[30] Ἐκ τούτου καταλιπὼν ἐν τῇ πολεμίᾳ τοὺς μισθοφόρους,
ἄγοντας καὶ φέροντας τὴν τῶν Καρχηδονίων ἐπικράτειαν,
αὐτὸς ἧκεν εἰς Συρακούσας, καὶ τοὺς χιλίους μισθοφόρους
ἐκείνους, ὑφ' ὧν ἐγκατελείφθη πρὸ τῆς μάχης, ἐξεκήρυξε τῆς
Σικελίας καὶ πρὶν ἢ δῦναι τὸν ἥλιον ἠνάγκασεν (3) ἐκ
Συρακουσῶν ἀπελθεῖν. οὗτοι μὲν οὖν διαπλεύσαντες εἰς
Ἰταλίαν ἀπώλοντο παρασπονδηθέντες ὑπὸ Βρεττίων, καὶ δίκην
ταύτην τὸ δαιμόνιον αὐτοῖς τῆς προδοσίας ἐπέθηκε.
(4) Τῶν δὲ περὶ (τὸν) Μάμερκον τὸν Κατάνης τύραννον καὶ
Ἱκέτην, εἴτε φθόνῳ τῶν κατορθουμένων ὑπὸ Τιμολέοντος, εἴτε
φοβουμένων αὐτὸν ὡς ἄπιστον καὶ ἄσπονδον πρὸς τοὺς
τυράννους, συμμαχίαν ποιησαμένων πρὸς τοὺς Καρχηδονίους
καὶ κελευσάντων πέμπειν δύναμιν καὶ στρατηγόν, (5) εἰ μὴ
παντάπασι βούλονται Σικελίας ἐκπεσεῖν, <ἐπ>έπλευσε Γέσκων,
ναῦς μὲν ἔχων ἑβδομήκοντα, μισθοφόρους δὲ προσλαβὼν
Ἕλληνας, οὔπω πρότερον Ἕλλησι χρησαμένων Καρχηδονίων,
ἀλλὰ τότε θαυμασάντων ὡς (6) ἀνυποστάτους καὶ
μαχιμωτάτους ἀνθρώπων ἁπάντων. συστάντες δὲ κοινῇ μετ'
ἀλλήλων ἅπαντες, ἐν τῇ Μεσσηνίᾳ τετρακοσίους τῶν παρὰ
Τιμολέοντος ξένων ἐπικούρους πεμφθέντας ἀπέκτειναν, ἐν δὲ
τῇ Καρχηδονίων ἐπικρατείᾳ περὶ τὰς καλουμένας Ἱερὰς
ἐνεδρεύσαντες τοὺς μετ' Εὐθύμου (7) τοῦ Λευκαδίου
μισθοφόρους διέφθειραν. ἐξ ὧν καὶ μάλιστα τὴν Τιμολέοντος
εὐτυχίαν συνέβη γενέσθαι διώνυμον· ἦσαν μὲν γὰρ οὗτοι τῶν
μετὰ Φιλομήλου τοῦ Φωκέως καὶ Ὀνομάρχου Δελφοὺς
καταλαβόντων καὶ (8) μετασχόντων ἐκείνοις τῆς ἱεροσυλίας.
μισούντων δὲ πάντων αὐτοὺς καὶ φυλαττομένων ἐπαράτους
γεγονότας, πλανώμενοι περὶ τὴν Πελοπόννησον (9) ὑπὸ
Τιμολέοντος ἐλήφθησαν, ἑτέρων στρατιωτῶν οὐκ εὐποροῦντος.
ἀφικόμενοι δ' εἰς Σικελίαν, ὅσας μὲν ἐκείνῳ συνηγωνίσαντο
μάχας, πάσας ἐνίκων, τῶν δὲ πλείστων καὶ μεγίστων ἀγώνων
τέλος ἐχόντων, ἐκπεμπόμενοι πρὸς ἑτέρας ὑπ' αὐτοῦ βοηθείας
ἀπώλοντο καὶ καταναλώθησαν, οὐχ ὁμοῦ πάντες, ἀλλὰ κατὰ
μέρος τῆς δίκης αὐτοῖς ἀπολογουμένης τῇ Τιμολέοντος εὐτυχίᾳ
ἐπιτιθεμένης, ὅπως μηδεμία τοῖς ἀγαθοῖς ἀπὸ τῆς (10) τῶν
κακῶν κολάσεως βλάβη γένηται. τὴν μὲν οὖν πρὸς Τιμολέοντα
τῶν θεῶν εὐμένειαν οὐχ ἧττον ἐν αἷς προσέκρουσε πράξεσιν ἢ
περὶ ἃς κατώρθου θαυμάζεσθαι συνέβαινεν.
| [30] XXXV. Timoléon, laissant dans le pays ennemi ses soldats mercenaires
pour faire le dégât sur les terres des Carthaginois, s'en retourna à
Syracuse. Il commença par bannir de la Sicile les mille mercenaires qui l'avaient
abandonné au moment du combat; ils eurent ordre de sortir de Syracuse avant le
coucher du soleil, et passèrent en Italie, où ils furent trahis et massacrés par les
Bruttiens; les dieux punissant ainsi, par cette vengeance éclatante, leur lâche
désertion. Cependant Mamercus, tyran de Catane, et Icétas, soit qu'ils portassent
envie aux exploits de Timoléon, soit qu'ils craignissent en lui un ennemi
irréconciliable des tyrans, se liguèrent avec les Carthaginois, et leur écrivirent
d'envoyer au plus tôt une nouvelle armée et un général, s'ils ne voulaient pas se voir
chassés de toute la Sicile. On fit donc partir une flotte de soixante-dix voiles,
commandée par Giscon, qui prit aussi à sa solde quelques mercenaires grecs. C'était
la première fois que les Carthaginois prenaient des Grecs à leur service; ils le firent
par l'admiration que leur inspirait la valeur de ces hommes, qu'ils regardaient
comme invincibles. Ils s'étaient donné rendez-vous à Messine, où d'abord ils
égorgèrent quatre cents soldats étrangers que Timoléon avait envoyés au secours de
cette ville. Ensuite, ayant placé une embuscade sur les terres qui appartenaient à
Carthage près d'un lieu appelé Hières, ils firent main basse sur tous les
mercenaires que commandait Euthyme le Leucadien. XXXVI. Ces événements ne
firent que donner plus d'éclat à la fortune de Timoléon; car ces mercenaires étaient de
ceux qui, avec Onomarque et Philodème de la Phocide, s'étaient emparés de Delphes,
et avaient été complices du pillage du temple. Devenus, par ce sacrilège, l'objet
de la haine publique, et fuis de tout le monde comme des gens maudits, ils erraient
dans le Péloponèse, où Timoléon, faute d'autres troupes, les avait pris à sa solde.
Arrivés en Sicile, ils furent vainqueurs dans tous les combats qu'ils livrèrent avec lui;
mais, après une suite de grandes victoires qui avaient presque terminé la guerre,
envoyés par ce général à des expéditions moins importantes, ils périrent et furent
entièrement détruits, non pas tous à la fois, mais par troupes séparées : la justice
divine ayant voulu montrer par là qu'elle n'en avait différé la vengeance qu'en faveur
de Timoléon, afin que la trop prompte punition des niéchants ne fût pas
préjudiciable aux bons. Ainsi la bienveillance des dieux pour ce général ne fut pas
moins admirable dans ses revers que dans ses succès.
|