[35] Τὰς μὲν οὖν τυραννίδας ὁ Τιμολέων τοῦτον τὸν τρόπον
ἐξέκοψε καὶ τοὺς πολέμους ἔλυσε· τὴν δ' ὅλην νῆσον,
ἐξηγριωμένην ὑπὸ κακῶν καὶ διαμεμισημένην ὑπὸ τῶν
οἰκητόρων παραλαβών, οὕτως ἐξημέρωσε καὶ ποθεινὴν
ἐποίησε πᾶσιν, ὥστε πλεῖν οἰκήσοντας ἑτέρους ὅθεν οἱ πολῖται
(2) πρότερον ἀπεδίδρασκον. καὶ γὰρ Ἀκράγαντα καὶ Γέλαν,
πόλεις μεγάλας μετὰ τὸν Ἀττικὸν πόλεμον ὑπὸ Καρχηδονίων
ἀναστάτους γεγενημένας, τότε κατῴκισαν, τὴν μὲν οἱ περὶ
Μέγιλλον καὶ Φέριστον ἐξ Ἐλέας, τὴν δ' οἱ περὶ Γόργον ἐκ Κέω
(ἐκ)πλεύσαντες καὶ συναγαγόντες τοὺς ἀρχαίους (3) πολίτας·
οἷς οὐ μόνον ἀσφάλειαν ἐκ πολέμου τοσούτου καὶ γαλήνην
ἱδρυομένοις παρασχών, ἀλλὰ καὶ τἆλλα παρασκευάσας καὶ
συμπροθυμηθείς, (4) ὥσπερ οἰκιστὴς ἠγαπᾶτο. καὶ τῶν ἄλλων
δὲ διακειμένων ὁμοίως ἁπάντων πρὸς αὐτόν, οὐ πολέμου τις
λύσις, οὐ νόμων θέσις, οὐ χώρας κατοικισμός, οὐ πολιτείας
διάταξις ἐδόκει καλῶς ἔχειν, ἧς ἐκεῖνος μὴ προσάψαιτο μηδὲ
κατακοσμήσειεν, ὥσπερ ἔργῳ συντελουμένῳ δημιουργὸς
ἐπιθείς τινα χάριν θεοφιλῆ καὶ πρέπουσαν.
| [35] XXXIX. C'est ainsi que Timoléon, après avoir détruit toutes les tyrannies,
mit fin aux guerres de Sicile. Aussi cette île, qu'il avait trouvée aigrie par ses
malheurs et devenue odieuse à ses propres habitants, il sut tellement l'adoucir et en
rendre le séjour si aimable, que les étrangers accouraient en foule pour habiter un
pays que ses citoyens mêmes avaient abandonné. Agrigente et Géla, deux villes
considérables qui, après la guerre des Athéniens en Sicile, avaient été détruites par
les Carthaginois, furent rétablies : l'une par Métellus et Phéristius, qui y vinrent
d'Élée; l'autre par Gorgus, qui s'y transporta de Céos, et qui tous trois y
ramenèrent les anciens habitants. Timoléon leur procura, après une si cruelle guerre,
non seulement la sûreté et la paix, mais encore toutes les autres commodités de la
vie; et il leur montra tant d'affection, qu'il fut aimé dans ces deux villes comme s'il en
eût été le fondateur. Tous les autres peuples partageaient ce sentiment, et ils
n'auraient regardé comme solidement fait ni traité de paix, ni établissement de lois,
ni partage de terres, ni police de gouvernement, si Timoléon n'y avait mis la main et
ne l'avait réglé lui-même : ainsi le maître artiste, après que ses élèves ont achevé un
ouvrage, y met cette grâce et cette perfection qui le rendent digne des dieux mêmes.
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