d'or qu'il donna au musicien, en lui disant que c'était de son argent,
et non de celui du public, qu'il faisait cette gratification. Il ordonna qu'on retirât
rigoureusement aux musiciens et aux athlètes les dons que Néron leur avait faits, et
qu'on ne leur en laissât que le dixième. Cette recherche produisit peu: car la plupart
de ceux qui avaient reçu ces présents les avaient déjà dépensés, comme font les gens
de cette espèce, qui, presque tous sans conduite, vivent au jour le jour : il fit donc
rechercher ceux qui avaient acheté ou reçu quelque chose d'eux, et les obligea de
restituer. Cette inquisition, qui n'avait pas de bornes, et qui s'étendait à un grand
nombre de personnes, fut honteuse pour l'empereur ; et toute la haine en
retomba sur Vinnius, qui ne rendait ainsi le prince sordidement avare envers tous les
autres que pour profiter lui-même de ses richesses, et satisfaire ses passions en
prenant et vendant tout. XX. En effet, d'après ce conseil d'Hésiode : "Quand tes
tonneaux sont pleins, ou qu'ils sont sur le bas, Bois alors de ton vin, et ne l'épargne
pas".
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