HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie de Timoléon

Chapitre 36

  Chapitre 36

[36] Πολλῶν γοῦν κατ' αὐτὸν Ἑλλήνων μεγάλων γενομένων καὶ μεγάλα κατεργασαμένων, ὧν καὶ Τιμόθεος ἦν καὶ Ἀγησίλαος καὶ Πελοπίδας καὶ μάλιστα ζηλωθεὶς ὑπὸ Τιμολέοντος Ἐπαμεινώνδας, αἱ μὲν ἐκείνων πράξεις βίᾳ τινὶ καὶ πόνῳ τὸ λαμπρὸν ἐξενηνόχασι μεμειγμένον, ὥστε καὶ (2) μέμψιν ἐνίαις ἐπιγίνεσθαι καὶ μετάνοιαν· τῶν δὲ Τιμολέοντος ἔργων, ἔξω λόγου θεμένοις τὴν περὶ τὸν ἀδελφὸν ἀνάγκην, οὐδέν ἐστιν μὴ τὰ τοῦ Σοφοκλέους, ὥς φησι Τίμαιος, ἐπιφωνεῖν ἔπρεπεν " θεοί, τις ἆρα Κύπρις τίς Ἵμερος τοῦδε ξυνήψατο"; (3) καθάπερ γὰρ μὲν Ἀντιμάχου ποίησις καὶ τὰ Διονυσίου ζῳγραφήματα τῶν Κολοφωνίων, ἰσχὺν ἔχοντα καὶ τόνον, ἐκβεβιασμένοις καὶ καταπόνοις ἔοικε, ταῖς δὲ Νικομάχου γραφαῖς καὶ τοῖς Ὁμήρου στίχοις μετὰ τῆς ἄλλης δυνάμεως καὶ χάριτος πρόσεστι τὸ δοκεῖν εὐχερῶς καὶ ῥᾳδίως ἀπειργάσθαι, (4) οὕτως παρὰ τὴν Ἐπαμεινώνδου στρατηγίαν καὶ τὴν Ἀγησιλάου, πολυπόνους γενομένας καὶ δυσάγωνας, Τιμολέοντος ἀντεξεταζομένη καὶ μετὰ τοῦ καλοῦ πολὺ τὸ ῥᾴδιον ἔχουσα, φαίνεται τοῖς εὖ καὶ δικαίως (5) λογιζομένοις οὐ τύχης ἔργον, ἀλλ' ἀρετῆς εὐτυχούσης. καίτοι πάντα γ' ἐκεῖνος εἰς τὴν τύχην ἀνῆπτε τὰ καταρθούμενα· καὶ γὰρ γράφων τοῖς οἴκοι φίλοις, καὶ δημηγορῶν πρὸς τοὺς Συρακοσίους, πολλάκις ἔφη τῷ θεῷ χάριν ἔχειν, ὅτι βουλόμενος σῶσαι Σικελίαν ἐπεγράψατο τὴν αὐτοῦ (6) προσηγορίαν. ἐπὶ δὲ τῆς οἰκίας ἱερὸν ἱδρυσάμενος Αὐτοματίας ἔθυεν, αὐτὴν δὲ (7) τὴν οἰκίαν Ἱερῷ Δαίμονι καθιέρωσεν. ᾤκει δ' οἰκίαν ἣν ἐξεῖλον αὐτῷ στρατηγίας ἀριστεῖον οἱ Συρακόσιοι, καὶ τῶν ἀγρῶν τὸν ἥδιστον καὶ κάλλιστον· ἐν καὶ τὸν πλεῖστον τοῦ χρόνου κατεσχόλαζε, μεταπεμψάμενος (8) οἴκοθεν τὴν γυναῖκα καὶ τοὺς παῖδας. οὐ γὰρ ἐπανῆλθεν εἰς Κόρινθον, οὐδὲ κατέμειξε τοῖς Ἑλληνικοῖς θορύβοις ἑαυτὸν οὐδὲ τῷ πολιτικῷ φθόνῳ παρέδωκεν, εἰς ὃν οἱ πλεῖστοι τῶν στρατηγῶν ἀπληστίᾳ τιμῶν καὶ δυνάμεως ἐξοκέλλουσιν, ἀλλ' ἐκεῖ κατέμεινε, τοῖς ὑφ' ἑαυτοῦ μεμηχανημένοις (9) ἀγαθοῖς χρώμενος· ὧν μέγιστον ἦν τὸ πόλεις τοσαύτας καὶ μυριάδας ἀνθρώπων δι' ἑαυτὸν ἐφορᾶν εὐδαιμονούσας. [36] XL. La Grèce avait dans ce temps-là plusieurs grands personnages qui se distinguaient par les plus glorieux exploits : un Timothée, un Agésilas, un Pélopidas, un Épaminondas surtout, que Timoléon avait pris pour modèle. Mais la plupart de leurs actions, même dans ce qu'elles ont de plus éclatant, sentent l'effort et la peine; quelques-unes même ont été suivies du repentir et du blâme. Au contraire, parmi toutes celles de Timoléon, si l'on excepte la nécessité à laquelle il fut réduit à l'égard de son frère, il n'y en a pas une à laquelle, comme dit Timée, on ne puisse appliquer ces vers de Sophocle, et s'écrier : "O dieux! est-ce Vénus ou son aimable enfant Qui prête à ces exploits un charme séduisant"? En effet, comme les poèmes d'Antimachus et les tableaux de Denys, tous deux Colophoniens, quoique pleins de nerf et de vigueur, laissent voir le travail et la contrainte; qu'au contraire les tableaux de Nicomachus et les vers d'Homère, outre la perfection et la grâce dont ils brillent, ont surtout un caractère de naturel et de facilité qui frappe tout le monde : de même les exploits d'Épaminondas et d'Agésilas paraissent l'effet du travail et de la difficulté, quand on les compare à ceux de Timoléon, où la beauté se trouve toujours jointe à la facilité; tout homme qui en jugera sainement et sans prévention les attribuera, non pas à la fortune seule, mais à la vertu heureuse. Cependant il rapportait lui-même à la fortune tous ses succès; et dans ses lettres à ses amis de Corinthe, dans ses discours aux Syracusains, il remerciait souvent cette déesse de ce qu'ayant voulu sauver la Sicile, elle avait attaché cette gloire à son nom, plutôt qu'à celui d'un autre. Il dédia même chez lui une chapelle à la Fortune fortuite, et consacra toute son habitation à la déesse sacrée. XLI. II occupait une belle maison que les Syracusains lui avaient réservée pour prix de ses grands exploits. Ils y avaient ajouté la maison de campagne la plus belle et la plus agréable, où il vivait habituellement avec sa femme et ses enfants, qu'il avait fait venir de Corinthe; car il ne retourna plus dans sa patrie, et ne prit aucune part aux troubles dont la Grèce était agitée; il ne voulut pas s'exposer à l'envie, écueil dangereux où vont si souvent échouer les généraux insatiables d'honneur et de puissance. Il se fixa pour toujours à Syracuse, où il jouissait de tous les biens qu'il avait faits, et dont le plus grand sans doute était de voir tant de villes et tant de milliers d'hommes lui devoir son bonheur.


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Dernière mise à jour : 26/09/2007