HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie de Fabius Maximus

Chapitre 13

  Chapitre 13

[13] Μετὰ δὲ τὴν μάχην Φάβιος μὲν ὅσους ἔκτεινε τῶν πολεμίων σκυλεύσας ἀνεχώρησεν, οὐδὲν ὑπερήφανον οὐδ´ ἐπαχθὲς εἰπὼν περὶ τοῦ συνάρχοντος· Μινούκιος δὲ τὴν αὑτοῦ στρατιὰν ἀθροίσας, „ἄνδρεςἔφησυστρατιῶται, τὸ μὲν ἁμαρτεῖν μηδὲν ἐν πράγμασι μεγάλοις μεῖζον κατ´ ἄνθρωπόν ἐστι, τὸ δ´ ἁμαρτόντα χρήσασθαι τοῖς πταίσμασι διδάγμασι πρὸς τὸ λοιπὸν ἀνδρὸς ἀγαθοῦ καὶ νοῦν ἔχοντος. ἐγὼ μὲν οὖν ὁμολογῶ μικρὰ μεμφόμενος τὴν τύχην ἔχειν περὶ μειζόνων ἐπαινεῖν. γὰρ οὐκ ᾐσθόμην χρόνον τοσοῦτον, ἡμέρας μέρει μικρῷ πεπαίδευμαι, γνοὺς ἐμαυτὸν οὐκ ἄρχειν ἑτέρων δυνάμενον, ἀλλ´ ἄρχοντος ἑτέρου δεόμενον, {καὶ} μὴ φιλοτιμούμενον νικᾶν ὑφ´ ὧν ἡττᾶσθαι κάλλιον. ὑμῖν δὲ τῶν μὲν ἄλλων ἐστὶν ἄρχων δικτάτωρ, τῆς δὲ πρὸς ἐκεῖνον εὐχαριστίας αὐτὸς ἡγεμὼν ἔσομαι, πρῶτον ἐμαυτὸν εὐπειθῆ καὶ ποιοῦντα τὸ κελευόμενον ὑπ´ ἐκείνου παρεχόμενος.“ ταῦτ´ εἰπὼν καὶ τοὺς ἀετοὺς ἄρασθαι κελεύσας καὶ πάντας ἀκολουθεῖν, ἦγε πρὸς τὸν χάρακα τοῦ Φαβίου, καὶ παρελθὼν ἐντὸς ἐβάδιζεν ἐπὶ τὴν στρατηγικὴν σκηνήν, ὥστε θαυμάζειν καὶ διαπορεῖν πάντας. προελθόντος δὲ τοῦ Φαβίου, θέμενος ἔμπροσθεν τὰς σημαίας, αὐτὸς μὲν ἐκεῖνον πατέρα μεγάλῃ φωνῇ, οἱ δὲ στρατιῶται τοὺς στρατιώτας πάτρωνας ἠσπάζοντο· τοῦτο δ´ ἔστι τοῖς ἀπελευθέροις προσφώνημα πρὸς τοὺς ἀπελευθερώσαντας. ἡσυχίας δὲ γενομένης Μινούκιος εἶπε· „δύο νίκας δίκτατορ τῇ σήμερον ἡμέρᾳ νενίκηκας, ἀνδρείᾳ μὲν Ἀννίβαν, εὐβουλίᾳ δὲ καὶ χρηστότητι τὸν συνάρχοντα, καὶ δι´ ἧς μὲν σέσωκας ἡμᾶς, δι´ ἧς δὲ πεπαίδευκας, ἡττωμένους αἰσχρὰν μὲν ἧτταν ὑπ´ ἐκείνου, καλὴν δὲ καὶ σωτήριον ὑπὸ σοῦ. πατέρα δή σε χρηστὸν προσαγορεύω, τιμιωτέραν οὐκ ἔχων προσηγορίαν, ἐπεὶ τῆς γε τοῦ τεκόντος χάριτος μείζων παρὰ σοῦ χάρις αὕτη· ἐγεννήθην μὲν γὰρ ὑπ´ ἐκείνου μόνος, σῴζομαι δ´ ὑπὸ σοῦ μετὰ τοσούτων.“ ταῦτ´ εἰπὼν καὶ περιβαλὼν τὸν Φάβιον ἠσπάζετο, τὸ δ´ αὐτὸ καὶ τοὺς στρατιώτας ἦν ὁρᾶν πράττοντας· ἐνεφύοντο γὰρ ἀλλήλοις καὶ κατεφίλουν, ὥστε μεστὸν εἶναι χαρᾶς καὶ δακρύων ἡδίστων τὸ στρατόπεδον. [13] Après le combat, Fabius dépouilla les ennemis qu'il avait tués, et se retira sans avoir eu pour son collègue un mot orgueilleux ou désobligeant. Quant à Minucius, il rassembla son armée et lui tint ce discours : « Camarades, ne pas commettre de fautes en de grandes circonstances paraît au-dessus de la nature humaine; mais tirer pour l'avenir une leçon des fautes commises est le fait d'un homme honnête et sensé. Je conviens donc que j'ai de médiocres reproches à faire à la fortune et des motifs plus sérieux de la louer. Car ce que j'étais resté si longtemps sans comprendre, je l'ai appris en un instant : j'ai reconnu que je ne pouvais pas commander à d'autres, que j'avais besoin d'un chef, et que je ne devais pas prétendre l'emporter sur des hommes par lesquels il valait mieux être surpassé. Vous aurez donc le dictateur pour chef en tout; je ne me réserve qu'une initiative, celle de la reconnaissance à lui témoigner. Je serai le premier à me montrer docile envers lui et à exécuter ses ordres. » Là-dessus il fit arborer les aigles, et, suivi de tous ses soldats, se rendit au camp de Fabius. A son arrivée, il se dirigea vers la tente du général, ce qui jeta tout le monde dans l'étonnement et l'embarras. Fabius s'avançant au dehors, Minucius déposa les enseignes devant le dictateur, et l'appela d'une voix forte son père, pendant que ses soldats saluaient ceux de Fabius du nom de patrons, (c'est le titre que les affranchis donnent aux maîtres qui leur ont rendu la liberté.) Le calme rétabli, Minucius dit : « Tu as remporté deux victoires en ce jour, dictateur, l'une, par ton courage, sur Hannibal; l'autre, par ta prudence et ta bonté, sur ton collègue. Par la première, tu nous as sauvés; par la seconde, instruits; et quant à nous, notre défaite par Hannibal a été honteuse; notre défaite par toi, belle et salutaire. Je t'appelle, donc un excellent père, faute d'un titre plus honorable encore à te donner; car je te dois plus qu'à mon père : j'ai été seul à recevoir la vie de lui, et tu sauves, avec la mienne, celle d'un si grand nombre d'hommes ! » Ayant dit, il se jeta au cou de Fabius et l'embrassa. On pouvait voir les soldats agir de même entre eux, ils s'étreignaient et s'embrassaient, en sorte que le camp était plein de joie et de douces larmes.


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Dernière mise à jour : 7/12/2005