[9] Τὰ μὲν οὖν παρὰ τῶν θεῶν οὕτω τὸν στόλον ἐθάρρυνε·
καὶ σπεύδοντες (2) ὡς Τὸ πέλαγος διαπλέοντες, ἐκομίζοντο
παρὰ τὴν Ἰταλίαν. τὰ δ' ἀπὸ τῆς Σικελίας ἀγγελλόμενα πολλὴν
ἀπορίαν τῷ Τιμολέοντι καὶ δυσθυμίαν (3) τοῖς στρατιώταις
παρεῖχεν. ὁ γὰρ Ἱκέτης μάχῃ νενικηκὼς Διονύσιον καὶ τὰ
πλεῖστα μέρη τῶν Συρακουσῶν κατειληφώς, ἐκεῖνον μὲν εἰς
τὴν ἀκρόπολιν (καὶ) τὴν καλουμένην Νῆσον συνεσταλμένον
αὐτὸς συνεπολιόρκει (4) καὶ συμπεριετείχιζε, Καρχηδονίους δὲ
φροντίζειν ἐκέλευεν, ὅπως οὐκ ἐπιβήσοιτο Τιμολέων Σικελίας,
ἀλλ' ἀπωσθέντων ἐκείνων αὐτοὶ καθ' (5) ἡσυχίαν διανεμοῦνται
πρὸς ἀλλήλους τὴν νῆσον. οἱ δὲ πέμπουσιν εἴκοσι τριήρεις εἰς
Ῥήγιον, ἐφ' ὧν ἐπέπλεον πρεσβευταὶ παρ' αὐτοῦ πρὸς τὸν (6)
Τιμολέοντα, κομίζοντες λόγους τοῖς πραττομένοις ὁμοίους.
παραγωγαὶ γὰρ εὐπρεπεῖς καὶ <προ>φάσεις ἦσαν ἐπὶ
μοχθηροῖς βουλεύμασιν, ἀξιούντων αὐτὸν μὲν εἰ βούλοιτο
Τιμολέοντα σύμβουλον ἥκειν παρ' Ἱκέτην καὶ κοινωνὸν εὖ
διαπεπραγμένων ἁπάντων, τὰς δὲ ναῦς καὶ τοὺς στρατιώτας
ἀποστέλλειν εἰς Κόρινθον, ὡς τοῦ πολέμου μικρὸν
ἀπολείποντος συνῃρῆσθαι, Καρχηδονίων δὲ κωλύειν τὴν
διάβασιν καὶ μάχεσθαι πρὸς βιαζομένους (7) ἑτοίμων ὄντων.
ὡς οὖν καταπλεύσαντες εἰς τὸ Ῥήγιον οἱ Κορίνθιοι τοῖς τε
πρεσβεύμασι τούτοις ἐνέτυχον καὶ τοὺς Φοίνικας οὐ πρόσω
ναυλοχοῦντας κατεῖδον, ἤχθοντο μὲν ὑβρισμένοι, καὶ
παρίστατο πᾶσιν ὀργὴ πρὸς τὸν Ἱκέτην καὶ δέος ὑπὲρ
Σικελιωτῶν, οὓς σαφῶς ἑώρων ἆθλα λειπομένους καὶ μισθόν,
Ἱκέτῃ μὲν προδοσίας, Καρχηδονίοις δὲ (8) τυραννίδος· ἐδόκει δ'
ἀμήχανον ὑπερβαλέσθαι καὶ τὰς αὐτόθι τῶν βαρβάρων ναῦς
διπλασίας ἐφορμούσας, καὶ τὴν ἐκεῖ μεθ' Ἱκέτου δύναμιν ᾗ
<συ>στρατεύσοντες ἥκοιεν.
| [9] Remplis de confiance sur tant de signes heureux que les dieux leur envoyaient,
ils firent la plus grande diligence, et abordèrent en Italie.
X. Mais les nouvelles que Timoléon y reçut de Sicile
le jetèrent dans l'embarras et découragèreut ses troupes. Icétas avait vaincu Denys
en bataille rangée; et s'étant rendu maître de la plus grande partie de
Syracuse, il tenait le tyran enfermé dans la citadelle et dans le quartier appelé l'île,
qu'il avait environné de murailles, pour en faire le siége. Il avait chargé les
Carthaginois d'empêcher Timoléon d'aborder en Sicile, et il était convenu avec eux
qu'après l'avoir forcé de se retirer, ils feraient paisiblement ensemble le partage de
l'île. Les Carthaginois envoyèrent donc à Rhège vingt galères qui portaient les
ambassadeurs d'Icétas à Timoléon; ils étaient chargés de lui faire des
propositions analogues à la conduite d'Icétas, et qui n'étaient que des paroles
spécieuses sous lesquelles il couvrait ses pernicieux desseins. Ils dirent à Timoléon
qu'il était le maître de venir seul, s'il voulait aider Icétas de ses conseils, et partager
ses premiers succès ; qu'il n'avait qu'à renvoyer ses vaisseaux et ses troupes à
Corinthe, parce que la guerre était près de finir; que d'ailleurs les Carthaginois
étaient résolus de lui fermer le passage, et de le combattre, s'il tentait de le forcer. Les
Corinthiens, en débarquant à Rhège, y trouvèrent les ambassadeurs, et virent les
Carthaginois à l'ancre, non loin du port. Si le dépit d'être ainsi joués les remplit d'une
juste indignation contre Icétas, ils ne furent pas moins alarmés du danger des
Siciliens, qui ne pouvaient manquer de devenir pour le tyran le prix de sa trahison, et
pour les Carthaginois le salaire de l'appui qu'ils donnaient à sa tyrannie. Il leur
paraissait impossible de forcer les vaisseaux que les Carthaginois avaient fait
avancer, et qui étaient en nombre double des leurs : quand même ils y auraient
réussi, pouvaient-ils espérer de battre l'armée d'Icétas, qu'ils n'étaient venus que
secourir?
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