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Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie de Crassus

Chapitre 35

  Chapitre 35

[35] (2) Περὶ μὲν οὖν τοῦ πλούτου τοσαῦτα· τοῖς δὲ πολιτεύμασι τοῦ μὲν Νικίου πανοῦργον οὐδὲν οὐδ´ ἄδικον οὐδὲ βίαιον πρόσεστιν οὐδὲ θρασύτης, ἀλλ´ ἐξηπατᾶτο μᾶλλον ὑπ´ Ἀλκιβιάδου, καὶ τῷ δήμῳ προσῄει μετ´ εὐλαβείας. τοῦ δὲ Κράσσου πολλὴν μὲν ἐν ταῖς πρὸς ἔχθραν καὶ φιλίαν μεταβολαῖς ἀπιστίαν καὶ ἀνελευθερίαν κατηγοροῦσι, βίᾳ δ´ οὐδ´ αὐτὸς ἠρνεῖτο τὴν ὑπατείαν μετιέναι, μισθωσάμενος ἄνδρας τοὺς Κάτωνι καὶ Δομιτίῳ τὰς χεῖρας προσοίσοντας. ἐν δὲ τῇ περὶ τῶν ἐπαρχιῶν ψηφοφορίᾳ τοῦ δήμου πολλοὶ μὲν ἐτρώθησαν, ἔπεσον δὲ τέσσαρες, αὐτὸς δ´ - ὅπερ ἡμᾶς ἐν τῇ διηγήσει παρελήλυθε - Λεύκιον Ἀννάλιον, ἄνδρα βουλευτήν, ἀντιλέγοντα πὺξ πατάξας εἰς τὸ πρόσωπον ἐξέβαλεν ᾑμαγμένον. ὡς δὲ περὶ ταῦτα βίαιος Κράσσος καὶ τυραννικός, οὕτως αὖ πάλιν ἐκείνου τὸ ψοφοδεὲς ἐν τῇ πολιτείᾳ καὶ ἄτολμον καὶ τοῖς κακίστοις ὑφιέμενον τῶν μεγίστων ἐπιλήψεως ἄξιον· δὲ Κράσσος ὑψηλὸς περί γε ταῦτα καὶ μεγαλόφρων, οὐ πρὸς Κλέωνας οὐδ´ Ὑπερβόλους μὰ Δία τοῦ ἀγῶνος ὄντος, ἀλλὰ πρὸς τὴν Καίσαρος λαμπρότητα καὶ τρεῖς τοῦ Πομπηίου θριάμβους οὐχ ὑπείξας, ἀλλ´ ἀντάρας ἑκατέρῳ τὴν δύναμιν, ἀξιώματι δὲ τῆς τιμητικῆς ἀρχῆς καὶ Πομπήιον ὑπερβαλόμενος. δεῖ γὰρ ἐπὶ μεγίστοις οὐ τὸἀνεπίφθονον, ἀλλὰ τὸ λαμπρὸν ἐν πολιτεία λαμβάνειν, μεγέθει δυνάμεως ἐξαμαυροῦντα τὸν φθόνον. εἰ δ´ ἐξ ἅπαντος ἀγαπᾶς ἀσφάλειαν καὶ ἡσυχίαν, καὶ δέδιας Ἀλκιβιάδην μὲν ἐπὶ τοῦ βήματος, ἐν δὲ Πύλῳ Λακεδαιμονίους, Περδίκκαν δ´ ἐν Θρᾴκῃ· πολλὴν εὐρυχωρίαν πόλις ἔχει σχολῆς, ἐκ μέσου γενόμενον καθῆσθαι πλέκοντα τῆς ἀταραξίας αὑτῷ στέφανον, ὡς ἔνιοι σοφισταὶ λέγουσιν. μὲν γὰρ τῆς εἰρήνης ἔρως θεῖος ἦν ὡς ἀληθῶς, καὶ τὸ λῦσαι τὸν πόλεμον ἑλληνικώτατον πολίτευμα, καὶ τῆς πράξεως ἕνεκα ταύτης οὐκ ἄξιον Νικίᾳ παραβαλεῖν Κράσσον, οὐδ´ εἰ τὸ Κάσπιον φέρων πέλαγος τὸν Ἰνδῶν ὠκεανὸν τῇ Ῥωμαίων ἡγεμονίᾳ προσώρισε. [35] (2) Voilà ce qu'on peut dire sur l'usage qu'ils ont fait l'un et l'autre de leurs richesses. Si nous considérons leur manière de gouverner, nous ne verrons dans celle de Nicias rien d'artificieux, rien d'injuste, nulle audace, nul emportement; au contraire, il se laisse tromper par Alcibiade, et ne se présente jamais pour parler au peuple qu'avec une extrême circonspection. Mais on reproche à Crassus beaucoup de perfidie et mème de bassesse dans sa facilité à changer d'amis et d'ennemis; il convenait lui-même qu'il avait employé la violence pour parvenir au consulat, et qu'il avait loué des assassins pour tuer Caton et Domitius. Dans l'assemblée où les provinces furent tirées au sort, il y eut plusieurs personnes blessées d'entre le peuple; quatre y périrent, et Crassus lui-même (ce que j'ai oublié de dire dans sa Vie) donna à un sénateur nommé Lucius Analius, qui combattait son avis, un coup de poing dans le visage qui le mit tout en sang, et il le chassa de la place. Mais si Crassus dans ces occasions usa de violence et de tyrannie, d'un autre côté la timidité de Nicias, qui dans les affaires se déconcertait au moindre bruit, et son extrême condescendance pour les méchants méritent les plus grands reproches. Du moins, sous ce rapport Crassus montra d'autant plus d'élévation et de grandeur d'âme, qu'il avait à combattre non pas contre un Cléon et un Hyperbolus, mais contre la gloire brillante de César et les trois triomphes de Pompée. Cependant, loin de leur céder, il voulut égaler leur puissance, et surpassa même celle de Pompée par la dignité de censeur. Car dans les grandes places un homme d'État doit ambitionner, non ce qui lui fait envie, mais ce qui lui donne assez d'éclat pour étouffer l'envie par la grandeur de sa puissance. Si vous aimez par-dessus tout la sûreté et le repos; si vous craignez Alcibiade à la tribune, les Lacédémoniens à Pyles, Perdiccas en Thrace, vous trouverez dans Athènes assez d'espace pour vivre dans le loisir, éloigné des affaires, et vous pourrez vous y former, selon l'expression de quelques orateurs, une couronne de tranquillité. L'amour de Nicias pour la paix était, il est vrai, une disposition toute divine, et rien n'était plus digne de l'humanité grecque que tout ce qu'il fit pour terminer la guerre : à ne le considérer que sous ce point de vue, on ne saurait lui comparer Crassus, quand même celui-ci aurait ajouté à l'empire romain la mer Caspienne et l'océan des Indes.


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Dernière mise à jour : 1/09/2006