[3] Τῶν δὲ πρέσβεων παραγενομένων οἱ Κορίνθιοι,
κήδεσθαι μὲν ἀεὶ τῶν ἀποικίδων πόλεων καὶ μάλιστα τῆς
Συρακοσίων εἰωθότες, οὐδενὸς δ' αὐτοὺς τότε τῶν Ἑλληνικῶν
κατὰ τύχην παρενοχλοῦντος, ἀλλ' ἐν εἰρήνῃ (2) καὶ σχολῇ
διάγοντες, ἐψηφίσαντο προθύμως βοηθεῖν. ζητουμένου δὲ
στρατηγοῦ, καὶ τῶν ἀρχόντων γραφόντων καὶ προβαλλομένων
τοὺς εὐδοκιμεῖν ἐν τῇ πόλει σπουδάζοντας, εἷς ἐκ τῶν πολλῶν
ἀναστὰς ὠνόμασε Τιμολέοντα τὸν Τιμοδήμου, μήτε προσιόντα
τοῖς κοινοῖς ἔτι μήτ' ἐλπίδος τοιαύτης γενόμενον ἢ
προαιρέσεως, ἀλλὰ θεοῦ τινος ὡς ἔοικεν εἰς νοῦν (3)
ἐμβαλόντος τῷ ἀνθρώπῳ· τοσαύτη καὶ περὶ τὴν αἵρεσιν εὐθὺς
<ἀν>έλαμψε τύχης εὐμένεια, καὶ ταῖς ἄλλαις πράξεσιν
ἐπηκολούθησε χάρις, ἐπικοσμοῦσα τὴν ἀρετὴν τοῦ ἀνδρός.
(4) Ἦν μὲν οὖν γονέων ἐπιφανῶν ἐν τῇ πόλει Τιμοδήμου
καὶ Δημαρέτης, φιλόπατρις δὲ καὶ πρᾷος διαφερόντως, ὅσα μὴ
σφόδρα μισοτύραννος εἶναι (5) καὶ μισοπόνηρος. ἐν δὲ τοῖς
πολέμοις οὕτω καλῶς καὶ ὁμαλῶς ἐκέκρατο τὴν φύσιν, ὥστε
πολλὴν μὲν ἐν νέῳ σύνεσιν, οὐκ ἐλάττω δὲ γηρῶντος (6)
ἀνδρείαν ἐπιφαίνεσθαι ταῖς πράξεσιν. ἀδελφὸν δ' εἶχε
Τιμοφάνην πρεσβύτερον, οὐδὲν αὐτῷ προσόμοιον, ἀλλ'
ἔμπληκτον καὶ διεφθαρμένον ἔρωτι μοναρχίας ὑπὸ φίλων
φαύλων καὶ ξένων στρατιωτικῶν ἀεὶ περὶ αὐτὸν (7) ὄντων,
ἔχειν τι δοκοῦντα ῥαγδαῖον ἐν ταῖς στρατείαις καὶ
φιλοκίνδυνον. ᾧ καὶ τοὺς πολίτας προσαγόμενος ὡς ἀνὴρ
πολεμικὸς καὶ δραστήριος, ἐφ' ἡγεμονιῶν ἐτάττετο, καὶ πρὸς
ταῦτα Τιμολέων αὐτῷ συνήργει, τὰ μὲν ἁμαρτήματα
παντάπασιν ἀποκρύπτων ἢ μικρὰ φαίνεσθαι ποιῶν, ἃ δ' ἡ
φύσις ἐξέφερεν ἀστεῖα, <συγ>κατακοσμῶν καὶ συναύξων.
| [3] III. Quand les ambassadeurs furent arrivés dans le Péloponèse, les
Corinthiens, accoutumés de tout temps à protéger leurs colonies, en particulier celle
de Syracuse; et qui par bonheur, n'étant embarrassés alors dans aucune guerre,
jouissaient d'une paix profonde, arrêtèrent sans balancer qu'on enverrait du secours à
Syracuse. On s'occupa donc du choix d'un général; les magistrats proposaient ceux
en qui ils connaissaient l'ambition de se signaler, lorsqu'un homme du peuple se
leva, et nomma Timoléon, fils de Timodème, qui, ne se mêlant plus des affaires
publiques, n'avait ni l'espérance ni la prétention d'un pareil emploi. Aussi crut-on
généralement que c'était un dieu même qui avait inspiré à cet homme la pensée de le
nommer : tant on vit éclater, dès ce premier moment, la faveur de la fortune, qui le
seconda depuis dans toutes ses entreprises, en donnant le plus grand lustre à sa vertu.
IV. Il était né de parents distingués dans Corinthe par leur naissance; son père
s'appelait Timodème, et sa mère Démariste. Il joignait à un grand amour pour sa
patrie, et à une douceur singulière, une haine violente contre la tyrannie et contre les
méchants; il était si heureusement né pour la guerre, que dans sa jeunesse il s'y
distingua par sa prudence, et que dans sa vieillesse il y conserva tout son courage.
Timophanes, son frère aîné, ne lui ressemblait en rien; son naturel bouillant et
emporté avait été corrompu par l'amour de la domination, que lui inspiraient les
amis pervers et les soldats étrangers dont il était sans cesse environné. Comme dans
les combats il paraissait avoir de l'audace et braver les dangers, il avait donné à
ses concitoyens une grande opinion de son courage et de son activité, et on lui
confiait souvent le commandement des armées. Il était secondé par Timoléon, qui
couvrait toutes ses fautes, ou du moins les diminuait, et faisait valoir les bonnes
qualités qu'il avait reçues de la nature.
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