[21] Ταῦτα τοῦ Κράσσου διασκοποῦντος ἔτι καὶ βουλευομένου,
παραγίνεται φύλαρχος Ἀράβων Ἄβγαρος ὄνομα,
δολερὸς καὶ παλίμβολος ἀνὴρ καὶ πάντων ὅσα συνήνεγκεν
εἰς ὄλεθρον ἡ τύχη κακὰ μέγιστον αὐτοῖς καὶ τελειότατον
γενόμενος. τοῦτον δ´ ᾔδεσαν ἔνιοι τῶν Πομπηίῳ
συνεστρατευμένων ἀπολαύσαντά τι τῆς ἐκείνου φιλανθρωπίας
καὶ δόξαντα φιλορώμαιον εἶναι· τότε δ´ ὑφεῖτο
τῷ Κράσσῳ μετὰ γνώμης τῶν βασιλέως στρατηγῶν, εἰ
δύναιτο παρατρέψας αὐτὸν ἀπωτάτω τοῦ ποταμοῦ καὶ τῶν
ὑπωρειῶν εἰς πεδίον ἐκβαλεῖν ἀχανὲς καὶ περιελαυνόμενον.
πάντα γὰρ διενοοῦντο μᾶλλον ἢ κατὰ στόμα συμφέρεσθαι
Ῥωμαίοις. ἐλθὼν οὖν πρὸς τὸν Κράσσον ὁ Ἄβγαρος
- ἦν δὲ καὶ πιθανὸς εἰπεῖν - , Πομπήιον μὲν ὡς εὐεργέτην
ἐπῄνει, Κράσσον δὲ τῆς δυνάμεως μακαρίσας ἐμέμφετο
τῆς διατριβῆς, μέλλοντα καὶ παρασκευαζόμενον, ὥσπερ
ὅπλων αὐτῷ δεῆσον καὶ χειρῶν, οὐ ποδῶν τῶν ταχίστων
ἐπ´ ἀνθρώπους οἳ πάλαι ζητοῦσιν ἁρπάσαντες τὰ τιμιώτατα
τῶν χρημάτων καὶ σωμάτων εἰς Σκύθας ἢ Ὑρκανοὺς
ἀναπτέσθαι. „καίτοι μάχεσθαι μέλλοντά ς´“ ἔφη
„σπεύδειν ἔδει, πρὶν ἅπασαν ἐν ταὐτῷ γενέσθαι τὴν δύναμιν
ἀναθαρρήσαντος βασιλέως· ἐπεὶ νῦν γε Σουρήνας ὑμῖν
προβέβληται καὶ Σιλάκης, ἐφ´ αὑτοὺς ἀναδεξάμενοι τὴν
δίωξιν, ὁ δ´ οὐδαμῇ φανερός ἐστι.“
Ταῦτα δ´ ἦν ψευδῆ πάντα. διχῇ γὰρ εὐθὺς Ὁρώδης διελὼν
τὴν δύναμιν, αὐτὸς μὲν Ἀρμενίαν ἐπόρθει τινύμενος
Ἀρταβάζην, Σουρήναν δ´ ἀφῆκεν ἐπὶ Ῥωμαίους, οὐχ
ὑπερφροσύνῃ χρώμενος ὡς ἔνιοί φασιν - οὐ γὰρ ἦν τοῦ
αὐτοῦ, Κράσσον μὲν ἀπαξιοῦν ἀνταγωνιστήν, ἄνδρα
Ῥωμαίων πρῶτον, Ἀρταβάζῃ δὲ προσπολεμεῖν καὶ τὰς
Ἀρμενίων ἐπιόντα κώμας ἐξαιρεῖν - , ἀλλὰ καὶ πάνυ μοι
δοκεῖ καταδείσας τὸν κίνδυνον, αὐτὸς μὲν ἐφεδρεύειν καὶ
καραδοκεῖν τὸ μέλλον, Σουρήναν δὲ προκαθεῖναι, πειρασόμενον
ἄλλως καὶ περιέλξοντα τοὺς πολεμίους. οὐδὲ γὰρ
ἦν τῶν τυχόντων ὁ Σουρήνας, ἀλλὰ πλούτῳ μὲν καὶ γένει
καὶ δόξῃ μετὰ βασιλέα δεύτερος, ἀνδρείᾳ δὲ καὶ δεινότητι
τῶν καθ´ αὑτὸν ἐν Πάρθοις πρῶτος, ἔτι δὲ μεγέθει καὶ
κάλλει σώματος ὡς οὐδεὶς ἕτερος. ἐξήλαυνε δὲ καθ´ ἑαυτὸν
αἰεὶ χιλίαις σκευοφορούμενος καμήλοις, καὶ διακοσίας
ἀπήνας ἐπήγετο παλλακίδων, ἱππεῖς δὲ κατάφρακτοι χίλιοι,
πλείονες δὲ τῶν κούφων παρέπεμπον, εἶχε δὲ τοὺς σύμπαντας
ἱππεῖς ὁμοῦ πελάτας τε καὶ δούλους μυρίων οὐκ
ἀποδέοντας. καὶ κατὰ γένος μὲν ἐξ ἀρχῆς ἐκέκτητο βασιλεῖ
γινομένῳ Πάρθων ἐπιτιθέναι τὸ διάδημα πρῶτος,
Ὁρώδην δὲ τοῦτον αὐτὸς ἐξεληλαμένον εἰς Πάρθους κατήγαγε,
καὶ Σελεύκειαν αὐτῷ τὴν μεγάλην εἷλε, πρῶτος
ἐπιβὰς τοῦ τείχους καὶ τρεψάμενος ἰδίᾳ χειρὶ τοὺς ἀντιστάντας.
οὔπω δὲ γεγονὼς ἔτη τριάκοντα κατ´ ἐκεῖνον
τὸν χρόνον, εὐβουλίας καὶ συνέσεως δόξαν εἶχε μεγίστην,
οἷς οὐχ ἥκιστα καὶ τὸν Κράσσον ἔσφηλε, διὰ θράσος καὶ
φρόνημα πρῶτον, εἶθ´ ὑπὸ δέους καὶ συμφορῶν ταῖς ἀπάταις
εὐχείρωτον γενόμενον.
| [21] Crassus délibérait avec son conseil sur les propositions de Cassius,
lorsqu'il vint dans le camp un chef d'Arabes, nomme Ariamnes
{Abgaros}, homme artificieux et fourbe, qui, de
tous les malheurs que la fortune rassembla pour la perte de
Crassus, fut le plus grand et le plus décisif. Quelques officiers
qui avaient servi sous Pompée dans ce pays-là savaient que
l'amitié de cet Arabe ne lui avait pas été inutile, et il passait
pour ami des Romains. Mais alors les généraux du roi des
Parthes, avec qui il était d'intelligence, l'envoyèrent à Crassus,
pour l'engager par tous les moyens possibles à s'éloigner
le plus qu'il pourrait des bords du fleuve et des pays montueux,
et à se jeter dans ces plaines immenses, où il serait
facile de l'envelopper; car rien n'était moins dans leur projet
que d'attaquer de front les Romains. Ce barbare, qui ne manquait
pas d'éloquence, étant donc venu trouver Crassus, loua
d'abord Pompée, comme son bienfaiteur; ensuite, félicitant
Crassus sur le bon état de son armée, il le blâma de tirer ainsi
la guerre en longueur, de consumer son temps en préparatifs,
comme s'il avait besoin d'armes et non pas plutôt de
mains et de pieds agiles, contre des ennemis qui depuis longtemps
ne cherchaient que les moyens d'enlever les personnes
qui leur étaient les plus chères, avec leurs meubles les plus
précieux, et de s'enfuir le plus promptement qu'ils pourraient
chez les Scythes ou chez les Hyrcaniens. « Quand même,
ajouta-t-il, vous devriez les combattre, il faudrait vous hâter,
avant que leur roi, reprenant courage, eût rassemblé
toutes ses forces; maintenant il jette entre vous et lui Syllaces
et Suréna, afin de vous empêcher de le poursuivre;
pour lui, il ne se montre nulle part. »
Rien de tout cela n'était vrai; car le roi Hyrodes,
ayant fait deux divisions de son armée, était allé à la tète de
l'une ravager l'Arménie, pour les venger d'Artabaze, et il
avait envoyé l'autre contre les Romains, sous les ordres de
Suréna, non, comme on l'a dit, qu'il méprisât Crassus. Hyrodes
n'avait pas assez peu de sens pour faire si peu de cas
d'un adversaire tel que Crassus, l'un des premiers personnages
de Rome, et pour préférer d'aller combattre Artabaze
et faire le dégât dans l'Arménie, mais plutôt voulant, par
la crainte du danger, n'être que simple spectateur et attendre
l'événement, il envoya d'abord Suréna pour tenter la
fortune du combat et arrêter les Romains. Car Suréna n'était
pas un homme ordinaire : ses richesses, sa naissance et sa
réputation le plaçaient immédiatement au-dessous du roi; en
valeur et en prudence il était le premier des Parthes, et ne le
cédait à personne pour la beauté de la taille et de la figure.
Quand il était en voyage, il avait à sa suite mille chameaux
qui portaient son bagage, deux cents chariots pour ses concubines,
mille cavaliers tout couverts de fer et un plus grand
nombre armés à la légère, car ses vassaux et ses esclaves
auraient pu lui composer une escorte de dix mille chevaux;
sa naissance lui donnait le droit héréditaire de ceindre le bandeau
royal aux rois des Parthes le jour de leur couronnement.
Il avait rétabli Hyrodes sur le trône d'où il avait été
chassé, lui avait soumis la ville de Séleucie en montant le
premier sur la muraille et renversant de sa main tous ceux
qui faisaient résistance. Il n'avait pas encore trente ans, et
déjà sa prudence et la sagesse de ses conseils lui avaient acquis
la plus grande réputation. Ce fut principalement par
cette prudence qu'il détruisit Crassus, que d'abord son audace
et son orgueil, ensuite le découragement où le jetèrent
ses malheurs, firent si facilement tomber dans tous les piéges
que Suréna lui tendit.
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