[37] Ἐπεὶ δὲ χρῆν ὡς ἔοικεν οὐ μόνον πᾶσι κορυδαλλοῖς
λόφον ἐγγίνεσθαι, κατὰ Σιμωνίδην, ἀλλὰ καὶ πάσῃ δημοκρατίᾳ
συκοφάντην, ἐπεχείρησαν καὶ Τιμολέοντι δύο τῶν δημαγωγῶν,
Λαφύστιος καὶ (2) Δημαίνετος. ὧν Λαφυστίου μὲν αὐτὸν πρός
τινα δίκην κατεγγυῶντος, οὐκ εἴα θορυβεῖν οὐδὲ κωλύειν τοὺς
πολίτας· ἑκὼν γὰρ αὐτὸς ὑπομεῖναι τοσούτους πόνους καὶ
κινδύνους ὑπὲρ τοῦ τοῖς νόμοις χρῆσθαι τὸν (3) βουλόμενον
Συρακοσίων· τοῦ δὲ Δημαινέτου πολλὰ κατηγορήσαντος ἐν
ἐκκλησίᾳ τῆς στρατηγίας, πρὸς ἐκεῖνον μὲν οὐδὲν ἀντεῖπε, τοῖς
δὲ θεοῖς ἔφη χάριν ὀφείλειν, οἷς εὔξατο Συρακοσίους ἐπιδεῖν
τῆς παρρησίας κυρίους γενομένους.
(4) Μέγιστα δ' οὖν καὶ κάλλιστα τῶν καθ' αὑτὸν Ἑλλήνων
ὁμολογουμένως διαπραξάμενος ἔργα, καὶ μόνος, ἐφ' ἃς οἱ
σοφισταὶ διὰ τῶν λόγων τῶν πανηγυρικῶν ἀεὶ παρεκάλουν
πράξεις τοὺς Ἕλληνας, ἐν ταύταις ἀριστεύσας, (5) καὶ τῶν μὲν
αὐτόθι κακῶν, ἃ τὴν ἀρχαίαν Ἑλλάδα κατέσχεν, ὑπὸ τῆς τύχης
προεκκομισθεὶς ἀναίμακτος καὶ καθαρός, ἐπιδειξάμενος δὲ
δεινότητα μὲν καὶ ἀνδρείαν τοῖς βαρβάροις καὶ τοῖς τυράννοις,
δικαιοσύνην δὲ (6) καὶ πρᾳότητα τοῖς Ἕλλησι καὶ τοῖς φίλοις, τὰ
δὲ πλεῖστα τρόπαια τῶν ἀγώνων ἀδάκρυτα καὶ ἀπενθῆ τοῖς
πολίταις καταστήσας, καθαρὰν δὲ τὴν Σικελίαν ἐν οὐδ' ὅλοις
ἔτεσιν ὀκτὼ <τῶν> ἀϊδίων καὶ συνοίκων (7) κακῶν καὶ
νοσημάτων παραδοὺς τοῖς κατοικοῦσιν, ἤδη πρεσβύτερος ὢν
ἀπημβλύνθη τὴν ὄψιν, εἶτα τελέως ἐπηρώθη μετ' ὀλίγον, οὔτ'
αὐτὸς ἑαυτῷ πρόφασιν παρασχών, οὔτε παροινηθεὶς ὑπὸ τῆς
τύχης, ἀλλὰ συγγενικῆς τινος ὡς ἔοικεν αἰτίας καὶ καταβολῆς
ἅμα τῷ χρόνῳ συνεπιθεμένης· (8) λέγονται γὰρ οὐκ ὀλίγοι τῶν
κατὰ γένος αὐτῷ προσηκόντων ὁμοίως (9) ἀποβαλεῖν τὴν ὄψιν,
ὑπὸ γήρως ἀπομαρανθεῖσαν. ὁ δ' Ἄθανις ἔτι συνεστῶτος τοῦ
πρὸς Ἵππωνα πολέμου καὶ Μάμερκον ἐν Μυλαῖς ἐπὶ
στρατοπέδου φησὶν ἀπογλαυκωθῆναι τὴν ὄψιν αὐτοῦ, καὶ πᾶσι
φανερὰν γενέσθαι τὴν πήρωσιν, οὐ μὴν ἀποστῆναι διὰ τοῦτο
τῆς (10) πολιορκίας, ἀλλ' ἐμμείναντα τῷ πολέμῳ λαβεῖν τοὺς
τυράννους· ὡς δ' ἐπανῆλθεν εἰς Συρακούσας, εὐθὺς ἀποθέσθαι
τὴν μοναρχίαν καὶ παραιτεῖσθαι τοὺς πολίτας, τῶν πραγμάτων
εἰς τὸ κάλλιστον ἡκόντων τέλος.
| [37] Il est nécessaire, dit Simonide,
que toute alouette ait une huppe sur la tête; il ne l'est pas moins que, dans tout
gouvernement populaire, il se trouve quelque accusateur. Aussi parmi les orateurs
démagogues de Syracuse, y en eut-il deux, Laphistius et Déménète, qui osèrent
attaquer Timoléon. Le premier l'ayant assigné à comparaître et lui ayant demandé
caution, le peuple se souleva contre lui. Timoléon arrêta le tumulte, et représenta aux
Syracusains qu'il n'avait bravé volontairement tant de dangers et tant de travaux que
pour procurer à tout citoyen la liberté de faire observer les lois. Déménète l'avait
accusé en pleine assemblée de plusieurs abus d'autorité dans son commandement.
Timoléon ne répondit rien à ces accusations; il se contenta de remercier les dieux
d'avoir exaucé la prière qu'il leur avait faite, de voir les Syracusains dire librement
tout ce qu'ils voudraient. XLII. Timoléon fut, de l'aveu de tout le monde, celui des
Grecs de son temps qui fit les plus grandes et les plus belles actions; seul aussi, il
effaça tous les autres généraux par cette sorte d'exploits auxquels les sophistes
excitent le plus les Grecs, dans ces discours d'éclat qu'ils prononcent devant la Grèce
assemblée. Transporté par la fortune, hors de sa patrie, pur et sans souillure, avant
les grands maux qui affligèrent la Grèce, il fit éclater sa valeur et son habileté contre
les Barbares et les tyrans; il signala sa justice et sa douceur envers les Grecs et leurs
alliés; il érigea des trophées qui ne coûtèrent pour la plupart, à ses concitoyens, ni
larmes ni deuil; et en moins de huit ans il rendit aux anciens habitants la Sicile
délivrée des maux et des calamités dont elle était depuis si longtemps accablée. Mais,
après tant de bonheur, il sentit, dans sa vieillesse, sa vue s'affaiblir, et bientôt il la
perdit entièrement; non qu'il eût donné lieu à cet accident, ou que la fortune lut eût
en cela fait éprouver son caprice ; mais c'était, je crois, une maladie héréditaire, et
une suite naturelle de sa longue vie. On dit que plusieurs personnes de sa famille
avaient de même perdu la vue dans leur vieillesse. Athanis rapporte que pendant
que Timoléon faisait la guerre à Hippon et à Mamercus, et qu'il était campé devant
Mylles, il lui vint une taie sur les yeux, et l'on prévit dès lors qu'il deviendrait un
jour aveugle. Cet accident, loin de susprendre le siège, le lui fit pousser plus
vivement jusqu'à ce qu'il se fût rendu maître de la personne des tyrans. Cet historien
ajoute que, de retour à Syracuse, il demanda et obtint la permission de quitter le
commandement, qu'il n'avait plus besoin de garder, disait-il, après avoir conduit les
affaires publiques à la fin la plus heureuse.
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