[1] Τὰ δὲ Συρακοσίων πράγματα πρὸ τῆς Τιμολέοντος εἰς
Σικελίαν (2) ἀποστολῆς οὕτως εἶχεν. ἐπεὶ Δίων μὲν ἐξελάσας
Διονύσιον τὸν τύραννον εὐθὺς ἀνῃρέθη δόλῳ, καὶ διέστησαν οἱ
σὺν Δίωνι Συρακοσίους ἐλευθερώσαντες, ἡ δὲ πόλις ἄλλον ἐξ
ἄλλου μεταβάλλουσα συνεχῶς τύραννον ὑπὸ (3) πλήθους
κακῶν μικρὸν ἀπέλειπεν ἔρημος εἶναι, τῆς δ' ἄλλης Σικελίας ἡ
μὲν ἀνάστατος καὶ ἄπολις παντάπασιν ἤδη διὰ τοὺς πολέμους
ὑπῆρχεν, αἱ δὲ πλεῖσται πόλεις ὑπὸ βαρβάρων μιγάδων καὶ
στρατιωτῶν ἀμίσθων (4) κατείχοντο, ῥᾳδίως προσιεμένων τὰς
μεταβολὰς τῶν δυναστειῶν, Διονύσιος ἔτει δεκάτῳ ξένους
συναγαγὼν καὶ τὸν τότε κρατοῦντα τῶν Συρακοσίων Νυσαῖον
ἐξελάσας ἀνέλαβε τὰ πράγματα πάλιν καὶ καθειστήκει
τύραννος ἐξ ἀρχῆς, παραλόγως μὲν ὑπὸ μικρᾶς δυνάμεως τὴν
μεγίστην τῶν πώποτε τυραννίδων ἀπολέσας, παραλογώτερον
δ' αὖθις ἐκ φυγάδος (5) καὶ ταπεινοῦ τῶν ἐκβαλόντων κύριος
γενόμενος. οἱ μὲν οὖν ὑπομείναντες ἐν τῇ πόλει τῶν
Συρακοσίων ἐδούλευον οὔτ' ἄλλως ἐπιεικεῖ τυράννῳ καὶ (6)
τότε παντάπασιν ὑπὸ συμφορῶν ἀπηγριωμένῳ τὴν ψυχήν, οἱ
δὲ βέλτιστοι καὶ γνωριμώτατοι πρὸς Ἱκέτην τραπέντες τὸν
δυναστεύοντα τῶν Λεοντίνων, ἐπέτρεψαν αὑτοὺς ἐκείνῳ καὶ
στρατηγὸν εἵλοντο τοῦ πολέμου, βελτίω μὲν οὐδενὸς ὄντα τῶν
ὁμολογουμένως τυράννων, ἑτέραν δ' οὐκ ἔχοντες ἀποστροφὴν
καὶ πιστεύσαντες Συρακοσίῳ τὸ γένος ὄντι καὶ κεκτημένῳ
δύναμιν ἀξιόμαχον πρὸς τὸν τύραννον.
| [1] Je dois, en commençant la vie de Timoléon, exposer d'abord l'état où
étaient les affaires de Syracuse avant qu'il fût envoyé en Sicile. Dion, après avoir
chassé Denys le tyran, périt bientôt en trahison, et ceux qui s'étaient joints à lui pour
rendre la liberté aux Syracusains se divisèrent entre eux. Syracuse, qui passait
successivement d'une tyrannie à une autre, fut accablée de tant de maux, qu'elle
n'était presque plus qu'une solitude. Le reste de la Sicile était en partie déjà ruiné
par les guerres que cette île avait eu à soutenir, et conservait à peine quelques villes;
celles qui subsistaient encore étaient la plupart occupées par des Barbares de
différentes nations, et par des soldats mercenaires qui, n'ayant pas de paye régulière,
favorisaient les changements de domination. Denys le jeune, dix ans après son
expulsion, ayant rassemblé quelques troupes étrangères, et chassé Nisée qui
commandait alors à Syracuse, s'empara de l'autorité, et devint une seconde fois
tyran de sa patrie. Dépouillé d'une manière étonnante, par une poignée de gens, de la
plus puissante tyrannie qui fût alors, on le vit, par une révolution plus surprenante
encore, de pauvre et de banni qu'il était, redevenir le maître de ceux qui l'avaient
chassé. Les Syracusains qui étaient restés dans la ville gémissaient sous la servitude
d'un tyran naturellement cruel, et que ses malheurs avaient rendu féroce. Les plus
honnêtes et les plus considérables d'entre eux s'étaient adressés à Icétas, qui
gouvernait les Léontins ; et, remettant entre ses mains tous leurs intérêts ils
l'avaient élu pour leur général; non qu'il fit meilleur que ceux qui exerçaient
ouvertement la tyrannie, mais parce qu'ils ne savaient à quel autre recourir; que
d'ailleurs, étant lui-même Syracusain, et ayant une armée capable de tenir tète à
Denys, ils espéraient qu'il prendrait leur défense.
|