HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie de Crassus

Chapitre 7

  Chapitre 7

[7] Ἠνία δὲ Πομπήιος αὐτόν, εὐημερῶν ἐν ἡγεμονίαις, καὶ πρὶν βουλῆς μεταλαβεῖν θριαμβεύων, καὶ Μᾶγνος, ὅπερ ἐστὶ μέγας, ὑπὸ τῶν πολιτῶν ἀναγορευθείς. καί ποτε καὶ φήσαντός τινος, ὡς Πομπήιος Μᾶγνος πρόσεισι, γελάσας ἠρώτησεν ὡςπηλίκος.“ ἀπογνοὺς δὲ τοῖς πολεμικοῖς ἐξισώσασθαι πρὸς ἐκεῖνον, ὑπεδύετο τὴν πολιτείαν, σπουδαῖς καὶ συνηγορίαις καὶ δανεισμοῖς καὶ τῷ συμπαραγγέλλειν καὶ συνεξετάζεσθαι τοῖς δεομένοις τι τοῦ δήμου κτώμενος δύναμιν ἀντίπαλον καὶ δόξαν, Πομπήιος εἶχεν ἀπὸ πολλῶν καὶ μεγάλων στρατειῶν. καὶ πρᾶγμα συνέβαινεν αὐτοῖς ἴδιον. μεῖζον γὰρ ἀπόντος ἦν ὄνομα τοῦ Πομπηίου καὶ κράτος ἐν τῇ πόλει διὰ τὰς στρατείας, παρὼν δὲ πολλάκις ἠλαττοῦτο τοῦ Κράσσου, διὰ τὸν ὄγκον καὶ τὸ πρόσχημα τοῦ βίου φεύγων τὰ πλήθη, καὶ ἀναδυόμενος ἐξ ἀγορᾶς, καὶ τῶν δεομένων ὀλίγοις καὶ μὴ πάνυ προθύμως βοηθῶν, ὡς ἀκμαιοτέραν ἔχοι τὴν δύναμιν ὑπὲρ αὑτοῦ χρώμενος. δὲ Κράσσος ἐνδελεχέστερον τὸ χρήσιμον ἔχων, καὶ σπάνιος οὐκ ὢν οὐδὲ δυσπρόσοδος, ἀλλ´ ἐν μέσαις ἀεὶ ταῖς σπουδαῖς ἀναστρεφόμενος, τῷ κοινῷ καὶ φιλανθρώπῳ περιεγίνετο τῆς ἐκείνου σεμνότητος. σώματος δ´ ἀξίωμα καὶ λόγου πειθὼ καὶ προσώπου χάριν ἀγωγὸν ἀμφοτέροις ὁμοίως προσεῖναι λέγουσιν. οὐ μέντοι πρὸς ἔχθραν τινὰ τὸν Κράσσον κακόνοιαν ἐξήνεγκεν οὗτος ζῆλος, ἀλλὰ καὶ Πομπηίῳ καὶ Καίσαρι τιμωμένοις μὲν ὑπὲρ αὐτὸν ἤχθετο, τῇ δὲ φιλοτιμίᾳ ταύτῃ δυσμένειαν καὶ κακοήθειαν οὐ συνῆπτε· καίτοι Καῖσαρ ὑπὸ λῃστῶν ἁλοὺς ἐν Ἀσίᾳ καὶ φρουρούμενος ἀνεβόησεν· „ἡλίκης Κράσσε χαρᾶς ἀπολαύσεις πυθόμενος τὴν ἐμὴν ἅλωσιν.“ ἀλλ´ ὕστερόν γε καὶ φιλικῶς ἀλλήλοις προσεφέροντο, καί ποτε τῷ Καίσαρι, μέλλοντι μὲν εἰς Ἰβηρίαν ἐξιέναι στρατηγῷ, χρήματα δ´ οὐκ ἔχοντι τῶν δανειστῶν ἐπιπεσόντων καὶ τῆς παρασκευῆς ἐπιλαμβανομένων, Κράσσος οὐ περιεῖδεν, ἀλλ´ ἀπήλλαξεν, ὑποθεὶς ἑαυτὸν ἔγγυον τριάκοντα καὶ ὀκτακοσίων ταλάντων. καθόλου δὲ τῆς Ῥώμης εἰς τρεῖς νενεμημένης δυνάμεις, τὴν Πομπηίου, τὴν Καίσαρος, τὴν Κράσσου - Κάτωνος γὰρ δόξα μείζων ἦν τῆς δυνάμεως καὶ τὸ θαυμαζόμενον πλέονἢ τὸ ἰσχῦον - , μὲν ἔμφρων καὶ καθεστῶσα μερὶς ἐν τῇ πόλει Πομπήιον ἐθεράπευε, τὸ δ´ ὀξὺ καὶ φερόμενον μετ´ εὐχερείας ταῖς Καίσαρος ἐλπίσιν ἐπηκολούθει, Κράσσος δὲ μέσος ὢν ἀμφοτέραις ἐχρῆτο, καὶ πλείστας μεταβολὰς ἐν τῇ πολιτείᾳ μεταβαλλόμενος, οὔτε φίλος ἦν βέβαιος οὔτ´ ἀνήκεστος ἐχθρός, ἀλλὰ ῥᾳδίως καὶ χάριτος καὶ ὀργῆς ἐξέπιπτεν ὑπὸ τοῦ συμφέροντος, ὥστε πολλάκις μὲν ἀνθρώπων, πολλάκις δὲ νόμων ἐν ὀλίγῳ φανῆναι τῶν αὐτῶν συνήγορος καὶ ἀντίδικος. ἴσχυε δὲ καὶ χάριτι καὶ φόβῳ, φόβῳ δ´ οὐκ ἔλαττον. γοῦν πλεῖστα πράγματα παρασχὼν τοῖς καθ´ αὑτὸν ἄρχουσι {καὶ} δημαγωγός, Σικίννιος, πρὸς τὸν εἰπόντα, τί δὴ μόνον οὐ σπαράσσει τὸν Κράσσον, ἀλλὰ παρίησιν, ἀπεκρίνατο χόρτον αὐτὸν ἔχειν ἐπὶ τοῦ κέρατος. εἰώθεισαν δ´ οἱ Ῥωμαῖοι τοὺς κυρίττοντας τῶν βοῶν ὑπὲρ τοῦ φυλάττεσθαι τοὺς ἐντυγχάνοντας χόρτῳ περιελίττειν τὸ κέρας. [7] Mais rien rie l'affligeait autant que le succès gui couronnait toutes les expéditions de Pompée, que le triomphe dont il avait été honoré avant d'être sénateur, et le surnom de Grand que ses concitoyens lui avaient donné. Un jour, quelqu'un ayant dit en présence de Crassus : "Voilà le grand Pompée," il demanda avec un rire insultant : « Quelle taille a-t-il? » Mais, désespérant de jamais égaler sa réputation militaire, il entra dans l'administration des affaires politiques, et, par son empressement à défendre les citoyens en justice, à leur prêter de l'argent, à appuyer les sollicitations de ceux qui briguaient les charges ou qui demandaient quelque autre grâce au peuple, il acquit une puissance et une gloire qui balançaient celles que Pompée avait obtenues par un grand nombre d'actions éclatantes. Mais, par une différence assez singulière, Pompée avait à Rome plus de réputation et de crédit quand il en était absent; ce qu'il devait à l'éclat de ses exploits. De retour à Rome, il était souvent inférieur à Crassus, parce qu'il affectait, dans toute sa conduite, un air de grandeur et de dignité; qu'il fuyait la multitude, évitait les jeux d'assemblée, rendait rarement service, et jamais avec empressement; parce qu'il voulait conserver son crédit tout entier pour lui-même. Crassus, au contraire, toujours prêt à obliger, et d'un accès facile, se livrant sans réserve au public, et toujours au milieu des affaires, l'emportait, par ses manières populaires et pleines d'humanité, sur l'imposante gravité de Pompée. Quant à la dignité de la personne, à l'éloquence persuasive, à cette grâce répandue sur les traits du visage, qui plait et qui attire, ils les possédaient également l'un et l'autre. Cependant cette jalousie de Crassus contre Pompée ne dégénéra jamais en haine ou en inimitié déclarée. A la vérité, il souffrait avec peine que César et Pompée fussent plus honorés que lui, mais ce sentiment ne produisit en lui ni aigreur, ni malignité, quoique César, fait prisonnier en Asie par des pirates, et gardé très étroitement, se fût écrié : « Ah ! Crassus, quel plaisir tu auras quand tu apprendras ma captivité ! » Mais dans la suite il se forma entre eux une étroite liaison; et César, prêt à partir pour son gouvernement d'Esagne, n'ayant pas de quoi satisfaire ses créanciers, qui le pressaient vivement et avaient saisi ses équipages, Crassus ne l'abandonna point dans cette fâcheuse extrémité ; il le délivra de leurs poursuites en se rendant caution pour lui de la somme de huit cent trente talents. Rome était alors divisée en trois factions, qui avaient pour chefs Pompée, César et Crassus (Caton, dont le pouvoir n'égalait pas la gloire, était plus admiré que suivi). La partie sage et modérée des citoyens était pour Pompée; les gens vifs, entreprenants et hardis s'attachaient aux espérances de César ; Crassus, qui tenait le milieu entre ces deux factions, se servait de l'une et de l'autre et changeait souvent de parti dans l'administration des affaires; il n'était ni ami constant, ni ennemi irréconciliable, et passait aisément, suivant son intérêt, de la haine à la faveur et de la faveur à la haine. Aussi, dans un assez court espace de temps, le vit-on souvent accuser et défendre les mêmes hommes, appuyer et combattre les mêmes lois. Il pouvait beaucoup par son crédit, mais plus encore par la crainte qu'il inspirait. On demandait un jour à Sicinius, celui qui suscita tant d'affaires à tous les magistrats et à tous les orateurs de son temps, pourquoi Crassus était le seul qu'il n'osât pas attaquer et qu'il laissât tranquille: "C'est, répondit-il, qu'il a du foin à la corne. » Les Romains attachaient du foin à la corne des boeufs qui étaient sujets à en frapper, pour avertir les passants de s'en garantir.


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Dernière mise à jour : 1/09/2006