[38] (5) Ἐν δὲ ταῖς στρατηγίαις αὐταῖς Νικίου μὲν οὐκ
ὀλίγα γενναῖα· καὶ γὰρ μάχαις πολλαῖς ἐνίκησε τοὺς πολεμίους,
καὶ τοῦ λαβεῖν Συρακούσας ὀλίγον ἐδέησε, καὶ
πάντα δι´ αὑτὸν οὐκ ἔπταισεν, ἀλλὰ καὶ νόσον ἄν τις
αἰτιάσαιτο καὶ φθόνον τῶν οἴκοι πολιτῶν. Κράσσος δὲ
διὰ πλῆθος ἁμαρτημάτων οὐδὲ τῇ τύχῃ τι χρηστὸν ἀποδείξασθαι
παρῆκεν, ὥστε θαυμάζειν αὐτοῦ τὴν ἀβελτερίαν,
οὐ τῆς Πάρθων δυνάμεως ἡττηθεῖσαν, ἀλλὰ τῆς
Ῥωμαίων εὐτυχίας περιγενομένην.
Ἐπεὶ δ´ ὁ μὲν μηδενὸς τῶν ἀπὸ μαντικῆς καταφρονῶν,
ὁ δὲ πάντα ὑπερορῶν, ὁμοίως ἀπώλοντο, χαλεπὴ μὲν ἐν
τούτοις ἡ ἀσφάλεια καὶ δύσκριτος· ἐπιεικέστερον δ´ αὐτῆς
τοῦ παρανόμου καὶ αὐθάδους τὸ μετὰ δόξης παλαιᾶς καὶ
συνήθους δι´ εὐλάβειαν ἁμαρτανόμενον.
Περὶ μέντοι τὴν τελευτὴν ἀμεμπτότερος ὁ Κράσσος,
οὐ παραδοὺς ἑαυτὸν οὐδὲ δεθεὶς οὐδὲ φενακισθείς, ἀλλ´
εἴξας τοῖς φίλοις δεομένοις καὶ παρασπονδηθεὶς ὑπὸ τῶν
πολεμίων· ὁ δὲ Νικίας αἰσχρᾶς καὶ ἀκλεοῦς ἐλπίδι σωτηρίας
ὑποπεσὼν τοῖς πολεμίοις, αἰσχίονα ἑαυτῷ τὸν θάνατον ἐποίησεν.
| [38] (5) En comparant leurs expéditions militaires, on verra que
Nicias fit un grand nombre de belles actions, qu'il vainquit
les ennemis dans plusieurs batailles, et qu'il fut sur le point
de prendre Syracuse; les revers qu'il essuya dans cette guerre
ne doivent pas lui être imputés, il faut les rejeter sur sa maladie
et sur la jalousie de ses concitoyens. Crassus, par toutes
les fautes qu'il fit, ne laissa à la fortune aucun moyen de le
favoriser; et telle fut son incapacité, qu'on doit s'étonner
non qu'elle ait été vaincue par la puissance des Parthes, mais
qu'elle ait pu vaincre la fortune des Romains. L'un ne négligea
rien de ce qui regardait la divination, l'autre la méprisa
toujours, et tous deux ont eu une fin semblable; il est difficile,
après cela, de juger quel est sur ce point le parti le plus
sûr. Je crois cependant que les fautes qu'on commet en suivant,
par un motif de religion, les opinions anciennes et généralement
reçues méritent plus d'indulgence que celles qui
viennent d'une témérité présomptueuse et du mépris des
lois établies. Pour la manière dont ils sont morts l'un et
l'autre, Crassus est moins blâmable, parce qu'il ne se livra
pas lui-même, qu'il ne fut ni chargé de fers ni exposé à des
outrages; il céda seulement aux prières de ses amis, et périt
victime de la perfidie des ennemis. Nicias, au contraire, par
l'espoir de sauver honteusement sa vie, se rendit à ses ennemis,
et ne fit qu'ajouter à l'ignominie de sa mort.
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