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Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie de Fabius Maximus

Chapitre 19

  Chapitre 19

[19] Ἐπεὶ δ´ Ἀννίβαν ἐπύθοντο μετὰ τὴν μάχην ἀποτετράφθαι πρὸς τὴν ἄλλην Ἰταλίαν, ἀναθαρρήσαντες ἐξέπεμπον ἡγεμόνας καὶ στρατεύματα. τούτων δ´ ἐπιφανέστατοι Φάβιός τε Μάξιμος καὶ Κλαύδιος Μάρκελλος ἦσαν, ἀπὸ τῆς ἐναντίας σχεδὸν προαιρέσεως θαυμαζόμενοι παραπλησίως. μὲν γάρ, ὥσπερ ἐν τοῖς περὶ αὐτοῦ γεγραμμένοις εἴρηται (cap. 9), περιλαμπὲς τὸ δραστήριον ἔχων καὶ γαῦρον, ἅτε δὴ καὶ κατὰ χεῖρα πλήκτης ἀνὴρ καὶ φύσει τοιοῦτος ὢν οἵους Ὅμηρος μάλιστα καλεῖ φιλοπολέμους καὶ ἀγερώχους, ἐν τῷ παραβόλῳ καὶ ἰταμῷ καὶ πρὸς ἄνδρα τολμηρὸν τὸν Ἀννίβαν ἀντιτολμῶντι {τῷ} τρόπῳ πολέμου συνίστατο τοὺς πρώτους ἀγῶνας· Φάβιος δὲ τῶν πρώτων ἐχόμενος λογισμῶν ἐκείνων, ἤλπιζε μηδενὸς μαχομένου μηδ´ ἐρεθίζοντος τὸν Ἀννίβαν αὐτὸν ἐπηρεάσειν ἑαυτῷ καὶ κατατριβήσεσθαι περὶ τὸν πόλεμον, ὥσπερ ἀθλητικοῦ σώματος τῆς δυνάμεως ὑπερτόνου γινομένης καὶ καταπόνου ταχύτατα τὴν ἀκμὴν ἀποβαλόντα. διὸ τοῦτον μὲν Ποσειδώνιός (FGrH 87 F 42) φησι θυρεόν, τὸν δὲ Μάρκελλον ξίφος ὑπὸ τῶν Ῥωμαίων καλεῖσθαι, κιρναμένην δὲ τὴν Φαβίου βεβαιότητα καὶ ἀσφάλειαν τῇ Μαρκέλλου συντονίᾳ σωτήριον γενέσθαι τοῖς Ῥωμαίοις. δ´ Ἀννίβας τῷ μὲν ὡς ῥέοντι σφόδρα ποταμῷ πολλάκις ἀπαντῶν, ἐσείετο καὶ παρερρηγνύετο τὴν δύναμιν, ὑφ´ οὗ δ´ ἀψοφητὶ καὶ κατὰ μικρὸν ὑπορρέοντος καὶ παρεμπίπτοντος ἐνδελεχῶς ὑπερειπόμενος καὶ δαπανώμενος ἐλάνθανε, καὶ τελευτῶν εἰς ἀπορίαν κατέστη τοσαύτην, ὥστε Μαρκέλλῳ μὲν ἀποκαμεῖν μαχόμενον, Φάβιον δὲ φοβεῖσθαι μὴ μαχόμενον. τὸ γὰρ πλεῖστον ὡς εἰπεῖν τοῦ χρόνου τούτοις διεπολέμησεν στρατηγοῖς ἀνθυπάτοις ὑπάτοις ἀποδεικνυμένοις· ἑκάτερος γὰρ αὐτῶν πεντάκις ὑπάτευσεν. ἀλλὰ Μάρκελλον μὲν ὑπατεύοντα τὸ πέμπτον ἐνέδρᾳ περιβαλὼν ἔκτεινε, Φαβίῳ δὲ πᾶσαν ἀπάτην καὶ διάπειραν ἐπάγων πολλάκις οὐδὲν ἐπέραινε, πλὴν ἅπαξ ὀλίγου παρακρουσάμενος ἔσφηλε τὸν ἄνδρα. συνθεὶς γὰρ ἐπιστολὰς παρὰ τῶν ἐν Μεταποντίῳ δυνατῶν καὶ πρώτων ἔπεμψε πρὸς τὸν Φάβιον, ὡς τῆς πόλεως ἐνδοθησομένης εἰ παραγένοιτο, καὶ τῶν τοῦτο πραττόντων ἐκεῖνον ἐλθεῖν καὶ φανῆναι πλησίον ἀναμενόντων. ταῦτ´ ἐκίνησε τὸν Φάβιον τὰ γράμματα, καὶ λαβὼν μέρος τι τῆς στρατιᾶς ἔμελλεν ὁρμήσειν διὰ νυκτός· εἶτα χρησάμενος ὄρνισιν οὐκ αἰσίοις ἀπετράπη, καὶ μετὰ μικρὸν ἐπεγνώσθη τὰ γράμματα πρὸς αὐτὸν ὑπ´ Ἀννίβου δόλῳ συντεθέντα κἀκεῖνος ἐνεδρεύων αὐτὸν ὑπὸ τὴν πόλιν. ἀλλὰ ταῦτα μὲν ἄν τις εὐνοίᾳ θεῶν ἀναθείη. [19] Mais lorsqu'on apprit qu'Hannibal, après la bataille, s'était détourné vers les autres régions de l'Italie, les Romains, reprenant courage, envoyèrent au dehors des généraux avec des armées. Parmi ces chefs, les plus remarquables étaient Fabius Maximus et Claudius Marcellus, à qui leurs dispositions presqu'entièrement opposées valaient une admiration égale. L'un, {Marcellus} comme on l'a dit dans l'ouvrage qui lui est consacré, se distinguait par son activité et son audace; étant toujours prêt à se battre, il appartenait à cette catégorie d'hommes qu'Homère appelle, par excellence, belliqueux et glorieux. Plein de hardiesse et de bravoure, il opposa son audace à celle d'Hannibal; et, pour la première fois dans cette guerre, il osa engager le combat contre lui. Fabius, de son côté, s'en tenant à son premier raisonnement, espérait que, si personne ne combattait, ni ne provoquait Hannibal, ce général se nuirait à lui-même et s'épuiserait dans la guerre, comme un athlète dont la force physique se consume par son excès même et décline rapidement. Aussi Posidonios dit-il que les Romains appelaient Fabius leur bouclier, et Marcellus leur épée. Il ajoute que la fermeté de Fabius et la sûreté de sa conduite, associées au tempérament de Marcellus, furent le salut des Romains. Hannibal se heurtait souvent à Marcellus comme à un torrent impétueux qui, par de violents remous, brisait ses forces; Fabius était un fleuve qui, d'un mouvement silencieux, insensible et continu, les rongeait et les consumait. A la fin le Carthaginois fut réduit à une telle impuissance qu'il se fatiguait de combattre Marcellus et craignait Fabius, même si celui-ci ne combattait pas. Car la plupart du temps, pour ainsi dire, il les trouva devant lui, comme préteurs, proconsuls ou consuls; l'un et l'autre, en effet, exercèrent cinq fois le consulat. Cependant, au cours du cinquième consulat de Marcellus, il le prit au piège et le tua. Mais il eut beau déployer toutes ses ruses et user de tous les moyens contre Fabius, rien ne lui réussit, sauf qu'une fois il fut sur le point de le tromper. Il fabriqua des lettres qui étaient censées venir des personnages les plus influents et les premiers de Métaponte, et les fit passer à Fabius. On y disait que cette ville se rendrait, si Fabius était sur place; les agents de l'opération attendaient, dans le voisinage, qu'il vînt et se montrât. Ce message frappa Fabius; et, prenant une partie de son armée, il allait, pendant la nuit, faire mouvement dans cette direction; mais, les présages qu'il consulta se trouvant défavorables, il changea d'avis. Peu après, on reconnut que les lettres avaient été supposées par Hannibal et qu'il se trouvait en personne embusqué devant Métaponte. Mais on pouvait attribuer la protection dont Fabius fut l'objet à la bienveillance des dieux.


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Dernière mise à jour : 7/12/2005