[29] Ἐγνώσθη δὲ τοῖς Ἕλλησιν ἡ δόξα τῶν πεσόντων ἀπὸ
τῶν λαφύρων. ἐλάχιστος γὰρ ἦν χαλκῶν καὶ σιδηρῶν τοῖς
σκυλεύουσι λόγος· οὕτως ἄφθονος μὲν παρῆν ἄργυρος,
ἄφθονος δὲ χρυσός. καὶ γὰρ τὸ στρατόπεδον (2) μετὰ τῶν
ὑποζυγίων διαβάντες ἔλαβον. τῶν δ' αἰχμαλώτων οἱ μὲν πολλοὶ
διεκλάπησαν ὑπὸ τῶν στρατιωτῶν, εἰς δὲ κοινὸν ἀπεδείχθησαν
πεντακισχίλιοι (3) τὸ πλῆθος· ἥλω δὲ καὶ διακόσια τῶν
τεθρίππων. καλλίστην δὲ καὶ μεγαλοπρεπεστάτην ὄψιν ἡ
Τιμολέοντος ἐπεδείκνυτο σκηνή, περισωρευθεῖσα παντοδαποῖς
λαφύροις, ἐν οἷς χίλιοι μὲν θώρακες ἐργασίᾳ καὶ (4) κάλλει
διαφέροντες, μύριαι δ' ἀσπίδες προετέθησαν. ὀλίγοι δὲ πολλοὺς
σκυλεύοντες καὶ μεγάλαις ἐντυγχάνοντες ὠφελείαις, τρίτῃ
μόλις ἡμέρᾳ (5) μετὰ τὴν μάχην ἔστησαν τρόπαιον. ἅμα δὲ τῇ
φήμῃ τῆς νίκης ὁ Τιμολέων εἰς Κόρινθον ἔπεμψε τὰ κάλλιστα
τῶν αἰχμαλώτων ὅπλων, βουλόμενος (6) αὐτοῦ τὴν πατρίδα
πᾶσιν ἀνθρώποις ζηλωτὴν εἶναι, θεωμένοις ἐν ἐκείνῃ μόνῃ τῶν
Ἑλληνικῶν πόλεων τοὺς ἐπιφανεστάτους ναοὺς οὐχ
Ἑλληνικοῖς κεκοσμημένους λαφύροις, οὐδ' ἀπὸ συγγενῶν
φόνου καὶ ὁμοφύλων ( ἀναθημάτων) μνήμας ἀτερπεῖς ἔχοντας.
ἀλλὰ βαρβαρικὰ σκῦλα, καλλίσταις ἐπιγραφαῖς δηλοῦντα μετὰ
τῆς ἀνδρείας τῶν νενικηκότων τὴν δικαιοσύνην, ὅτι "Κορίνθιοι
καὶ Τιμολέων ὁ στρατηγός, ἐλευθερώσαντες τοὺς Σικελίαν
οἰκοῦντας Ἕλληνας ἀπὸ Καρχηδονίων, χαριστήρια θεοῖς
ἀνέθηκαν."
| [29] XXXIV. La richesse des dépouilles
fit juger aux Grecs de la qualité des morts. Ils ne se donnèrent pas la peine de
ramasser le fer et le cuivre : tant l'argent et l'or étaient en abondance dans le camp
ennemi, dont ils s'étaient rendus maîtres après avoir passé la rivière! Ils prirent aussi
tout le bagage, et les soldats détournèrent un grand nombre de prisonniers; ceux
qu'ils mirent en commun montèrent à cinq mille. Il y eut deux cents chars de pris;
mais rien n'était plus beau et plus magnifique que la tente de Timoléon. Parmi les
dépouilles de toute espèce dont on l'avait remplie, on y voyait mille cuirasses et dix
mille boucliers remarquables par leur richesse et par la beauté du travail. Comme ils
n'étaient qu'un petit nombre à partager les dépouilles, et que le butin était immense,
ce ne fut que trois jours après le combat qu'on éleva le trophée de cette victoire. Avec
la nouvelle d'un si grand exploit, Timoléon fit porter à Corinthe les plus belles armes
qui se trouvèrent parmi le butin. Il voulait que sa patrie fût un objet d'admiration
pour tous les peuples, quand ils verraient que, de toutes les villes de la Grèce, elle
était la seule dont les plus beaux temples fussent ornés, non des dépouilles des Grecs,
non d'offrandes teintes du sang de leurs frères et faites pour rappeler des exploits
odieux, mais de dépouilles barbares, dont les inscriptions glorieuses attestaient la
justice des vainqueurs autant que leur bravoure; en faisant connaître "que les
Corinthiens, et Timoléon leur général, après avoir délivré du joug des Carthaginois
les Grecs qui habitaient la Sicile, avaient consacré aux dieux ces offrandes, comme un
monument de leur reconnaissance."
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