[2] Ἐν τούτῳ δὲ Καρχηδονίων στόλῳ μεγάλῳ
παραγενομένων εἰς Σικελίαν καὶ τοῖς πράγμασιν
ἐπαιωρουμένων, φοβηθέντες οἱ Σικελιῶται πρεσβείαν
ἐβουλεύοντο πέμπειν εἰς τὴν Ἑλλάδα καὶ παρὰ Κορινθίων (2)
βοήθειαν αἰτεῖν, οὐ μόνον διὰ τὴν συγγένειαν οὐδ' ἀφ' ὧν ἤδη
πολλάκις εὐεργέτηντο πιστεύοντες ἐκείνοις, ἀλλὰ καὶ καθόλου
τὴν πόλιν ὁρῶντες φιλελεύθερον καὶ μισοτύραννον οὖσαν ἀεί,
καὶ τῶν πολέμων τοὺς πλείστους καὶ μεγίστους πεπολεμηκυῖαν
οὐχ ὑπὲρ ἡγεμονίας καὶ πλεονεξίας, ἀλλ' (3) ὑπὲρ τῆς τῶν
Ἑλλήνων ἐλευθερίας. ὁ δ' Ἱκέτης, ἅτε δὴ τῆς στρατηγίας
ὑπόθεσιν τὴν τυραννίδα πεποιημένος, οὐ τὴν Συρακοσίων
ἐλευθερίαν, κρύφα μὲν ἤδη πρὸς τοὺς Καρχηδονίους διείλεκτο,
φανερῶς δὲ τοὺς Συ(4)ρακοσίους ἐπῄνει καὶ τοὺς πρέσβεις εἰς
Πελοπόννησον συνεξέπεμψεν, οὐ βουλόμενος ἐλθεῖν
συμμαχίαν ἐκεῖθεν, ἀλλ' ἐάν, ὅπερ εἰκὸς ἦν, οἱ Κορίνθιοι διὰ
τὰς Ἑλληνικὰς ταραχὰς καὶ ἀσχολίας ἀπείπωσι τὴν βοήθειαν,
ἐλπίζων ῥᾷον ἐπὶ τοὺς Καρχηδονίους τὰ πράγματα μετάξειν
καὶ χρήσεσθαι συμμάχοις καὶ συναγωνισταῖς ἐκείνοις ἐπὶ τοὺς
Συρακοσίους ἢ κατὰ τοῦ τυράννου. ταῦτα μὲν οὖν ὀλίγον
ὕστερον ἐξηλέγχθη.
| [2] II. Dans ce même temps,
les Carthaginois ayant abordé en Sicile avec une flotte nombreuse, et cherchant à s'en
rendre les maîtres, les Siciliens résolurent d'envoyer des ambassadeurs en Grèce,
pour demander du secours aux Corinthiens. Ils comptaient beaucoup sur ce peuple,
non seulement à cause de leur origine commune, et des services qu'ils en avaient
déjà reçus plusieurs fois, mais encore parce qu'ils avaient toujours vu Corinthe aimer
la liberté, détester la tyrannie, et entreprendre plusieurs guerres considérables, non
pour faire des conquêtes et étendre sa domination, mais pour assurer la liberté de la
Grèce. Icétas, qui avait accepté le commandement, moins pour mettre en liberté les
Syracusains que pour s'en rendre le tyran, traitait secrètement avec les Carthaginois,
pendant qu'en public il se déclarait pour les Syracusains, et joignait même ses
ambassadeurs à ceux qu'ils envoyaient dans le Péloponèse; mais, loin de désirer
qu'on leur fit passer du secours, il espérait que si les Corinthiens refusaient d'en
envoyer, comme il était vraisemblable, dans l'occupation que leur donnaient les
troubles de la Grèce, il lui serait plus facile de tourner les esprits du côté des
Carthaginois, et de se servir ensuite de leur alliance et de leurs forces contre les
Syracusains ou contre leur tyran. On reconnut bientôt qu'en effet c'était là son
dessein.
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