[21] Τὴν δὲ Ταραντίνων πόλιν ἔσχεν ἑαλωκυῖαν ἐκ προδοσίας
τὸν τρόπον τοῦτον. ἐστρατεύετο παρ´ αὐτῷ νεανίας
Ταραντῖνος ἔχων ἀδελφὴν ἐν Τάραντι πιστῶς πάνυ καὶ
φιλοστόργως διακειμένην πρὸς αὐτόν. ἤρα δὲ ταύτης ἀνὴρ
Βρέττιος τῶν τεταγμένων ὑπ´ Ἀννίβου τὴν πόλιν φρουρεῖν
ἐφ´ ἡγεμονίας. τοῦτο πράξεως ἐλπίδα τῷ Ταραντίνῳ
παρέσχε, καὶ τοῦ Φαβίου συνειδότος εἰς τὴν πόλιν ἀφείθη,
λόγῳ δ´ ἀποδεδράκει πρὸς τὴν ἀδελφήν. αἱ μὲν οὖν πρῶται
τῶν ἡμερῶν διῇσαν, καὶ καθ´ ἑαυτὸν ὁ Βρέττιος
ἀνεπαύετο, λανθάνειν τὸν ἀδελφὸν οἰομένης ἐκείνης. ἔπειτα
λέγει πρὸς αὐτὴν ὁ νεανίας· „καὶ μὴν ἐκεῖ λόγος ἐφοίτα
πολὺς ἀνδρί σε τῶν δυνατῶν καὶ μεγάλων συνεῖναι. τίς
οὗτός ἐστιν; εἰ γὰρ εὐδόκιμός τις ὥς φασιν ἀρετῇ καὶ λαμπρός,
ἐλάχιστα φροντίζει γένους ὁ πάντα συμμειγνὺς
πόλεμος· αἰσχρὸν δὲ μετ´ ἀνάγκης οὐδέν, ἀλλ´ εὐτυχία τις
ἐν καιρῷ τὸ δίκαιον ἀσθενὲς ἔχοντι πρᾳοτάτῳ χρήσασθαι
τῷ βιαζομένῳ.“ ἐκ τούτου μεταπέμπεται μὲν ἡ γυνὴ τὸν
Βρέττιον καὶ γνωρίζει τὸν ἀδελφὸν αὐτῷ, ταχὺ δὲ συμπράττων
τὴν ἐπιθυμίαν ἐκεῖνος καὶ μᾶλλον ἢ πρότερον εὔνουν
καὶ χειροήθη τῷ βαρβάρῳ παρέχειν δοκῶν τὴν ἀδελφήν,
ἔσχε πίστιν, ὥστε μὴ χαλεπῶς ἐρῶντος ἀνθρώπου μισθοφόρου
μεταστῆσαι διάνοιαν ἐπ´ ἐλπίσι δωρεῶν μεγάλων
ἃς ἐπηγγέλλετο παρέξειν αὐτῷ τὸν Φάβιον. ταῦτα μὲν οὖν
οἱ πλεῖστοι γράφουσι περὶ τούτων· ἔνιοι δὲ τὴν ἄνθρωπον
ὑφ´ ἧς ὁ Βρέττιος μετήχθη φασὶν οὐ Ταραντίνην, ἀλλὰ
Βρεττίαν τὸ γένος οὖσαν, τῷ δὲ Φαβίῳ παλλακευομένην,
ὡς ᾔσθετο πολίτην καὶ γνώριμον ὄντα τὸν τῶν Βρεττίων
ἄρχοντα, τῷ τε Φαβίῳ φράσαι καὶ συνελθοῦσαν εἰς λόγους
ὑπὸ τὸ τεῖχος ἐκπεῖσαι καὶ κατεργάσασθαι τὸν ἄνθρωπον.
| [21] Tarente avait été prise par trahison. Fabius la
recouvra de la façon suivante. Dans son armée servait
un jeune Tarentin, et celui-ci avait à Tarente une soeur
pleine de confiance et de tendresse à son égard. Elle était
aimée d'un Bruttien, l'un des officiers qu'Hannibal
avait préposés à la garde de la ville. Cette circonstance
donna au Tarentin l'espoir d'une action efficace, et,
d'accord avec Fabius, il se rendit à Tarente, faisant
mine de s'enfuir chez sa soeur. Dans les premiers jours,
le Bruttien restait chez lui, la jeune femme croyant
l'intrigue ignorée de son frère. Ensuite le jeune homme dit
à sa soeur : « Le bruit courait là-bas avec insistance
que tu avais des relations avec un des puissants et des
grands personnages de la ville. Qui est-ce? Si, comme
on le dit, il est recommandable par l'éclat de son mérite,
la guerre, qui mêle tous les rangs, permet de rester tout
à fait indifférent à sa naissance; de plus, rien de ce qui
se fait par contrainte n'est honteux; et c'est encore un
bonheur, quand on a pour soi le droit sans la force, de
trouver de la douceur chez celui qui vous impose sa
volonté. » Là-dessus la femme fait venir le Bruttien
et lui présente son frère. Bientôt celui-ci paraît se faire
le complice de la passion du Barbare et rendre sa soeur
plus accommodante et plus traitable qu'auparavant.
Il acquiert ainsi la confiance de cet homme; et il n'a
pas grand'peine à changer les dispositions d'un amoureux
et d'un mercenaire, en lui faisant espérer d'importantes
gratifications, qu'il promet au nom de Fabius.
Voilà ce que la plupart des auteurs rapportent à ce
sujet; mais, selon quelques-uns, la femme qui détourna
le Bruttien de son devoir n'était pas Tarentine, mais
Bruttienne d'origine, et la maîtresse de Fabius. Apprenant
que le chef des Bruttiens était un homme de son
pays et de sa connaissance, elle en rendit compte à
Fabius; puis elle eut une conversation avec cet individu
sous le rempart et finit par le convaincre et le dominer.
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