[13] (1) ᾿Απιόντος δὲ τοῦ Φαρναβάζου μετὰ
τῶν φίλων, ὁ υἱὸς ὑπολειφθεὶς προσέδραμε τῷ ᾿Αγησιλάῳ καὶ μειδιῶν εἶπεν· "᾿Εγώ
σε ξένον, ὦ ᾿Αγησίλαε, ποιοῦμαι·" καὶ παλτὸν ἔχων ἐν τῇ χειρὶ δίδωσιν αὐτῷ.
(2) δεξάμενος οὖν ὁ ᾿Αγησίλαος καὶ ἡσθεὶς τῇ τε ὄψει καὶ τῇ φιλοφροσύνῃ τοῦ παιδός,
ἐπεσκόπει τοὺς παρόντας, εἴ τις ἔχοι τι τοιοῦτον οἷον ἀντιδοῦναι καλῷ καὶ
γενναίῳ δῶρον. ἰδὼν δὲ ἵππον ᾿Ιδαίου τοῦ γραφέως κεκοσμημένον φαλάροις, ταχὺ
ταῦτα περισπάσας τῷ μειρακίῳ δίδωσι. (3) καὶ τὸ λοιπὸν οὐκ ἐπαύετο μεμνημένος, ἀλλὰ
καὶ χρόνῳ περιϊόντι τὸν οἶκον ἀποστερηθέντος αὐτοῦ καὶ φυγόντος ὑπὸ τῶν ἀδελφῶν
εἰς Πελοπόννησον, ἰσχυρῶς ἐπεμελεῖτο. καί τι καὶ τῶν ἐρωτικῶν αὐτῷ συνέπραξεν.
(4) ἠράσθη γὰρ ἀθλητοῦ παιδὸς ἐξ ᾿Αθηνῶν· ἐπεὶ δὲ μέγας ὢν καὶ σκληρὸς ᾿Ολυμπίασιν
ἐκινδύνευσεν ἐκκριθῆναι, καταφεύγει πρὸς τὸν ᾿Αγησίλαον ὁ Πέρσης δεόμενος ὑπὲρ
τοῦ παιδός· ὁ δὲ καὶ τοῦτο βουλόμενος αὐτῷ χαρίζεσθαι, μάλα μόλις διεπράξατο σὺν
πολλῇ πραγματείᾳ. (5) Τἆλλα μὲν γὰρ ἦν ἀκριβὴς καὶ νόμιμος, ἐν δὲ τοῖς φιλικοῖς
πρόφασιν ἐνόμιζεν εἶναι τὸ λίαν δίκαιον. φέρεται γοῦν ἐπιστόλιον αὐτοῦ πρὸς
῾Ιδριέα τὸν Κᾶρα τοιοῦτο· "Νικίας εἰ μὲν μὴ ἀδικεῖ, ἄφες· εἰ δὲ ἀδικεῖ, ἡμῖν
ἄφες· πάντως δὲ ἄφες." (6) ἐν μὲν οὖν τοῖς πλείστοις τοιοῦτος ὑπὲρ τῶν φίλων ὁ
᾿Αγησίλαος· ἔστι δὲ ὅπου πρὸς τὸ συμφέρον ἐχρῆτο τῷ καιρῷ μᾶλλον, ὡς ἐδήλωσεν,
ἀναζυγῆς αὐτῷ θορυβωδεστέρας γενομένης, ἀσθενοῦντα καταλιπὼν τὸν ἐρώμενον.
(7) ἐκείνου γὰρ δεομένου καὶ καλοῦντος αὐτὸν ἀπιόντα, μεταστραφεὶς εἶπεν ὡς χαλεπὸν
ἐλεεῖν ἅμα καὶ φρονεῖν. τουτὶ μὲν ῾Ιερώνυμος ὁ φιλόσοφος ἱστόρηκεν.
| [13] (1) Comme Pharnabaze partait avec ses amis, son fils, qu'il avait laissé en
arrière, courut à Agésilas et lui dit en souriant: "Moi, je te fais mon hôte,
Agésilas!" Il lui donna ensuite un javelot qu'il tenait à la main. (2) Agésilas
accepta; et, comme la figure et la bonne grâce de l'enfant lui plaisaient, il
cherchait des yeux autour de lui un cadeau propre à reconnaître l'attention de
ce beau petit seigneur. Précisément le cheval de son secrétaire Idaeos était
paré de riches colliers. Le roi les arracha promptement pour les donner au
garçonnet, dont il ne perdit jamais le souvenir. (3) Plus tard même, quand,
chassé par ses frères de la maison paternelle, le jeune Perse dut se réfugier
dans le Péloponnèse, il prit grand soin de lui et alla jusqu'à seconder ses
amours. (4) Il s'agissait d'un athlète-enfant d'Athènes, qui, devenu grand et
endurci aux coups, risquait d'être exclu de la compétition aux jeux Olympiques;
le Perse, qui était épris de lui, recourut à Agésilas et l'implora pour son
mignon. Le roi voulut, cette fois encore, faire plaisir à son hôte; il arrangea
l'affaire, mais à grand-peine et après bien des négociations. (5) Car si,
d'ordinaire, il observait exactement les règles, en revanche, dès qu'il
s'agissait d'amitié, il regardait la stricte justice comme un simple prétexte
pour ne pas intervenir. En tout cas, on rapporte ce billet de lui à Hidrieus le
Carien: "Si Nicias n'est pas coupable, relâche-le; s'il est coupable, relâche-le
pour moi. De toute façon, relâche-le!" (6) Ainsi donc voilà comment Agésilas
était presque toujours pour ses amis. Mais, en certains cas, il se prêtait
davantage aux circonstances, dans l'intérêt de l'État, comme il le montra une
fois qu'il dut décamper précipitamment, laissant malade son bien-aimé, (7) qui
le suppliait de rester et le rappelait en vain. Agésilas se retourna et dit: "Il
est difficile d'avoir à la fois de la pitié et de la raison!" Voilà ce que
rapporte le philosophe Hiéronymos.
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