HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie de Fabius Maximus

Chapitre 16

  Chapitre 16

[16] Ἐν δὲ τῇ μάχῃ στρατηγήμασιν ἐχρήσατο, πρώτῳ μὲν τῷ ἀπὸ τοῦ τόπου, ποιησάμενος κατὰ νώτου τὸν ἄνεμον· πρηστῆρι γὰρ ἐοικὼς φλέγοντι κατερρήγνυτο, καὶ τραχὺν ἐκ πεδίων ὑφάμμων καὶ ἀναπεπταμένων αἴρων κονιορτὸν ὑπὲρ τὴν φάλαγγα τῶν Καρχηδονίων εἰς τοὺς Ῥωμαίους ἐώθει καὶ προσέβαλλε τοῖς προσώποις ἀποστρεφομένων καὶ συνταραττομένων· δευτέρῳ δὲ τῷ περὶ τὴν τάξιν· γὰρ ἦν ἰσχυρότατον αὐτῷ καὶ μαχιμώτατον τῆς δυνάμεως ἑκατέρωσε τοῦ μέσου τάξας, τὸ μέσον αὐτὸ συνεπλήρωσεν ἐκ τῶν ἀχρειοτάτων, ἐμβόλῳ τούτῳ πολὺ προέχοντι τῆς ἄλλης φάλαγγος χρησάμενος· εἴρητο δὲ τοῖς κρατίστοις, ὅταν τούτους διακόψαντες οἱ Ῥωμαῖοι καὶ φερόμενοι πρὸς τὸ εἶκον ἐκβιαζομένου τοῦ μέσου καὶ κόλπον λαμβάνοντος ἐντὸς γένωνται τῆς φάλαγγος, ὀξέως ἑκατέρωθεν ἐπιστρέψαντας ἐμβαλεῖν τε πλαγίοις καὶ περιπτύσσειν ὄπισθεν συγκλείοντας. δὴ καὶ δοκεῖ τὸν πλεῖστον ἀπεργάσασθαι φόνον. ὡς γὰρ ἐνέδωκε τὸ μέσον καὶ τοὺς Ῥωμαίους ἐδέξαντο διώκοντας, δὲ φάλαγξ τοῦ Ἀννίβου μεταβαλοῦσα τὸ σχῆμα μηνοειδὴς ἐγεγόνει, καὶ τῶν ἐπιλέκτων οἱ ταξίαρχοι ταχὺ τοὺς μὲν ἐπ´ ἀσπίδα, τοὺς δ´ ἐπὶ δόρυ κλίναντες προσέπεσον κατὰ τὰ γυμνά, πάντας, ὅσοι μὴ τὴν κύκλωσιν ὑπεκκλίναντες ἔφθασαν, ἐν μέσῳ κατειργάσαντο καὶ διέφθειραν. λέγεται δὲ καὶ τοῖς ἱππεῦσι τῶν Ῥωμαίων σύμπτωμα παράλογον γενέσθαι. τὸν γὰρ Παῦλον ὡς ἔοικε τρωθεὶς ἵππος ἀπεσείσατο, καὶ τῶν περὶ αὐτὸν ἄλλος καὶ ἄλλος ἀπολιπὼν τὸν ἵππον πεζὸς τῷ ὑπάτῳ προσήμυνε. τοῦτο δ´ οἱ ἱππεῖς ἰδόντες, ὡς παραγγέλματος κοινοῦ δεδομένου, πάντες ἀποπηδήσαντες πεζοὶ συνεπλέκοντο τοῖς πολεμίοις. ἰδὼν δ´ Ἀννίβαςτοῦτοἔφημᾶλλον ἠβουλόμην εἰ δεδεμένους παρέλαβον.“ ἀλλὰ ταῦτα μὲν οἱ τὰς διεξοδικὰς γράψαντες ἱστορίας ἀπηγγέλκασι. τῶν δ´ ὑπάτων μὲν Βάρρων ὀλιγοστὸς ἀφίππευσεν εἰς Οὐενουσίαν πόλιν, δὲ Παῦλος ἐν τῷ βυθῷ καὶ κλύδωνι τῆς φυγῆς ἐκείνης, βελῶν τε πολλῶν {ἐπὶ} τοῖς τραύμασιν ἐγκειμένων ἀνάπλεως τὸ σῶμα καὶ τὴν ψυχὴν πένθει τοσούτῳ βαρυνόμενος, πρός τινι λίθῳ καθῆστο, τὸν ἐπισφάξοντα τῶν πολεμίων ἀναμένων. ἦν δὲ δι´ αἵματος πλῆθος, συνεπέφυρτο τὴν κεφαλὴν καὶ τὸ πρόσωπον, οὐ πολλοῖς διάδηλος, ἀλλὰ καὶ φίλοι καὶ θεράποντες αὐτὸν ὑπ´ ἀγνοίας παρῆλθον. μόνος δὲ Κορνήλιος Λέντλος εὐπατρίδης νέος ἰδὼν καὶ προνοήσας ἀπεπήδησε τοῦ ἵππου, καὶ προσαγαγὼν παρεκάλει χρῆσθαι καὶ σῴζειν αὑτὸν τοῖς πολίταις, ἄρχοντος ἀγαθοῦ τότε μάλιστα χρῄζουσιν. δὲ ταύτην μὲν ἀπετρίψατο τὴν δέησιν, καὶ τὸ μειράκιον αὖθις ἠνάγκασεν ἐπὶ τὸν ἵππον ἀναβῆναι δακρῦον, εἶτα δὲ τὴν δεξιὰν ἐμβαλὼν καὶ συνεξαναστάςἀπάγγελλεεἶπεν Λέντλε Φαβίῳ Μαξίμῳ καὶ γενοῦ μάρτυς αὐτός, ὅτι Παῦλος Αἰμίλιος ἐνέμεινεν αὑτοῦ τοῖς λογισμοῖς ἄχρι τέλους, καὶ τῶν ὁμολογηθέντων πρὸς ἐκεῖνον οὐδὲν ἔλυσεν, ἀλλ´ ἐνικήθη πρότερον ὑπὸ Βάρρωνος, εἶθ´ ὑπ´ Ἀννίβου.“ τοσαῦτ´ ἐπιστείλας τὸν μὲν Λέντλον ἀπέπεμψεν, αὐτὸς δὲ ῥίψας ἑαυτὸν εἰς τοὺς φονευομένους ἀπέθανε. λέγονται δὲ πεσεῖν μὲν ἐν τῇ μάχῃ Ῥωμαίων πεντακισμύριοι, ζῶντες δ´ ἁλῶναι τετρακισχίλιοι, καὶ μετὰ τὴν μάχην οἱ ληφθέντες ἐπ´ ἀμφοτέροις τοῖς στρατοπέδοις μυρίων οὐκ ἐλάττους. [16] En vue du combat, Hannibal prit diverses mesures habiles. D'abord, en choisissant la position de ses troupes, il fit en sorte qu'elles eussent le vent dans le dos; car, pareil à un souffle brûlant, l'ouragan soulevait des immenses plaines sablonneuses un tourbillon de poussière qui, par-dessus les formations carthaginoises, allait frapper les Romains en pleine figure, les forçant à se détourner et jetant le trouble parmi eux. En second lieu, il sut régler son ordre de bataille. Il plaça les plus robustes et les meilleurs combattants de son armée de chaque côté du centre; il garnit ce centre des éléments les moins utiles, pour s'en servir comme d'un coin très avancé par rapport au reste. Les soldats d'élite avaient la consigne, au moment où les Romains, ayant taillé ces éléments en pièces, se lanceraient, faute de résistance, dans le vide ainsi créé au centre et se trouveraient à l'intérieur du carré, de faire promptement volte-face, et d'attaquer en même temps par les deux ailes et par derrière, de façon à cerner complètement l'ennemi. C'est aussi là ce qui paraît avoir causé le plus grand carnage. Car lorsque le centre, en cédant, s'ouvrit aux Romains lancés à la poursuite, et que le front de combat d'Hannibal, changeant d'aspect, prit la forme d'un croissant, les officiers de ses troupes d'élite firent obliquer leurs soldats, les uns à droite, les autres à gauche, et tombèrent sur les ennemis à découvert. Ainsi tous les Romains qui n'avaient pu se soustraire à l'encerclement par une fuite précipitée furent enveloppés et tués. On dit même que leurs cavaliers furent victimes d'un étrange accident. Le cheval de Paul-Émile, paraît-il, ayant été blessé, le renversa, et ceux qui entouraient le consul mirent pied à terre, l'un après l'autre, pour le défendre. A cette vue, les cavaliers, pensant qu'un ordre général avait été donné, sautèrent tous de cheval et engagèrent ainsi le combat contre l'ennemi. Ce que voyant Hannibal dit : « J'aime mieux cela que si on me les livrait enchaînés. » Mais ces détails sont rapportés par les auteurs qui ont écrit l'histoire détaillée des guerres puniques. Quant aux consuls, Varron, avec une faible escorte, s'enfuit à cheval jusqu'à Venouse; Paul-Émile, dans le désordre profond de cette débandade, le corps criblé de traits enfoncés dans ses plaies, et l'âme accablée d'un deuil si grand, était assis sur une pierre, attendant l'ennemi qui l'achèverait. L'abondance du sang qui souillait sa tête et son visage le rendait méconnaissable pour bien des gens; et même des amis et des serviteurs passèrent outre sans le distinguer. Seul Cornélius Lentulus, jeune patricien, devinant qui c'était, sauta de son cheval, qu'il lui mena en l'invitant à y monter afin de se conserver aux citoyens, qui, plus que jamais, avaient besoin d'un bon chef. Mais le consul, repoussant cette prière, força le jeune homme à remonter, en pleurant, sur son cheval; puis il lui tendit la main; et, en essayant de se dresser, il lui dit : « Annonce, Lentulus, à Fabius Maximus, et sois-lui témoin que Paul-Émile est resté fidèle à ses conseils jusqu'au bout et qu'il n'a violé aucun de ses engagements, mais qu'il a été vaincu, d'abord par Varron, ensuite par Hannibal. » Après avoir confié ce message à Lentulus, il le renvoya, et lui-même, se jetant sur les tués, mourut. On dit qu'il tomba dans la bataille cinquante mille Romains, que quatre mille furent pris en vie, et que le nombre des prisonniers faits, après la bataille, dans les deux camps n'était pas inférieur à dix mille.


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Dernière mise à jour : 7/12/2005