[17] Ὡς δὲ ταύτης διήμαρτε τῆς πείρας ὁ Ἱκέτης, καὶ πρὸς
Τιμολέοντα πολλοὺς ἑώρα συνισταμένους, μεμψάμενος αὐτὸς
ἑαυτόν, ὅτι, τηλικαύτης παρούσης τῆς Καρχηδονίων δυνάμεως,
ὥσπερ αἰσχυνόμενος αὐτῇ κατὰ μικρὰ χρῆται καὶ λάθρα,
κλέπτων καὶ παρεισάγων τὴν συμμαχίαν, (2) μετεπέμπετο
Μάγωνα τὸν στρατηγὸν αὐτῶν μετὰ τοῦ στόλου παντός. ὁ δ'
εἰσέπλει φοβερός, ναυσὶ πεντήκοντα καὶ ἑκατὸν
καταλαμβάνων τὸν λιμένα, πεζῶν δὲ μυριάδας ἓξ ἀποβιβάζων
καὶ καταστρατοπεδεύων ἐν τῇ πόλει τῶν Συρακοσίων, ὥστε
πάντας οἴεσθαι τὴν πάλαι λεγομένην καὶ (3) προσδοκωμένην
ἐκβαρβάρωσιν ἥκειν ἐπὶ τὴν Σικελίαν. οὐδέποτε γὰρ
Καρχηδονίοις ὑπῆρξε πρότερον, μυρίους πολεμήσασι πολέμους
ἐν Σικελίᾳ, λαβεῖν τὰς Συρακούσας, ἀλλὰ τότε δεξαμένου τοῦ
Ἱκέτου καὶ (4) παραδόντος ἦν ὁρᾶν τὴν πόλιν στρατόπεδον
βαρβάρων οὖσαν. οἱ δὲ τὴν ἀκρόπολιν τῶν Κορινθίων
κατέχοντες ἐπισφαλῶς καὶ χαλεπῶς ἀπήλλαττον, τροφῆς μὲν
ἱκανῆς οὐκέτι παρούσης, ἀλλ' ἐνδεόμενοι διὰ τὸ φρουρεῖσθαι
τοὺς λιμένας, ἀεὶ <δ'> ἐν ἀγῶσι καὶ μάχαις περὶ τὰ τείχη καὶ
πρὸς πᾶν μηχάνημα καὶ πρὸς πᾶσαν ἰδέαν πολιορκίας
μερίζοντες αὑτούς.
| [17] XIX. Icétas ayant manqué son coup, et voyant que le parti de Timoléon
grossissait tous les jours, reconnut enfin son tort de ce qu'ayant
sous sa main une armée aussi puissante que celle des Carthaginois, il semblait avoir
honte de s'en servir, et ne l'employait que par petites portions, comme s'il eût dérobé
plutôt qu'acheté leur alliance : il appela donc Magon auprès de lui, avec toutes ses
forces; et ce général étant arrivé à la tête d'une flotte formidable, composée de cent
cinquante voiles, entra dans le port, où il débarqua soixante mille hommes, qu'il fit
camper dans la ville. Tous les Syracusains crurent toucher à cette époque fatale qui
leur était depuis longtemps annoncée, où un déluge de Barbares devait inonder la
Sicile. Dans toutes les guerres que les Carthaginois avaient faites si souvent dans leur
île, ils n'avaient jamais été maîtres de Syracuse; et alors, par la trahison d'Icétas, ils les
voyaient campés dans l'enceinte de leurs murailles. D'un autre côté les Corinthiens
qui occupaient la citadelle, étaient dans la situation la plus fâcheuse et la plus
inquiétante; ils commençaient à manquer de vivres, parce que les ports étaient
exactement gardés : d'ailleurs ils étaient obligés d'être continuellement sous les
armes, de combattre à tout moment pour la défense de leurs murailles, et de se
partager pour faire face aux différentes attaques des ennemis, qui mettaient en usage
contre eux toutes sortes de machines et d'inventions de guerre.
|