[31] Οἱ δὲ πολλοὶ τῶν Συρακοσίων ἐχαλέπαινον, ὑπὸ τῶν
τυράννων προπηλακιζόμενοι. καὶ γὰρ ὁ Μάμερκος, ἐπὶ τῷ
ποιήματα γράφειν καὶ τραγῳδίας μέγα φρονῶν, ἐκόμπαζε
νικήσας τοὺς μισθοφόρους, καὶ τὰς ἀσπίδας ἀναθεὶς τοῖς θεοῖς
ἐλεγεῖον ὑβριστικὸν ἐπέγραψε
τάσδ' ὀστρειογραφεῖς καὶ χρυσελεφαντηλέκτρους
ἀσπίδας ἀσπιδίοις εἵλομεν εὐτελέσιν.
(2) γενομένων δὲ τούτων καὶ τοῦ Τιμολέοντος εἰς Γαλαρίαν
στρατεύσαντος, ὁ Ἱκέτης ἐμβαλὼν εἰς τὴν Συρακοσίαν λείαν τε
συχνὴν ἔλαβε καὶ πολλὰ λυμηνάμενος καὶ καθυβρίσας
ἀπηλλάττετο παρ' αὐτὴν τὴν Γαλαρίαν, (3) καταφρονῶν τοῦ
Τιμολέοντος ὀλίγους στρατιώτας ἔχοντος. ἐκεῖνος δὲ προλαβεῖν
ἐάσας ἐδίωκεν, ἱππεῖς ἔχων καὶ ψιλούς· αἰσθόμενος δ' ὁ Ἱκέτης,
τὸν Δαμυρίαν ἤδη διαβεβηκώς, ὑπέστη παρὰ τὸν ποταμὸν ὡς
ἀμυνούμενος· καὶ γὰρ αὐτῷ θάρσος ἥ τε τοῦ πόρου χαλεπότης
καὶ τὸ (4) κρημνῶδες τῆς ἑκατέρωθεν ὄχθης παρεῖχε. τοῖς δὲ
μετὰ τοῦ Τιμολέοντος ἰλάρχαις ἔρις ἐμπεσοῦσα θαυμαστὴ καὶ
φιλονικία διατριβὴν ἐποίει τῆς (5) μάχης. οὐδεὶς γὰρ ἦν ὁ
βουλόμενος ἑτέρου διαβαίνειν ὕστερος ἐπὶ τοὺς πολεμίους,
ἀλλ' αὐτὸς ἕκαστος ἠξίου πρωταγωνιστεῖν, καὶ κόσμον οὐκ (6)
εἶχεν ἡ διάβασις, ἐξωθούντων καὶ παρατρεχόντων ἀλλήλους.
βουλόμενος οὖν ὁ Τιμολέων κληρῶσαι τοὺς ἡγεμόνας, ἔλαβε
παρ' ἑκάστου δακτύλιον· ἐμβαλὼν δὲ πάντας εἰς τὴν ἑαυτοῦ
χλαμύδα καὶ μείξας, ἔδειξε τὸν πρῶτον (7) κατὰ τύχην γλυφὴν
ἔχοντα τῆς σφραγῖδος τρόπαιον. ὡς δὲ τοῦτον εἶδον οἱ
νεανίσκοι, μετὰ χαρᾶς ἀνακραγόντες οὐκέτι τὸν ἄλλον
ὑπέμειναν κλῆρον, ἀλλ' ὡς ἕκαστος τάχους εἶχε τὸν ποταμὸν
διεξελάσαντες, ἐν χερσὶν ἦσαν (8) τοῖς πολεμίοις. οἱ δ' οὐκ
ἐδέξαντο τὴν βίαν αὐτῶν, ἀλλὰ φεύγοντες τῶν μὲν ὅπλων
ἅπαντες ὁμαλῶς ἐστερήθησαν, χιλίους δ' ἀπέβαλον πεσόντας.
| [31] Mais le peuple de Syracuse
supportait avec peine les railleries des tyrans sur ce dernier échec. Mamercus, qui se
donnait pour un grand poète, et qui croyait exceller dans la tragédie, relevait avec
ostentation sa victoire sur ces mercenaires. Il suspendit dans des temples les
boucliers qu'il avait pris sur eux, et y grava, en vers élégiaques, cette inscription
insultante : "Ces boucliers ornés d'or, d'argent et d'ivoire, Des boucliers unis, dont
nous étions armés, Sont devenus le pris. Dans ce temple enfermés, Ils sont le
monument d'une illustre victoire". XXXVII. Pendant ce temps-là Timoléon ayant
marché contre Calaurie, Icétas saisit ce moment pour entrer en armes sur les
terres des Syracusains, où il fit un horrible dégât, et commit les plus grandes
violences. Il se retira, emportant un butin considérable, et passa tout près de
Calaurie, pour braver Timoléon qui n'avait avec lui que peu de monde. Ce général le
laissa passer, et se mit à sa poursuite avec sa cavalerie et ses troupes légères. Icétas,
qui en fut informé, traversa le Damyrias et s'arrêta sur l'autre bord, comme pour
disputer le passage à Timoléon ; la rapidité du courant et les bords escarpés du
fleuve lui inspiraient cette audace. Le danger, en excitant une rivalité et une
émulation merveilleuse entre les officiers de Timoléon, retarda le combat. Aucun
d'eux ne voulait passer derrière son compagnon ; ils demandaient tous de marcher
les premiers à l'ennemi; et en se poussant les uns les autres pour se devancer, ils
allaient faire le passage avec beaucoup de confusion. Timoléon, pour les accorder, fit
tirer au sort ceux qui passeraient les premiers ; il prit leurs anneaux, qu'il mit dans un
pan de sa robe; et, après qu'on les eut mêlés, le premier anneau qui sortit se trouva
heureusement avoir pour cachet un trophée. A cette vue, tous ces jeunes officiers,
pleins de joie, poussent de grands cris; et, sans attendre qu'on achève le sort, ils
s'élancent dans la rivière, la passent le plus promptement possible, et fondent sur les
ennemis, qui, ne pouvant soutenir un choc si impétueux, prirent la fuite, et furent
tous dépouillés de leurs armes; il y en eut environ mille de tués.
|