| [8] Ἡ δὲ τῶν μονομάχων ἐπανάστασις καὶ λεηλασία τῆς
 Ἰταλίας, ἣν οἱ πολλοὶ Σπαρτάκειον πόλεμον ὀνομάζουσιν,
 ἀρχὴν ἔλαβεν ἐκ τοιαύτης αἰτίας. Λέντλου τινὸς Βατιάτου
 μονομάχους ἐν Καπύῃ τρέφοντος, ὧν οἱ πολλοὶ Γαλάται
 καὶ Θρᾷκες ἦσαν, ἐξ αἰτιῶν οὐ πονηρῶν, ἀλλ´ ἀδικίᾳ
 τοῦ πριαμένου συνειρχθέντες ὑπ´ ἀνάγκης ἐπὶ τῷ μονομαχεῖν,
 ἐβουλεύσαντο μὲν διακόσιοι φεύγειν, γενομένης δὲ
 μηνύσεως οἱ προαισθόμενοι καὶ φθάσαντες ὀγδοήκοντα
 δυεῖν δέοντες ἔκ τινος ὀπτανείου κοπίδας ἀράμενοι καὶ
 ὀβελίσκους ἐξεπήδησαν. ἐντυχόντες δὲ κατὰ τὴν ὁδὸν
 ἁμάξαις ὅπλα κομιζούσαις μονομάχων εἰς ἑτέραν πόλιν,
 ἀφήρπασαν καὶ ὡπλίσαντο, καὶ τόπον τινὰ καρτερὸν καταλαβόντες,
 ἡγεμόνας εἵλοντο τρεῖς, ὧν πρῶτος ἦν Σπάρτακος,
 ἀνὴρ Θρᾷξ τοῦ Μαιδικοῦ γένους, οὐ μόνον φρόνημα
 μέγα καὶ ῥώμην ἔχων, ἀλλὰ καὶ συνέσει καὶ πρᾳότητι
 τῆς τύχης ἀμείνων καὶ τοῦ γένους ἑλληνικώτερος.
 τούτῳ δὲ λέγουσιν, ὅτε πρῶτον εἰς Ῥώμην ὤνιος ἤχθη,
 δράκοντα κοιμωμένῳ περιπεπλεγμένον φανῆναι περὶ τὸ
 πρόσωπον, {ἡ} γυνὴ δ´ ὁμόφυλος οὖσα τοῦ Σπαρτάκου,
 μαντικὴ δὲ καὶ κάτοχος τοῖς περὶ τὸν Διόνυσον ὀργιασμοῖς,
 ἔφραζε τὸ σημεῖον εἶναι μεγάλης καὶ φοβερᾶς περὶ αὐτὸν
 εἰς ἀτυχὲς τέλος ἐσομένης δυνάμεως· ἣ καὶ τότε συνῆν
 αὐτῷ καὶ συνέφευγε.
 | [8] Ce fut vers ce temps-là qu'eut lieu le soulèvement des 
gladiateurs et le pillage de l'Italie, qu'on nomme aussi la 
guerre de Spartacus et dont voici l'origine. Un certain Lentutus 
Batiatus entretenait à Capoue des gladiateurs, la plupart 
Gaulois ou Thraces. Etroitement enfermés, quoiqu'ils ne fussent 
coupables d'aucune mauvaise action, mais par la seule 
injustice du maître qui les avait achetés, et qui les obligeait 
malgré eux de combattre, deux cents d'entre eux firent 
le complot de s'enfuir. Leur projet ayant été découvert,
soixante-dix-huit, qui furent avertis, eurent le temps de prévenir 
la vengeance de leur maître; ils entrèrent dans la boutique 
d'un rôtisseur, se saisirent des couperets et des broches et 
sortirent de la ville. Ils rencontrèrent en chemin des chariots 
chargés d'armes de gladiateurs, qu'on portait dans une 
autre ville; ils les enlevèrent, et, s'en étant armés, ils s'emparèrent 
d'un lieu fortifié et élurent trois chefs, dont le premier 
était Spartacus, Thrace de nation, mais de race numide, 
qui à une grande force de corps et à un courage extraordinaire 
il joignait une prudence et une douceur bien supérieures à sa 
fortune, et plus dignes d'un Grec que d'un barbare. On raconte 
que la première fois qu'il fut mené à Rome pour y être vendu 
on vit, pendant qu'il dormait, un serpent entortillé autour de 
son visage. Sa femme, de même nation que lui, qui, possédée 
de l'esprit prophétique de Bacchus, faisait le métier de devineresse, 
déclara que ce signe annonçait à Spartacus un pouvoir 
aussi grand que redoutable et dont la fin serait heureuse. 
Elle était alors avec lui et l'accompagna dans sa fuite.
Ils repoussèrent d'abord quelques troupes envoyées contre 
eux de Capoue; et leur ayant enlevé leurs armes militaires, 
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