[38] Ἐκεῖνον μὲν οὖν αὐτὸν ὑπομείναντα τὴν συμφορὰν
ἀλύπως ἧττον (2) ἄν τις θαυμάσειε· τῶν δὲ Συρακοσίων ἄξιον
ἄγασθαι τὴν πρὸς τὸν ἄνδρα τιμὴν καὶ χάριν, ἣν ἐπεδείξαντο
πεπηρωμένῳ, φοιτῶντες ἐπὶ θύρας αὐτοὶ καὶ τῶν ξένων τοὺς
παρεπιδημοῦντας ἄγοντες εἰς τὴν οἰκίαν καὶ τὸ χωρίον, (3)
ὅπως θεάσαιντο τὸν εὐεργέτην αὐτῶν, ἀγαλλόμενοι καὶ μέγα
φρονοῦντες, ὅτι παρ' αὐτοῖς εἵλετο καταζῆσαι τὸν βίον, οὕτω
λαμπρᾶς ἐπανόδου τῆς εἰς τὴν Ἑλλάδα παρεσκευασμένης
αὐτῷ διὰ τῶν εὐτυχημάτων καταφρονήσας. (4) πολλῶν δὲ καὶ
μεγάλων εἰς τὴν ἐκείνου τιμὴν γραφομένων καὶ πραττομένων
οὐδενὸς ἧττον ἦν τὸ ψηφίσασθαι τὸν τῶν Συρακοσίων δῆμον,
ὁσάκις συμπέσοι πόλεμος αὐτοῖς πρὸς ἀλλοφύλους, Κορινθίῳ
χρῆσθαι (5) στρατηγῷ. καλὴν δὲ καὶ τὸ περὶ τὰς ἐκκλησίας
γινόμενον ὄψιν εἰς τιμὴν αὐτοῦ παρεῖχε· τὰ γὰρ ἄλλα δι' αὑτῶν
κρίνοντες, ἐπὶ τὰς μείζονας διασκέψεις (6) ἐκεῖνον ἐκάλουν. ὁ
δὲ κομιζόμενος δι' ἀγορᾶς ἐπὶ ζεύγους πρὸς τὸ θέατρον
ἐπορεύετο, καὶ τῆς ἀπήνης <ἐφ'> ἧσπερ ἐτύγχανε καθήμενος
εἰσαγομένης, ὁ μὲν δῆμος ἠσπάζετο μιᾷ φωνῇ προσαγορεύων
αὐτόν, ὁ δ' ἀντασπασάμενος, καὶ χρόνον τινὰ δοὺς ταῖς
εὐφημίαις καὶ τοῖς ἐπαίνοις, (7) εἶτα διακούσας τὸ ζητούμενον
ἀπεφαίνετο γνώμην. ἐπιχειροτονηθείσης δὲ ταύτης, οἱ μὲν
ὑπηρέται πάλιν ἀπῆγον διὰ τοῦ θεάτρου τὸ ζεῦγος, οἱ δὲ
πολῖται βοῇ καὶ κρότῳ προπέμψαντες ἐκεῖνον, ἤδη τὰ λοιπὰ
τῶν δημοσίων καθ' αὑτοὺς ἐχρημάτιζον.
| [38] XLIII. On ne s'étonnera pas sans doute
que Timoléon ait supporté cette perte avec modération. Mais on ne peut trop admirer
le respect et la reconnaissance que les Syracusains ne cessèrent de lui témoigner dans
cet état de cécité. Non contents de lui rendre souvent eux-mêmes de fréquentes
visites, ils menaient chez lui, soit à la ville, soit à la campagne, tous les étrangers qui
venaient à Syracuse, et leur montraient leur bienfaiteur; ils se réjouissaient, ils se
faisaient honneur devant eux du choix qu'il avait fait de leur ville pour y demeurer,
sans vouloir retourner dans sa patrie, où l'attendait une récepion si honorable, après
les grandes victoires qu'il avait remportées. Mais de tout ce qu'on a fait ou écrit de
grand à la gloire de Timoléon, rien n'a été plus flatteur pour lui que le décret du
peuple de Syracuse qui ordonnait de prendre pour général un Corinthien, toutes les
fois qu'on serait en guerre avec des étrangers. Il recevait aussi dans toutes leurs
assemblées un témoignage de confiance bien honorable pour lui; les Syracusains y
jugeaient eux-mêmes les affaires les plus simples; mais quand il en survenait de plus
importantes, ils appelaient Timoléon. On le voyait, sur un char à deux chevaux,
traverser la place publique, et se rendre au théâtre, où il entrait assis sur son char. A
son arrivée, le peuple le saluait tout d'une voix; il leur rendait le salut et après avoir
accordé quelques moments à ces élans d'acclamations et de louanges, on discutait
l'affaire; il donnait son avis, que le peuple confirmait toujours par son suffrage; après
quoi ses gens le ramenaient sur son char à travers le théâtre; les citoyens le
reconduisaient jusque hors des portes avec des acclamations et des applaudissements
non interrompus, et retournaient ensuite expédier les autres affaires.
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